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Grèce : après les incendies, Athènes menacée par les conséquences de la déforestation

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Le Parthénon sur l'Acropole d'Athènes, dans un nuage de fumée formé par un incendie de forêt au nord-est de la ville, le 12 août 2024 © AFP/Archives Angelos TZORTZINIS

Athènes (AFP) – Près d’Athènes, l’odeur de fumée persiste deux semaines après le pire incendie de forêt qu’ait connu la Grèce cet été alors que les experts mettent en garde contre la pollution et les inondations qui menacent désormais la capitale.

Plus d’un tiers des 10 millions d’habitants de ce pays méditerranéen vivent dans la région de l’Attique, qui entoure Athènes et dont une partie (environ 10.000 hectares) a été ravagée par les flammes à la mi-août.

Il a fallu trois jours aux centaines de pompiers mobilisés pour maîtriser ce feu demarré à seulement 40 kilomètres au nord-est d’Athènes qui a ensuite atteint le mont Penteli et les banlieues de la capitale, entraînant des milliers d’évacuations.

Dans tout le pays, le bilan des incendies annuels ne cesse de s’alourdir avec, depuis mai, une augmentation de 50% des départs de feu par rapport à la même période de 2023, selon le gouvernement.

Selon l’Observatoire national d’Athènes, 37% des forêts autour de la capitale ont été ravagées par les flammes ces huit dernières années.

Or elles constituaient le « poumon vert » d’une capitale densément peuplée et bétonnée à l’excès.

« L’Attique a perdu la plupart de ses forêts et il existe maintenant un danger imminent pour les habitants en termes d’environnement pollué et de risque d’inondation » dû à l’érosion du sol, déplore Alexandros Dimitrakopoulos, professeur de science des incendies de forêt de l’université Aristote de Thessalonique.

« Alors qu’il y a 100 ans, les forêts de pins étaient vigoureuses, aujourd’hui, la végétation forestière se compose de pins chétifs (…) et d’arbustes », affirme-t-il à l’AFP.

Danger

Pour l’hiver qui s’annonce, un danger réel pointe.

« Je pense que nous serons confrontés à des problèmes de crues soudaines et d’érosion des sols », souligne le météorologue Theodore Giannaros, de l’Observatoire national d’Athènes.

La disparition d’une partie des forêts fait également grimper le thermomètre estival qui voit déjà rouge, selon M. Dimitrakopoulos.

La Grèce, coutumière des vagues de canicule, a subi cette année les mois de juin et de juillet les plus chauds jamais enregistrés.

« L’Attique ne peut pas perdre davantage de forêts (…) Il faut trouver une solution », alerte Dimitris Kazanis, expert en écologie des incendies.

« Dans une région où il y a tant de ciment, tant de routes, tant de bruit, nous avons besoin de forêts », assure ce professeur de l’Université nationale d’Athènes.

Les incendies fréquents ont également un impact sur la capacité de la forêt à se régénérer.

L’incendie près d’Athènes a frappé une zone couverte de pins d’Alep, une espèce qui a évolué pour faire face au feu, mais qui a besoin d’au moins 15 à 20 ans entre deux incendies pour se régénérer naturellement.

« La zone ravagée a connu de nombreux incendies dans le passé, dont certains à des intervalles très proches », explique Margarita Arianoutsou, professeur d’écologie à l’université d’Athènes.

« Il y a (désormais) des zones brûlées à plusieurs reprises qui ont besoin de notre intervention pour être restaurées », ajoute-t-elle.

Pressé d’agir face à ces feux qui se répètent d’été en été, le Premier ministre Kyriakos Mitsotakis a dévoilé des mesures telles que le reboisement, la création de jardins verts et des études sur la prévention des incendies.

Certains appellent à planter de nouveaux types d’arbres car les pins brûlent très rapidement en raison de leur résine naturellement inflammable.

 Forêt mixte

Une solution consisterait à créer une forêt mixte plus résistante et à créer des ceintures vertes, selon des experts.

Ils pointent du doigt l’empiètement des zones urbaines sur les terres forestières.

« Là où les arbres sont brûlés, les maisons poussent », souligne M. Dimitrakopoulos.

Par le passé, « il était très courant, dans les régions où la pression humaine est extrêmement forte en matière de construction comme à Athènes, de brûler les forêts pour créer des terrains à bâtir », rappelle-t-il.

Or le développement des zones périurbaines accroît la fréquence des incendies, la plupart étant d’origine humaine, qu’il s’agisse d’incendies criminels ou de négligence.

Les enquêteurs pensent qu’un poteau électrique défectueux pourrait avoir déclenché l’incendie de la mi-août.

« Là où il y a des gens, là où il y a une économie humaine, il y a du feu pour la forêt », conclut M. Dimitrakopoulos.

© AFP

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