A Cuba, le plus petit oiseau du monde en son jardin

colibri

Un oiseau-mouche ou colibri d'Elena (Mellisuga helenae), connu sous le nom de zunzuncito à Cuba, est perché sur une branche dans le jardin de la "Maison des colibris", à Palpite, dans le sud-ouest de Cuba, le 5 juillet 2024 © AFP YAMIL LAGE

Pálpite (Cuba) (AFP) – A peine posé sur une branche, le voilà qui s’envole de nouveau au milieu de la végétation, faisant vibrer ses ailes minuscules. A Palpite, dans le sud-ouest de Cuba, le jardin de Bernabe Hernandez s’est transformé en un havre pour l’oiseau-mouche, le plus petit oiseau du monde.

« Nous ne nous en lassons pas. On découvre toujours quelque chose de nouveau! », s’enthousiasme le septuagénaire en observant deux spécimens qui foncent en piqué sur un petit abreuvoir suspendu dans le jardin.

Présent seulement à Cuba et répertorié comme le plus petit oiseau du monde, l’oiseau-mouche mesure entre 5 et 6 cm et son poids varie entre 1,6 et 2,5 grammes. Son nom scientifique est « Mellisuga helenae ». En français, il est aussi connu sous le nom de « colibri d’Elena ».

Les Cubains, eux, l’ont baptisé « zunzuncito », soit le petit « zunzun », nom générique donné aux colibris en référence au bourdonnement de leurs ailes qui peuvent battre jusqu’à 100 fois par seconde.

Dans le jardin ombragé où s’épanouissent manguiers, goyaviers, avocatiers, une demi-douzaine de ces colibris volent à vive allure dans le jardin, sous les yeux ébahis de quelques touristes, téléphones portables en main.

Pourtant, rien ne destinait Bernabe Hernandez et son épouse Juana Matos à faire de leur modeste jardin ce précieux observatoire, aujourd’hui baptisé « La casa de los colibries » (La maison des colibris) et ouvert aux visiteurs.

Tout a commencé il y a une vingtaine d’années lorsque Bernabe a dû repartir de zéro après que l’ouragan Michelle a dévasté sa maison dans un hameau situé à l’intérieur de la Cienaga de Zapata, la plus grande zone humide des Caraïbes.

Le gouvernement lui alloue du matériel et un terrain pour reconstruire une maison dans le village de Palpite, en bordure de la Cienaga.

« J’ai déménagé ici, mais il n’y avait pas d’oiseaux », raconte-t-il. « J’ai alors semé un +ponasi+ pour faire de l’ombre et attirer quelques oiseaux », dit-il en référence à un arbrisseau (Hamelia patens) dont les fruits sont connus pour attirer les oiseaux.

« Insecte »

Mais il ne sait pas que l’oiseau-mouche est particulièrement friand du nectar des fleurs vermillon du « ponasi », et les premiers gourmands ne tardent pas à faire leur apparition.

« Quand j’ai vu un +zunzuncito+ pour la première fois, j’ai cru que c’était un insecte », raconte-t-il. Il décide alors de semer d’autres « ponasi », qui ont la particularité de fleurir toute l’année. Peu à peu le jardin attire les colibris qui nichent dans un bois mitoyen.

Outre l’oiseau-mouche, il est possible d’observer chez Bernabe une autre espèce de colibri, un peu plus grande (10 cm) et plus commune, l’Emeraude de Ricord (Riccordia ricordii), présente non seulement à Cuba, mais aussi dans quelques îles voisines des Caraïbes.

Grâce aux conseils fournis par des guides du Parc naturel de la Cienaga de Zapata, connu pour sa remarquable diversité d’espèces d’oiseaux (175 espèces, migratoires et endémiques) Bernabe et Juana ont appris à confectionner le mélange précis d’eau et de sucre à verser dans les abreuvoirs et à nettoyer ces derniers avec attention pour éviter les champignons.

Grâce à leurs observations, le couple est intarissable sur le comportement de l’oiseau, dont le mâle pare sa tête de rouge à la saison de la reproduction, et qui ne cesse d’intriguer scientifiques et visiteurs par sa capacité à voler à reculons ou en stationnaire.

Pour Orestes Martinez, également natif de la Cienaga de Zapata et ornithologue amateur réputé, le sanctuaire de Bernabe est bénéfique pour l’oiseau-mouche.

« Cela protège l’oiseau. Pendant la période de reproduction, la femelle recueille plus facilement la nourriture pour les oisillons », explique-t-il, alors que « Mellisuga helenae » est classé comme espèce « presque menacée » par l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) qui estime sa population entre 22.000 et 66.000 individus.

Le guide rappelle que lorsque l’ouragan Michelle a frappé la zone en 2001, « le zunzuncito avait disparu, il n’y avait plus de fleurs, beaucoup sont morts ».

S’il est impossible pour Bernabe Hernandez de savoir combien de colibris visitent son jardin quotidiennement tant leur vol rapide complique tout comptage, il dit en voir toute l’année. Et se réjouit de savoir que Cuba « a le plus petit oiseau du monde ».

© AFP

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