Climat: l’été 2024 poursuit une interminable série de records de températures mondiales

Carte Copernicus anomalies température 2024
Carte du monde montrant les anomalies de température enregistrées en août 2024 par rapport à la moyenne des températures entre 1981 et 2010, selon l’observatoire européen Copernicus
© AFP Lise KIENNEMANN, Sabrina BLANCHARD

Paris  – L’été 2024 a été le plus chaud jamais mesuré sur la planète, où les records des températures s’enchaînent sans faiblir depuis plus d’un an, avec son cortège de canicules, de sécheresses ou d’inondations meurtrières alimentées par un réchauffement climatique sans répit.

De juin à août, les trois mois de l’été de l’hémisphère nord ont connu la température moyenne mondiale la plus élevée jamais mesurée, battant déjà le record de 2023, a annoncé vendredi l’observatoire européen Copernicus.

« Ces trois derniers mois, la planète a connu les mois de juin et d’août les plus chauds, la journée la plus chaude et l’été de l’hémisphère nord le plus chaud« , s’est alarmée Samantha Burgess, cheffe adjointe du service changement climatique (C3S) de Copernicus, dans son bulletin mensuel.

« Cette série de records augmente la probabilité que 2024 soit l’année la plus chaude jamais enregistrée« , là aussi devant 2023, a-t-elle ajouté.

Des pays comme l’Espagne, le Japon, l’Australie (en hiver), la Corée et la Chine ont annoncé cette semaine avoir mesuré un record de chaleur pour un mois d’août.

Les « phénomènes extrêmes observés cet été ne vont faire que s’intensifier, avec des conséquences dévastatrices pour les peuples et la planète, à moins que nous prenions des mesures urgentes pour réduire les gaz à effet de serre« , a encore mis en garde Mme Burgess.

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L’humanité, qui émettait environ 57,4 milliards de tonnes d’équivalent CO2 en 2022 selon l’ONU, n’a pas encore entamé un net recul de sa pollution carbone, même si le pic pourrait être atteint en 2024 ou 2025.

La Chine, premier pollueur devant les Etats-Unis mais qui construit deux fois plus de capacités dans l’éolien et le solaire que le reste du monde, pourrait avoir entamé une légère réduction inédite en 2024, selon des experts.

Typhons, canicules…

En attendant, les fléaux climatiques se sont succédé sur tous les continents. Au moins 1.300 personnes sont mortes sous la canicule lors du pèlerinage de la Mecque en juin.

L’Inde, régulièrement sous plus de 45°C, a testé les limites de son système électrique et vu son économie ralentie, avant une intense mousson et des inondations meurtrières.

Dans l’ouest des Etats-Unis, les incendies ont fait rage après plusieurs canicules qui ont asséché la végétation depuis juin et fait plusieurs morts. Dans le Nevada, Las Vegas a connu en juillet un mercure de 48,9°C record.

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Au Maroc fin juillet, une brutale canicule faisait 21 morts en 24 heures dans le centre du pays, en proie à sa sixième année consécutive de sécheresse.

Mais les bilans complets mettent du temps: une étude publiée mi-août a dévoilé pour l’Europe une estimation de 30.000 à 65.000 morts, principalement chez les plus âgés, en raison de la chaleur en 2023.

En Asie, le typhon Gaemi, qui a tué en juillet des dizaines de personnes et dévasté des régions aux Philippines et en Chine, a été accentué par le réchauffement climatique, a confirmé une étude publiée dès août.

Au même moment, le Japon était durement frappé à son tour par les pluies diluviennes du typhon Shanshan.

Au Niger, pays sahélien désertique très fragilisé par le changement climatique, les inondations en juillet ont fait au moins 53 morts et 18.000 sinistrés.

Seuil de 1,5°C

Août 2024 s’est conclu avec une température moyenne mondiale de 16,82°C selon Copernicus, soit 1,51°C plus chaud que le climat moyen préindustriel (1850-1900), autrement dit au-dessus du seuil de 1,5°C, objectif le plus ambitieux de l’accord de Paris de 2015.

Ce seuil emblématique a déjà été battu sur 13 des 14 derniers mois, selon Copernicus, pour qui les 12 derniers mois ont été en moyenne 1,64°C plus chauds qu’à l’ère préindustrielle.

Après 2023 et son anomalie de 1,48°C selon Copernicus, 2024 a donc de fortes chances de devenir la première année calendaire à dépasser le seuil fatidique.

Une telle anomalie devrait toutefois être observée en moyenne sur plusieurs décennies pour considérer que le climat, actuellement réchauffé d’environ 1,2°C, s’est stabilisé à +1,5°C.

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La Niña retardée ?

Ces records incessants sont alimentés par une surchauffe inédite des océans (70% du globe), qui ont absorbé 90% de l’excès de chaleur provoqué par l’activité humaine: la température moyenne à la surface des mers se maintient ainsi à des températures hors normes depuis mai 2023.

Cet effet du réchauffement climatique a été accentué pendant un an par El Niño et la fin depuis quelques mois de ce phénomène cyclique au-dessus du Pacifique laissait espérer une modération des températures mondiales. Mais dans ce cas, le phénomène « El Niño n’a pas été l’un des plus forts« , note pour l’AFP Julien Nicolas, scientifique du C3S, et La Niña, le cycle inverse synonyme de refroidissement, se fait attendre.

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« Certains modèles indiquent une poursuite des conditions neutres actuelles alors que d’autres indiquent des températures clairement plus froides que la normale » dans l’océan Pacifique tropical, « donc il est encore difficile de savoir ce que nous réserve la fin de l’année« , a-t-il ajouté.

© AFP

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2 commentaires

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    • Balendard

    L’énergie thermique contenue dans l’eau pourrait nous aider à satisfaire nos besoin en énergie en se passant du nucléaire et de la combustion
    Voir
    http://infoenergie.eu/riv+ener/essentiel.pdf

    • Jean-Pierre Bardinet

    Il y a eu un petit réchauffement global en 140 ans, d’environ 0,8°C, qui a quasiment cessé depuis plus de 20 ans, malgré une très forte inflation des émissions anthropiques de CO2 ce qui devrait confirmer que les thèses idéologiques du GIEC sont foireuses. Depuis le printemps 2023 il y a eu une très forte excursion de TMAG (température moyenne annuelle globale) de plus de 1°C, dont les causes sont mal connues (peut-être l’énorme envoi de vapeur d’eau dans la stratosphère par le volcan Hunga Tonga, couplé à un El Nino ?). Mais comme nos émissions de CO2 n’ont pas connu d’accélération brutale sur cette période, elles ne peuvent être cause de ce pic de TMAG. Ce pic a accéléré le dégazage des océans en zone intertropicale, ce qui confirme que ce sont les variations de températures qui pilotent celles du taux de CO2 dans l’air.