Face au dur été irakien les habitants d’Erbil manquent d’eau

irak eau

Distribution d'eau à Erbil, la capitale du Kurdistan autonome dans le nord de l'Irak, qui souffre de pénuries d'eau courante, le 25 juillet 2024 © AFP Safin HAMID

Erbil (Irak) (AFP) – Les robinets sont à sec et les puits presque vides. A Erbil, capitale du Kurdistan autonome dans le nord de l’Irak, Babir, 80 ans, ne s’est pas lavé depuis des semaines et attend avec impatience les livraisons d’eau par camion.

« Il n’y a rien de pire que de ne pas avoir d’eau », témoigne cet habitant, qui ne souhaite pas donner son nom, dans sa modeste maison d’Erbil.

Comme plusieurs zones densément peuplées de la ville, son quartier de Darto dépend principalement des eaux souterraines pour son alimentation.

Depuis des années, Babir et ses voisins redoutent l’été, anticipant des robinets secs en raison de la sécheresse, du manque de puits et des pannes de courant qui arrêtent les pompes à eau.

Pour se laver, cuisiner, faire la lessive ou arroser les plantes, ils dépendent des livraisons d’eau faites par camion.

D’habitude « on prend un bain une fois tous les quinze jours », raconte Babir.

Depuis le toit de sa maison, il a repéré un camion-citerne arrivant dans son quartier avant de se précipiter dans la rue pour demander un réapprovisionnement.

Cette fois, la livraison provient d’une organisation humanitaire locale.

Mais lorsqu’une telle aide n’est pas disponible, il doit payer avec sa maigre pension ou dépendre de sa famille pour le fournir en eau et d’autres produits de première nécessité.

Les habitants d’Erbil sont descendus dans la rue à plusieurs reprises au fil des années pour exiger des solutions, mais selon Babir, ces appels lancés aux autorités sont restés sans réponse.

« Puits à sec »

L’Irak est connu comme le pays des deux fleuves, en référence au Tigre et à l’Euphrate autrefois puissants. Mais le niveau des eaux a chuté et l’ONU classe le pays comme l’un des plus touchés par le changement climatique.

Outre la sécheresse, les autorités accusent les barrages en amont construits par les voisins de l’Irak, Iran et Turquie, d’avoir considérablement réduit le niveau des eaux du Tigre et de l’Euphrate.

Erbil compte sur 1.240 puits répartis dans toute la ville et sur une station de distribution d’eau qui s’alimente dans le cours supérieur du Grand Zab, fleuve qui prend sa source en Turquie et rejoint le Tigre en Irak.

« Plus de 25% des puits sont à sec cette année », selon des déclarations à la presse du gouverneur d’Erbil, Omed Khoshnaw.

Les autorités locales affirment avoir alloué 1,5 milliard de dinars irakiens (plus d’un million de dollars) pour aider à résoudre la crise, notamment en creusant de nouveaux puits et en fournissant de l’électricité via le réseau électrique ou des générateurs.

Un responsable local, Nabz Abdul Hamid, a expliqué que les pannes de courant ont eu de lourdes conséquences sur les pompes des puits dans les zones résidentielles.

 « Solutions radicales »

Dans le quartier de Darto, une personne manoeuvre habilement le tuyau du camion humanitaire et l’eau jaillit dans un réservoir. Une jeune fille attend pour remplir des bouteilles en plastique, des enfants s’aspergent le visage d’eau, pour se soulager de la chaleur.

Mais quand il s’agit de se laver, Surur Mohamad, 49 ans, explique qu’il se rend dans un village voisin où il y a un approvisionnement constant en eau.

L’eau transportée par camion fournie par des organisations humanitaires « n’est pas une solution », dit-il, en dénonçant une mauvaise infrastructure des canalisations qui a exacerbé le problème.

« Le gouvernement doit trouver des solutions radicales, car s’appuyer uniquement sur les puits » n’est plus viable, surtout avec la sécheresse, plaide-t-il.

© AFP

Ecrire un commentaire