Tokyo (AFP) – Halloween n’a lieu que dans quelques mois mais les maisons hantées connaissent un pic d’affluence au Japon, où avoir froid dans le dos fait figure de tradition estivale.
Au Japon, l’été est généralement associé aux défunts. On y considère que les âmes des ancêtres reviennent dans l’autel de leur foyer à l’occasion de la fête de l’Obon, qui a lieu à la mi-août.
Les maisons hantées y sont aussi considérées de saison du fait de leur climatisation et des frissons qu’elles provoquent, dans ce pays où s’abattent en été une chaleur et une humidité étouffantes.
Dans le parc à thème Namjatown de Tokyo, des revenants en kimono et aux yeux rougis convulsent de douleur et chancèlent en direction des visiteurs, errant et geignant tels des zombies.
Se détachant de la faible lumière des lieux, Misato Naruse, 18 ans, dit à l’AFP être venue avec son amie Himari Shimada pour « se rafraîchir ».
« J’ai eu des sueurs froides sans même m’en rendre compte. C’est dire à quel point j’étais effrayée », raconte l’étudiante, à côté de son amie du même âge, exténuée et sans voix.
Les étés japonais sont de plus en difficiles à supporter, en partie du fait du changement climatique.
« Cette année, il fait encore plus chaud » que l’an dernier, explique Misato Naruse. « Et je me demande à quel point il fera chaud d’ici quelques années. »
Le Japon a connu en 2024 son mois de juillet le plus étouffant depuis le début des relevés il y a 126 ans. Il y a fait 2,16 degrés Celsius de plus que la moyenne.
Dans le seul centre de Tokyo, 123 personnes sont mortes d’insolation en juillet, lorsque se sont abattues des vagues de chaleur extrême amplifiées par le changement climatique, contraignant un nombre record d’ambulances à être mobilisées dans la capitale nippone, ont rapporté les autorités locales.
« Refroidir le foie »
De nombreux manoirs hantés japonais jouent ainsi de leur réputation de lieu rafraîchissant en recourant à des slogans comme « un frisson qui emporte la chaleur estivale ».
Le succès de ces établissements peut être expliqué par la tradition du théâtre kabuki, d’après Hirofumi Gomi, qui travaille depuis trois décennies en tant que producteur de ce type d’expériences effrayantes.
Selon la tradition, les théâtres kabuki peinaient, il y a plusieurs siècles, à attirer en été les spectateurs, ceux-ci répugnant à s’entasser en intérieur du fait de la chaleur.
Mais la donne a changé lorsque les comédiens ont laissé de côté les sentiments humains pour dépeindre des scènes d’horreur, alliant surprises et trucages à l’image des maisons hantées contemporaines.
« Pour les mécènes cuisant sous la chaleur, les effets visuels éblouissants et les histoires captivantes à propos d’esprits étaient plus supportables que les subtilités des récits de vie », explicite M. Gomi.
« Donc ce n’est peut-être pas tant que les maisons hantées rafraîchissent » les visiteurs, explique-t-il, mais plutôt « qu’elles leur font oublier la chaleur momentanément. »
Au manoir hanté de Namjatown, pensé comme un lieu abandonné et infesté d’esprits, les organisateurs se disent confiants quant aux tours effrayants qu’ils ont concoctés.
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« En japonais, on dit +kimo ga hieru+, ou littéralement +refroidir le foie+, ce qui est une référence au fait d’avoir la chair de poule », décrit pour l’AFP Hiroki Matsubara, de l’entreprise gestionnaire Bandai Namco Amusement.
« Nous pensons que les visiteurs peuvent expérimenter le fait d’être effrayés, surpris ou encore +refroidis jusqu’au foie+, ce qui, nous l’espérons, pourra les aider à profiter d’un sentiment de fraîcheur en été. »
© AFP
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