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Face au retour du loup, l’Autriche dégaine le fusil

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Un loup dans le Wolf Science Center a Ernstbrunn en Autriche, le 12 août 2024 © AFP Alex HALADA

Arbesbach (Autriche)  – Traumatisée par une attaque de loups, l’Autrichienne Renate Pilz préfère « arrêter d’élever des moutons » plutôt que de revivre la même nuit « cauchemardesque », une tendance qui incite les autorités à sortir le fusil, au grand dam des écologistes.

L’an dernier, « j’ai perdu deux brebis et deux agneaux », explique cette énergique exploitante de 55 ans dont l’étable est entourée de forêts, à Arbesbach (nord-est de l’Autriche), région devenue le territoire de quatre meutes.

« C’est trop de boulot, ce n’est plus rentable et surtout je n’ai plus du tout envie », souffle-t-elle en montrant à l’AFP les photos de ses bêtes en sang, si sévèrement mordues qu’il a fallu les euthanasier en urgence.

Disparu au XIXe siècle, le canidé « strictement protégé » en Europe par la Convention de Berne est désormais recensé dans 23 pays de l’UE où son essor suscite bien des passions.

En Autriche, il a fait son retour progressivement depuis 2009. Manifestement à son aise, il a accentué son implantation ces dernières années: de 80 individus recensés en 2022, on est passé à 104 cette année.

Zones « sans loups »

Le sujet a envahi cet été les tabloïds du pays alpin comme les réseaux sociaux, provoquant des réactions d’angoisse.

Perte de valeur foncière, vaches devenues agressives: à quelques kilomètres d’Arbesbach, Gerhard Fallent, dont le troupeau a lui aussi été attaqué, n’en finit pas d’énumérer les graves nuisances causées selon lui par l’émergence du prédateur.

« Ce sont des fermes familiales qui mettent la clé sous la porte », dénonce le sexagénaire. Il a fondé une association réclamant la « régulation massive des populations » de loups partout où « les hommes séjournent et travaillent », dans des paysages « loin d’être sauvages », mais au contraire « façonnés par le pastoralisme ».

Les sorties scolaires ont même été annulées, déplore-t-il, et le bus de ramassage a déposé pendant un an les élèves à domicile à la suite d’un incident.

« On veut que nos enfants puissent retourner jouer dans les bois et retrouver la vie d’avant dans un endroit qui reste attractif aussi pour les touristes », lance M. Fallent.

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Protection obsolète

Il cite en exemple plusieurs régions du sud et de l’ouest où les tirs autorisés depuis 2022 ont sensiblement fait baisser le nombre des attaques.

En Carinthie notamment, on juge qu’il n’y a pas d’autre solution.

« On a prélevé 13 loups », détaille son vice-gouverneur Martin Gruber. Mettre des barrières? « Impossible » en raison de la topographie accidentée. Ce serait « dilapider l’argent public », dit-il.

Il estime qu’avec 20.300 individus recensés l’année dernière dans l’UE, l’espèce n’est pas menacée, et il souhaite un abaissement du niveau de protection, qu’il juge obsolète.

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A l’automne 2023, la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen avait également plaidé pour modifier le statut face au « véritable danger » posé par les meutes.

Les défenseurs de la faune sauvage, eux, ne l’entendent pas de cette oreille. Des associations ont attaqué les décrets et en juillet, la justice européenne a estimé que l’Autriche ne comptait pas assez de loups pour se permettre de les tuer massivement et devait mettre en place des mesures adéquates.

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Contes

D’autant que le pays de 9,1 millions d’habitants serait un cas particulier. Situé au cœur de l’Europe, il est un terrain de convergence de trois populations jusqu’ici isolées, originaires des Alpes, des Balkans et des plaines de l’Est.

« Elles ont réussi à survivre à la forte chasse » il y a un siècle ou plus « et se répandent maintenant grâce à la protection », commençant à se rencontrer, explique Marianne Heberlein, directrice du Wolf Science Center.

Dans ce lieu présenté comme unique au monde à deux heures d’Arbesbach, qui dépend de l’Université de médecine vétérinaire de Vienne, les chercheurs disposent de 10 loups et 13 chiens, qu’ils peuvent comparer pour comprendre le processus de domestication.

« On familiarise aussi le grand public mais de manière neutre, sans enjoliver » ni donner au prédateur « une mauvaise image », énonce la scientifique en compagnie de trois louveteaux jouant dans une mare à l’abri du soleil.

La « peur du loup », rappelle-t-elle, « remonte à très loin dans l’histoire »: les conflits ont toujours existé, nourrissant les « contes » racontés aux enfants.

© AFP

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