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« Highway to hell? »: l’autoroute de la discorde en Allemagne

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Des automobilistes sur l'autoroute A5 près de Francfort, dans l'ouest de l'Allemagne, le 8 juillet 2024 © AFP Kirill KUDRYAVTSEV

Francfort (Allemagne) (AFP) – Un projet d’autoroute inédit par son ampleur en Allemagne, avec tronçon à dix voies près de Francfort, suscite une vive controverse au pays de l’automobile, ses détracteurs dénonçant une « monstruosité » et les risques de pollution.

La proposition émane d’une étude de faisabilité commandée par l’entreprise publique Autobahn GmbH, qui gère les autoroutes du pays, sous la tutelle du ministère des Transports.

L’étude vient d’être rendue publique il y a quelques semaines, sous la pression d’opposants au projet.

Celle-ci suggère d’élargir une section de 30 km de l’A5 aux environs de Francfort, déjà large de 6 à 8 voies, l’un des tronçons autoroutiers les plus fréquentés d’Allemagne, pour un coût de 1,1 milliard d’euros.

S’il était réalisé, le projet créerait la plus large autoroute d’Allemagne, dans une région fortement industrialisée et au réseau routier déjà dense.

 ‘Folie’

Pour ses détracteurs on se rapproche du « Highway to hell » de la chanson d’AC/DC. L’idée est « complètement folle » et aboutirait à créer une « monstruosité », dénonce Hans Christoph Stoodt, 69 ans, membre d’un groupe qui milite contre le projet.

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« Le gouvernement allemand s’est engagé à rendre l’Allemagne neutre sur le plan climatique d’ici 2045… Et ce même gouvernement prévoit ici une autoroute à 10 voies », dit-il à l’AFP.

Pollution sonore, atteinte à la biodiversité, émissions nocives pour le climat: les craintes sont nombreuses, alors que la conscience écologique des Allemands entre de plus en plus en conflit avec la fascination pour l’automobile au pays de Volkswagen, Mercedes et BMW.

Pour l’étude, il s’agit de faire face à l’augmentation imminente du volume du trafic.

Déjà embouteillée aux heures de pointe, l’A5 devrait devenir encore plus encombrée, avec quelque 200.000 véhicules par jour attendus d’ici à 2030, selon l’étude.

 ‘Seule option’

L’étude juge aussi qu’il n’y a pas « d’obstacles environnementaux insurmontables » à l’extension des voies, seule option aussi selon ses auteurs pour « atteindre une capacité suffisante » à l’absorption de la hausse attendue du trafic routier.

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Pourtant, l’extension proposée traverse une zone qui fournit de l’eau potable, ainsi qu’une réserve d’oiseaux protégés, selon M. Stoodt.

Pour M. Stoodt, les autorités devraient plutôt se focaliser sur le développement des transports publics et la réduction des moyens de transports individuels motorisés alimentés pas des combustibles fossiles.

Depuis que l’étude a été rendue publique, les militants locaux, rassemblés par le collectif de M. Stoodt, baptisé « Es ist zu Laut » (C’est trop fort), ont intensifié leurs efforts. Plus de 200.000 personnes ont signé une pétition.

Habitant à l’extérieur de Francfort, près de l’autoroute, M. Stoodt craint que les maisons du quartier ne soient démolies pour faire place à des voies supplémentaires.

De plus, malgré les hauts murs anti-bruits qui bordent l’autoroute, le grondement constant de la circulation est déjà supérieur aux niveaux autorisés par la loi, et ne ferait qu’empirer avec une extension, argumente-t-il.

Stefan Gegner vit dans une maison située à seulement 50 mètres de l’autoroute. Si le tronçon est élargi, le bruit va empirer et la route s’approcher encore plus de sa maison, tandis que toute la zone serait transformée en chantier de construction pendant des années, craint-il.

« C’est de la folie, on ne voudrait plus y vivre », se lamente cet homme de 53 ans.

La ville de Francfort s’est aussi prononcée contre le projet. Le gouvernement régional du Land de Hesse, où se trouve Francfort, n’est en revanche pas opposé à l’idée, à condition que des mesures soient prises pour réduire le bruit.

La décision finale reviendra au ministère des Transports, avec à sa tête un ministre du parti libéral FDP, favorable aux autoroutes.

Outre la fluidité du trafic, des facteurs tels que l’impact sur la nature, la pollution de l’air et le bruit seront pris en compte, a assuré une porte-parole du ministère.

© AFP

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