En Europe, le loup sort du bois et avec lui les controverses

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Le retour du loup en Europe suscite bien des passions, plus que bien d'autres animaux sauvages © AFP/Archives RAYMOND ROIG

Lyon (AFP) – Le retour du loup en Europe, un continent où le prédateur avait été pratiquement exterminé il y a un siècle ou plus, suscite bien des passions, plus que bien d’autres animaux sauvages.

En 2023, canis lupus a fait son retour dans 23 pays de l’Union européenne avec une population lupine estimée à environ 20.300 individus. « Dans l’ensemble, le nombre de loups dans l’UE augmente », selon la Commission européenne.

Ce regain de population ne se fait pas sans heurts, principalement à cause des attaques contre du bétail, donnant lieu à des prises de position parfois enflammées entre partisans et opposants du carnivore.

A l’automne 2023, la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen, qui a perdu elle-même son vieux poney tué par un loup dans la propriété familiale du nord de l’Allemagne, plaidait pour abaisser le niveau de protection des loups gris, aujourd’hui « strictement protégé ».

« Les relations de proximité entre humains et loups sont très anciennes puisque nos chiens actuels descendent de populations de loups, c’est la plus ancienne domestication animale », indique à l’AFP Nicolas Lescureux, chercheur au CNRS, qui travaille sur les relations entre humains et animaux.

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« Les loups ont été et restent un objet de fascination pour nombre de sociétés humaines », avec les mythes de la louve allaitant les fondateurs de Rome, le loup Fenrir dans la mythologie scandinave ou le loup bleu, ancêtre mythologique des Mongols, pointe l’ethnoécologue.

Ces relations « sont sans doute devenues plus compliquées avec la domestication des animaux dits de rente (ovins, caprins, bovins, porcins) il y a environ 10.000 ans ». « Les loups sont des prédateurs opportunistes et partout où il y a de l’élevage en plein air, il y a de la prédation sur les troupeaux », selon le chercheur.

A tel point qu’en Europe, Charlemagne crée au IXe siècle le corps de la Louveterie chargé d' »éradiquer » les animaux jugés nuisibles, au premier chef desquels le loup. Cette institution a perduré en France avec les louvetiers.

Histoire d’un succès

Dans les années 1970, avec « une prise de conscience que l’environnement devenait important », le loup gris devient protégé en Europe par la Convention de Berne, raconte Guillaume Chapron, chercheur à l’Université suédoise des sciences agricoles, ce qui permet la reconquête du continent par l’animal.

La sauvegarde de ces carnivores sauvages est « l’histoire d’un succès et des succès de conservation, on n’en a pas beaucoup », estime-t-il.

Actuellement, des loups peuvent être tués pour protéger des troupeaux, dans des conditions très précises. En France, où 1.003 loups ont été recensés en 2023, environ 20% sont tués chaque année et les autorités ont prévu de simplifier les procédures de tirs. « Si on affaiblit la protection, il serait possible d’ouvrir une chasse aux loups sans justification et c’est la porte ouverte à tous les abus », s’inquiète le scientifique.

Pour Luigi Boitani, professeur de zoologie à l’Université de Rome, « penser que retirer les loups va tout résoudre est une illusion et ne fonctionnera pas ».

Il relève par ailleurs que d’autres animaux sauvages, sangliers, cervidés, oiseaux, « peuvent causer des dommages d’une ampleur bien plus importante que ceux faits par le loup » en terme de coût.

En France, en 2022, les indemnisations pour des dégâts causés par les loups se montaient à quatre millions d’euros – avec, pour comparaison, 65 millions d’indemnisations pour les dégâts des sangliers et cervidés.

Pour Nicolas Lescureux, les loups semblent cristalliser l’opposition « entre une partie de plus en plus réduite de la société dont les activités dépendent directement des ressources naturelles et qui sont donc confrontées à la nature dans leur quotidien avec la violence que cela implique, et une partie grandissante de la société, détachée des contingences de la nature ».

Luigi Boitani, président de l’Initiative pour les grands carnivores au sein de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) plaide pour « éviter tout fondamentalisme ». « Le loup n’est ni un saint, ni un animal secret, ni un diable. »

© AFP

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Un commentaire

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    • Henrico

    IL FAUT QUAND MÊME RAPPELER UNE EVIDENCE

     »Les moutons français sont bien moins bien protégés des loups et pourtant beaucoup mieux indemnisés ».

    Un certain laxisme et quelques combines font dire à M. Reinberger de l’EAWC (Alliance européenne pour la conservation des loups) qu’il existe un « système mafieux » qui profitent à certains. Ainsi une bête malade ou faible qui n’a aucune valeur marchande, peut très bien être endemnisée au prix fort sans n’avoir jamais croisé un loup de toute sa vie.
    Commençons donc par imposer la protection des troupeaux pour sauver des vies et de l’argent. Après avoir réalisé un parc sécurisé pour la nuit pour notre berger à 2000m d’altitude) nous avons été critiqué aussi bien par les éléveurs que par les autorités. Cherchez l’erreur…