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Les émissions de méthane au plus haut


Plateforme pétrolière Al-Shaheen Ad, Qatar (25° 30' N - 51° 30' E). Le torchage consiste à bruler les gaz naturels d'un gisement de pétrole, car leur exploitation n'est pas rentable. Chaque année, les torchère sont responsables du gaspillage de 150 milliards de m3 de gaz, ce qui équivaut à 390 milliards de m3 de gaz, ce qui équivaut à 390 millions de tonnes de gaz à effet de serre, ou encore à 2% du total mondial des gaz à effet de serre émis. © Yann Arthus Bertrand/Altitude.

Le méthane rejeté dans l’atmosphère par les activités humaines atteint un niveau sans précédent. L’humanité est responsable des deux tiers des émissions de méthane (CH4), un gaz à effet de serre plus puissant que le dioxyde de carbone (CO2), révèle un rapport publié mardi 10 septembre. Selon une équipe de climatologues de plusieurs laboratoires, dont le Laboratoire des Sciences du Climat et de l’Environnement du CNRS, du CEA et l’université Paris Saclay, les émissions de ce puissant gaz à effet de serre ont atteint 400 millions de tonnes en 2020. Jamais elles n’ont été aussi élevées. Les scientifiques s’inquiètent de l’accélération de l’augmentation des concentrations de méthane.

Méthane (CH4), le deuxième gaz à effet de serre

Le méthane, même si sa durée de vie dans l’atmosphère (une dizaine d’année d’années) est moindre que celle du CO2 (un siècle), demeure un grand contributeur au réchauffement global des températures qui est de +1,5°C depuis le début de l’ère industrielle. En effet le méthane possède un pouvoir de réchauffement 28 fois supérieur à celui du dioxyde de carbone. Les chercheurs notent dans un communiqué que « le méthane (CH4) est le deuxième gaz à effet de serre le plus important après le dioxyde de carbone (CO2). Il a contribué à un réchauffement de 0,5 °C dans les années 2010 par rapport à la fin des années 1800, soit un réchauffement correspondant à la moitié de celui lié aux émissions de CO2 ».

Contactée par email, la climatologue Marielle Saunois, professeure de l’université Paris Saclay (Versailles Saint-Quentin), qui a participé à la rédaction du rapport, explique : « nos estimations montrent que, au niveau mondial, les émissions de méthane libéré par les activités humaines ont continué d’augmenter, et ce jusqu’en 2022. Peu de pays parviennent à les diminuer. Des plans de réduction mis en avant par différents pays font l’objet de discussions, mais les actions ne sont pas encore en place, ou tout du moins leurs résultats, ne sont pas visibles ou suffisants à l’échelle mondiale. »

Les sources d’émission du méthane proviennent de son exploitation et de son utilisation. Il s’agit du gaz naturel. Mais, ce gaz peut aussi être émis par d’autres activités humaines comme les forages et leurs fuites sur les installations d’extraction des énergies fossiles, de l’agriculture et de l’élevage ainsi que de la décomposition des déchets ou de la matière organique dans les milieux aquatiques.

Quand on l’interroge sur les raisons qui font que les émissions de méthane continuent d’augmenter en dépit de l’impact climatique bien connu de ce gaz à effet de serre, la climatologue Marielle Saunois pointe la lenteur de la mise en place des politiques. Elle précise : « on ne voit pas de décroissance des émissions de méthane à l’échelle planétaire et le pic d’émissions n’était visiblement pas encore atteint en 2022 (nous n’avons pas d’estimations pour 2023 et 2024). Cependant, à l’échelle régionale comme en Europe, ou plus nationalement en France, les émissions continuent de diminuer depuis deux décennies. Des plans d’actions ont été récemment discutés dans différents grands pays émetteurs, il reste à les mettre en place très efficacement et très rapidement pour en voir le résultat… et atteindre les objectifs attendus de l’Engagement Mondial sur le Méthane (Global Methane Pledge) qui vise à réduire de 30 % les émissions mondiales de méthane liées aux activités en 2030 par rapport au niveau de 2020. »

Julien Leprovost

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Article édité le 10 septembre 2024 à 9h15 pour intégrer les citations de la climatologue Marielle Saunois

Pour aller plus loin

Le rapport du Global Carbon Project (en anglais) Human activities now fuel two-thirds of global methane emissions

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Un commentaire

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    • Jean-Pierre Bardinet

    Curieusement, cet article de cite jamais le taux de méthane dans l’air. On comprend pourquoi. Voici l’évolution des taux de CH4 atmosphérique : 1 748 ppb (parties par milliards) en 1998, 1 774 ppb, de 1999 à 2006 puis 1 860 ppb en 2018 soit 1,86 ppm. Le pouvoir réchauffant (selon les canons du GIEC) du méthane est 28 fois supérieur à celui du gaz carbonique, et donc cette augmentation de 112 ppb, soit 6%, correspond à seulement +3,13 ppm (112*28/1000), ce qui est négligeable. En outre, le méthane persiste moins de dix ans dans l’atmosphère. Donc cet article de propagande ne vaut pas un kopek.

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