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Au Brésil, la fumée d’incendies hors norme fait suffoquer et inquiète


Le Congrès national du Brésil à Brasilia, apparaît entouré de fumée le 27 août 2024 © AFP EVARISTO SA

Brasilia (AFP) – A Brasilia, les bâtiments iconiques aux courbes futuristes signés de l’architecte Oscar Niemeyer sont noyés depuis plusieurs jours par un épais et inquiétant nuage de fumée. La faute aux incendies hors norme qui font suffoquer plusieurs régions du Brésil.

« J’habite à Brasilia depuis 30 ans, c’est la première fois que je vois ce genre de fumée », dit Moacir do Nascimento Santo. Ce chauffeur de 47 ans est préoccupé pour la santé de ses deux enfants en bas âge.

La fumée, « cela compromet notre respiration, notre vision, et c’est inquiétant pour les enfants, ils souffrent avec toute cette fumée », dit-il à l’AFP.

Dans la capitale du Brésil, ville aux nombreux espaces verts fondée en 1960, les quelque 2,8 millions d’habitants étaient habitués à un air pur et un ciel bleu limpide durant la saison sèche, d’avril à septembre. Mais à présent, un grand nombre d’entre eux utilisent des masques de protection pour sortir de chez eux.

« Cette époque de l’année est habituellement sèche, mais c’est la première fois que je vois le nuage de fumée », renchérit Isaac Tomas, fonctionnaire de la Chambre des députés.

« C’est très inquiétant. J’ai déjà des problèmes de rhinite durant la sécheresse, mais là, avec la fumée, c’est encore pire », déplore-t-il.

Les incendies de forêt font rage depuis plusieurs semaines dans le plus grand pays d’Amérique latine, notamment en Amazonie (nord), plus vaste forêt tropicale de la planète, et dans l’immense zone humide du Pantanal (centre-ouest).

De terribles feux de brousse ont également dévasté la semaine dernière des milliers d’hectares de terres agricoles, notamment des plantations de canne à sucre, dans l’Etat de Sao Paulo (sud-est), le plus peuplé du pays.

 Problèmes respiratoires

A Brasilia, la situation est liée à la présence de foyers d’incendie à proximité de la capitale fédérale, mais aussi à des vents qui ont apporté de la fumée venue d’autres régions, notamment de Sao Paulo. Selon les autorités, l’immense majorité des départs de feux ont été causés par l’action humaine.

Dans la capitale normalement moins polluée que des mégalopoles comme Sao Paulo ou Rio de Janeiro, l’institut Brasilia Ambiental a jugé la qualité de l’air « très mauvaise » dimanche dernier.

La situation s’est améliorée mercredi, mais l’air demeure de mauvaise qualité dans certains secteurs de la ville, selon cet organisme.

Les cas de rhinite, crises d’asthme, pneumonie ou conjonctivite ont fortement augmenté à Brasilia, selon les services de santé locaux.

À l’hôpital Santa Lucia, le nombre de patients soignés lundi pour des problèmes respiratoires a été 20 fois supérieur à la moyenne, selon Lucas Albanaz, un responsable de cet établissement.

Ce médecin évoque des patients « souffrant de toux, avec les yeux rouges, la bouche ou la peau sèche et des symptômes de déshydratation ».

Le pédiatre Renato Kfouri, vice-président de la Société brésilienne d’immunisations, alerte sur l' »inhalation de produits chimiques qui agressent les voies respiratoires, provoquant une réaction inflammatoire ». De quoi « exacerber les problèmes d’allergie et favoriser le développement de bactéries ».

Le Brésil est confronté de longue date au fléau des feux, très largement liés à l’emploi de la technique du brûlis pour l’expansion agricole illégale.

La propagation des feux est actuellement favorisée par une sécheresse extrême, liée selon les experts au changement climatique. Le gouvernement du président de gauche Lula pointe la responsabilité des criminels: pour la ministre de l’Environnement Marina Silva, le Brésil est « en guerre contre le feu et la criminalité ».

Face à la sécheresse et aux « températures extrêmes », le gouvernement a prolongé mardi une ordonnance ministérielle qui oblige les organisateurs de concerts, festivals et autres grands événements, y compris les matches de football, à fournir de l’eau potable gratuitement aux spectateurs.

Cette mesure était entrée en vigueur pour la première fois en novembre dernier, après le décès d’une jeune femme de 23 ans venue assister à un concert de la superstar américaine Taylor Swift à Rio, en pleine canicule.

© AFP

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