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Scarabées et cryptomonnaies : gestion innovante des déchets en Colombie

scarabées

Deux scarabées "Dynastes neptunus" se battent sur un bout de bois à la ferme Tierra Viva à Tunja, en Colombie, le 18 juillet 2024 © AFP/Archives Luis ACOSTA

Tunja (Colombie) (AFP) – Une initiative environnementale inhabituelle mêlant déchets, larves, cryptomonnaies et scarabées fleurit sur les hauts plateaux colombiens.

German Viasus, ingénieur en environnement et génie sanitaire, a identifié une solution au traitement défectueux des déchets solides dans le département de Boyaca (centre).

Des larves de coléoptères blanches et trapues, qui mesurent jusqu’à 17 centimètres de long, se délectent pendant 16 heures par jour des déchets organiques de milliers d’habitants.

L’homme de 53 ans vend ensuite leurs excréments comme engrais naturel aux agriculteurs de la région pour les inciter à abandonner les engrais chimiques.

« Les scarabées sont la solution » au problème de gestion des déchets, explique M. Viasus à l’AFP dans la ville de Tunja, capitale du Boyaca, où se trouve son entreprise.

Des sources officielles estiment qu’au moins 32.000 tonnes de déchets, dont la moitié seraient organiques, sont produites quotidiennement en Colombie. Selon les Nations unies, 11,2 milliards de tonnes de déchets sont produites annuellement dans le monde.

La méthode de Viasus a déjà franchi les frontières: une fois leur travail achevé, les scarabées partent à l’étranger grâce au réseau d’échange qu’il a créé, à l’aide d’une cryptomonnaie.

Une nouvelle alternative

À Tunja, une seule décharge reçoit les déchets de 130 municipalités.

Ces dernières années, des conflits ont éclaté entre les habitants des zones voisines et la société de collecte en raison d’une gestion des ordures jugée inadéquate.

Des engins d’excavation enfouissent en outre les déchets, faisant craindre une pollution environnementale.

« Si nous ne nous empressons pas de faire le nécessaire dans chaque municipalité, nous ne pourrons pas continuer à envoyer (les déchets) à la décharge », souligne Soraida Ruiz, secrétaire à l’environnement du Boyaca.

German Viasus a alors proposé son alternative inattendue. Chaque semaine, il reçoit 15 tonnes d’ordures provenant des municipalités voisines, correspondant à une population totale d’environ 40.000 habitants.

Ses employés disposent les ordures en tas tandis que les larves s’en nourrissent.

« Il faut chercher à préserver les scarabées, car ils sont garants de la dégradation de tous les déchets organiques que l’homme produit aujourd’hui », explique-t-il.

Kmushicoin

Suite à l’échec d’un projet similaire avec des vers de terre, l’ingénieur a découvert ces larves par hasard dans un tas d’ordures en 2000. Les scarabées qu’il possède aujourd’hui en sont les descendants.

Les trois espèces de scarabées qu’il utilise sont originaires des écosystèmes tropicaux d’Amérique centrale et d’Amérique du Sud. Après quatre mois sous forme de larves, les coléoptères poursuivent leur métamorphose.

Il les vend ensuite en Amérique du Nord et en Europe, mais surtout au Japon, où ils sont considérés comme des animaux de compagnie pour enfants.

Ils ont également un marché colombien, où ils sont considérés par certains comme des porte-bonheur.

Afin d’éviter la bureaucratie et les taux de change en monnaie étrangère, l’ingénieur, aidé par un jeune expert en informatique, Carmelo Campos, a créé une cryptomonnaie baptisée Kmushicoin.

L’idée est de « rendre (le processus de vente) plus instantané et direct », explique le jeune homme qui a commencé à travailler sur le projet de monnaie digitale à l’âge de 15 ans.

Dans des villes comme Tunja, Bogota et Medellin, une poignée de commerciaux acceptent les paiements en cryptomonnaie, dont le nom mêle la traduction japonaise de « scarabée à cornes » (kabutomushi) avec le mot « bitcoin ».

« (N)ous étouffons sous les déchets », alerte Jefferson Bastidas, un détaillant en électronique qui s’est joint à l’initiative afin de contribuer à la protection de l’environnement.

© AFP

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