Offrez un cadeau qui fait sens pour cette fin d’année : soutenez GoodPlanet Mag’ et les projets engagés de la Fondation GoodPlanet

Une étude confirme que le Groenland était dépourvu de glace dans un passé pas si lointain

Groenland

Végétation sur l'île de Kulusuk, au Groenland, le 14 août 2019 © AFP/Archives Jonathan NACKSTRAND

Washington (AFP) – Une nouvelle étude publiée lundi a livré la preuve la plus claire jusqu’ici que le Groenland a été largement dépourvu de glace au cours du dernier million d’années, alors que les niveaux de CO2 dans l’atmosphère étaient bien moins élevés qu’aujourd’hui.

Les implications pour l’humanité sont grandes car ces travaux font craindre un risque de hausse du niveau de la mer plus important que prédit jusqu’ici.

« Nous savons désormais que toute la calotte glaciaire est vulnérable à la fonte », a déclaré à l’AFP Paul Bierman, professeur à l’Université du Vermont et auteur principal de l’étude.

L’équipe de chercheurs a découvert des restes de plantes et d’insectes dans une carotte de glace à trois kilomètres de profondeur, au centre de l’île.

La carotte de glace, nommée GISP2, a été prélevée en 1993. Elle avait déjà été étudiée mais personne n’avait pensé jusqu’ici à chercher des fossiles à sa base, car l’idée que le Groenland ait été dépourvu de glace dans un passé géologique récent semblait jusqu’à présent très peu probable.

« Nous avons littéralement vu les fossiles durant la première heure, voire la première demi-heure de travail », a raconté Paul Bierman.

Pour leur plus grand émerveillement, les chercheurs ont trouvé, dans une couche d’environ huit centimètres, du bois de saule, des champignons, une graine de pavot et même l’oeil d’un insecte. L’étude, publiée dans la revue PNAS, suggère ainsi qu’il existait à cet endroit et à cette époque tout un écosystème.

Si la glace au centre de l’île avait fondu, alors il est quasiment certain qu’elle était absente sur la majorité de ce vaste territoire, selon Paul Bierman. Ce qui n’est pas de bon augure compte tenu du réchauffement climatique actuellement.

Si les émissions de gaz à effet de serre actuelles ne sont pas considérablement réduites, la calotte glaciaire du Groenland pourrait fondre presque entièrement au cours des prochains siècles ou millénaires, ce qui entraînerait une élévation du niveau de la mer d’environ sept mètres et ferait disparaître des villes côtières dans le monde entier.

« Des centaines de millions de personnes dans le monde vont perdre leur lieu de vie », a averti le chercheur.

Petites taches sombres

En 2016, des scientifiques avaient étudié le même échantillon de 1993, en utilisant une technique de datation pour déterminer qu’il ne pouvait pas être plus vieux que 1,1 million d’années.

Selon leurs estimations, si la glace avait fondu à cet endroit, alors 90% du Groenland devait en être dépourvu.

Ces conclusions avaient alors été accueillies avec scepticisme car selon la théorie largement acceptée jusque-là, le Groenland était une forteresse de glace depuis plusieurs millions d’années.

En 2019, Paul Bierman et une équipe internationale ont réexaminé une autre carotte de glace, cette fois extraite en 1960 d’une base militaire américaine abandonnée, Camp Century, près de la côte du Groenland.

Surprise: celle-ci contenait des feuilles et de la mousse. Des techniques de datation avancées les ont aidés à évaluer que la disparition de la glace à cet endroit remontait à 416.000 ans.

Cette découverte a poussé Paul Bierman à revenir à l’échantillon de 1993 pour chercher des traces similaires. Ils ont finalement trouvé des preuves irréfutables de la fonte de la glace.

« Nous savons maintenant avec certitude que la glace a disparu non seulement à Camp Century mais aussi au niveau de GISP2, au centre de la calotte glaciaire », a-t-il souligné.

Halley Mastro, co-autrice de l’étude, a souligné l’importance de continuer à prélever des carottes glaciaires au Groenland, à la recherche d’organismes encore plus anciens dont la découverte pourrait avoir de lourdes implications sur l’avenir.

« C’est tellement évident une fois que vous savez que c’est là, mais si vous ne vous attendiez pas à ce que ce soit là, et que vous ne cherchiez pas ces minuscules petites taches sombres qui flottent un peu différemment, vous ne les auriez jamais vues », a-t-elle déclaré à l’AFP.

© AFP

A lire aussi :

Le Groenland a perdu plus de glace qu’estimé jusqu’alors, selon une étude

Chasse à la baleine: le Japon demande l’extradition de Paul Watson, détenu au Groenland

Ecrire un commentaire