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En Colombie: un sanctuaire et du clonage pour sauver les orchidées menacées

orchidées colombie

Des orchidées de la collection de Daniel Piedrahita à La Ceja, dans la province d'Antioquia, en Colombie, le 20 juin 2024 © AFP JAIME SALDARRIAGA

La Ceja (Colombie) (AFP) – Au milieu des forêts du nord-ouest de la Colombie une explosion de couleurs: Daniel Piedrahita cultive ici sa passion avec une collection de près de 25.000 orchidées, endémiques, exotiques et indigènes, données, achetées et même clonées, dans le but de sauver de l’extinction des espèces menacées.

« C’est la meilleure chose qui me soit arrivée », confesse cet agronome de 62 ans, à la tête d’une réserve de plus de 5.000 espèces du monde entier, dans la municipalité rurale de La Ceja, dans le département d’Antioquia.

Il les protège de la déforestation, la principale menace qui pèse sur ces espèces et plus généralement sur l’ensemble de l’écosystème végétal et animal en Colombie, l’un des pays les plus riches en biodiversité au monde, qui accueillera la COP16 cette fin d’année.

Dracula Nosferatu

À l’intérieur de deux serres rectangulaires sont exposés le fleuron national, Cattleya Trianae, le Masdevallia Veitchiana des pentes du Machu Picchu péruvien, et un clone du Lycaste Skinneri du Guatemala, aujourd’hui disparu.

M. Piedrahita est un passionné de longue date.

Il a trouvé ici un terrain fertile et idéal dans ce pays andin qui compte le plus grand nombre d’espèces d’orchidées (4.270 espèces recensées, dont plus de 1.570 sont endémiques) et où de nouvelles variétés sont régulièrement découvertes.

Certaines sont miniatures, avec des taches minuscules, d’autres ont des pétales ondulés.

« C’est une banque de germoplasmes très importante, une banque génétique dont j’ai la responsabilité de prendre soin, pour ne pas laisser mourir une plante et veiller à ce que chacune se reproduise parfaitement », explique M. Piedrahita, fondateur de ce sanctuaire baptisé l' »Âme de la forêt ».

La réserve abrite une vingtaine d’espèces menacées de par le monde et son rêve serait de les réintroduire dans leur milieu d’origine.

Le sanctuaire est aussi un laboratoire pour la multiplication d’orchidées uniques en Colombie, comme l’Anguloa Brevilabris ou la Dracula Nosferatu.

Complexe, le clonage consiste à polliniser les fleurs pour reproduire un « clone pur » afin d’obtenir une capsule de graines, qui se transformera en orchidée au terme d’un processus qui peut prendre des années.

« J’ai l’obligation de rendre les plantes à la nature », souligne-t-il, « une obligation morale et personnelle ».

« Centre de plaisir »

Le Lycaste Skinneri, la fleur nationale du Guatemala, a été le premier clonage de M. Piedrahita il y a deux ans.

Avec ses pétales pâles et son coeur jaune, la « nonne blanche » a disparu de son habitat naturel en Amérique centrale, mais elle survit, parmi d’autres réserves, dans cet écrin colombien.

« Des semences sont déjà développées en laboratoire afin que, dans quelques années, nous puissions repeupler et réintroduire cette espèce et (…) empêcher qu’elle ne disparaisse à nouveau », souligne M. Piedrahita.

La prochaine étape consistera à cloner les variétés colombiennes.

« L’Ame de la forêt » est également un centre éducatif. M. Piedrahita y donne des cours de culture, possède une chaîne YouTube éducative et une école en ligne.

« Voici mon centre zen, voici mon centre de plaisir », se réjouit-il au milieu d’un espace ouvert aux touristes qui s’extasient devant le nombre de plantes disposées sur de longues étagères.

« Il est important d’avoir des sanctuaires comme celui-ci où l’on peut conserver et préserver la nature. Il est bon d’avoir une solution de secours au cas où certaines fleurs disparaitraient », commente Garrett Chung, un jeune touriste américain venu avec sa famille.

« Perfection »

Le circuit de visite comprend une espèce qui tient particulièrement à cœur à l’agronome fleuriste: la Sobralia Piedrahitae, qui porte son nom depuis qu’il l’a présentée lors d’une exposition d’orchidées.

Il s’agissait d’un cadeau d’un ami qui, sans le savoir, lui avait offert une espèce inconnue.

Dans un coin de sa région d’Antioquia qu’il garde pour lui, craignant les collectionneurs sans scrupules et les commerçants cupides, il se souvient avoir repéré il y a plus de sept ans cette petite fleur blanche au bord d’une rivière, éclairée par un rayon de soleil.

« J’étais au paradis. C’est une grande responsabilité pour moi d’avoir cette plante unique au monde », se souvient ce passionné, qui a offert à sept personnes « un petit morceau » de sa découverte. C’est « la garantie que cette plante ne disparaîtra jamais ».
A l’instar de la Sobralia Piedrahitae, de nouvelles espèces apparaissent chaque année sur le radar en Colombie, comme les huit découvertes en janvier et nommées d’après des femmes colombiennes, ou la Maxillaria Andina de la cordillère centrale, dont la découverte n’a été annoncée qu’en juin.

Après des décennies d’études, des milliers de fleurs et d’innombrables heures de culture, M. Piedrahita a un concept clair. « Une orchidée? Je la définirai en un mot : perfection », sourit-il, comme pour justifier son obsession.

© AFP

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