Les personnes pauvres sont particulièrement vulnérables face aux vagues de chaleur, subissant les conséquences sanitaires des inégalités sociales. Dans un article récemment publié, le Guardian a mis en avant l’impact inégalitaire des fortes chaleurs sur la santé des individus. Tandis que l’OMS (Organisation mondiale de la santé) estime qu’environ 489 000 décès liés à la chaleur sont survenus chaque année dans le monde entre 2000 et 2019, les réalités sont très disparates selon les pays et les individus. « Les décès dus à la chaleur sont façonnés par les inégalités. Une vague de chaleur est beaucoup plus mortelle pour quelqu’un qui vit dans une cabane en tôle que pour quelqu’un dans une maison climatisée », explique Alex Maitland, conseiller politique en matière d’inégalité à Oxfam International, au journal britannique.
« Les personnes qui meurent de chaleur sont les moins responsables de la flambée des températures »
Les fortes chaleurs creusent les inégalités
Habiter un logement de mauvaise qualité, exercer un métier physique en extérieur, ne pas avoir accès à l’eau ou à la climatisation rend les fortes chaleurs difficiles à supporter. Or, les personnes les plus démunies sont bien souvent confrontées à l’ensemble de ces facteurs, au détriment de leur santé. À l’inverse, les individus riches vivent de plus en plus dans des environnements entièrement climatisés : des maisons, aux bureaux, en passant par les centres commerciaux, les voitures et les restaurants. Or, la climatisation représente une source non-négligeable d’émissions de gaz à effet de serre. Alex Maitland déplore : « les personnes qui meurent de chaleur sont les moins responsables de la flambée des températures ». En effet, les pauvres sont les premières victimes du changement climatique alors que ce sont les modes de vie et de consommation des riches qui sont responsables du réchauffement climatique. Un rapport de l’Oxfam a notamment révélé que les 1 % les plus riches émettent autant de gaz à effet de serre que les deux tiers les plus pauvres de l’humanité.
[A lire aussi : Quand les 1 % les plus riches émettent plus de gaz à effet de serre que les deux tiers de la population mondiale]
Des mesures nécessaires pour protéger les travailleurs
Les périodes de fortes chaleurs étant de plus en plus fréquentes et intenses, de nombreux pays mettent en place des mesures particulières pour protéger les travailleurs. L’Arménie prévoit par exemple des pauses supplémentaires pour les travailleurs lorsque la température excède 40°C. Certains pays, à l’instar de la Belgique, adaptent le seuil de température à la charge physique que le métier exercé impose. La législation belge prévoit ainsi que des mesures particulières soient prises lorsque les températures dépassent 18°C pour un travail très physique et 29°C pour un travail très peu physique.
[À voir aussi : Deep Climate, une expédition scientifique dans le désert pour étudier les effets des températures extrêmes de plus de 45°C sur le corps humain]
Cependant, les seuils nationaux de températures à partir desquels des mesures doivent être prises sont bien souvent fixés arbitrairement. Halshka Graczyk, experte de la sécurité et de la santé au travail à l’Organisation internationale du travail, explique au Guardian qu’« il n’y a aucun moyen de dire que la température de référence dans un pays est de X et que donc la population est acclimatée à cette température. » De plus, bien que les mesures d’adaptation soient de plus en plus fréquentes pour protéger les travailleurs, peu de contrôles et d’évaluations sont réalisés.
« Des milliers d’histoires de personnes pauvres décédées à cause de chaleurs extrêmes ne seront jamais racontées »
Un manque de données dans les pays pauvres
Le nombre de décès causés par la chaleur reste aujourd’hui très difficile à chiffrer avec précision car beaucoup de pays n’ont pas les moyens de collecter ces données ou d’enquêter individuellement sur les causes de décès. « Nous ne savons tout simplement pas combien de personnes sont tuées par la chaleur extrême dans les pays pauvres » affirme Friederike Otto, co-fondatrice du World Weather Attribution. De nombreux décès provoqués par la chaleur ne sont ainsi pas comptabilisés dans les chiffres officiels, invisibilisant alors les inégalités liées au facteur thermique. Friederike Otto regrette alors que « des milliers d’histoires de personnes pauvres décédées à cause de chaleurs extrêmes ne seront jamais racontées ».
Cet article vous a plu ? Il a été rédigé par un de nos rédacteurs, soutenez-nous en faisant un don ou en le relayant.
Vous êtes intéressés par d’autres articles sur l’écologie ? Inscrivez-vous gratuitement à notre newsletter hebdomadaire.
A voir aussi :
Heat inequality ‘causing thousands of unreported deaths in poor countries’ – The Guardian
A lire aussi :
L’injustice climatique touche en premier les femmes rurales des pays en développement
« Tant qu’on a la clim’ » : en Arizona, la canicule révèle les inégalités énergétiques
2 commentaires
Ecrire un commentaire
Balendard
Afin de réduire les inégalités sociales et à défaut d’utiliser l’evaporation de l’eau pour climatiser l’habitat en été on
pourrait aussi utilement réchauffer l’eau plutôt que l’air
Balendarf
Pour être plus précis :
afin de réduire les inégalités sociales on pourrait utilement climatiser l’habitat pendant la saison chaude grâce à l’evaporation ou même mieux modifier les transferts thermiques en réchauffant l’eau plutôt que l’air