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A Taïwan, des bénévoles en lutte contre les échouages massifs de cétacés

Tentative de sauvetage cachalot nain Taïwan

Tentative de sauvetage d'un cachalot nain échoué sur une plage de Yilan, à Taïwan, le 27 juillet 2024 © AFP I-Hwa CHENG

Nouveau Taipei (Taïwan) – Dans une banlieue de Taipei, des bénévoles rassemblés autour d’un dauphin gonflable apprennent comment porter secours aux cétacés échoués, un phénomène de plus en plus fréquent sur les plages de Taïwan et dont les causes restent une énigme.

Ces formations sont dispensées par la Taiwan Cetacean Society (TCS), une association qui vient en aide aux baleines et dauphins qui s’échouent au rythme d’une centaine chaque année, un nombre en forte hausse depuis dix ans.

[Lire aussi: Australie : des dizaines de cétacés s’échouent sur une plage]

C’est après avoir visionné une « vidéo plutôt sanglante » d’une tortue se faisant retirer une paille en plastique du nez que Joanna Hung, une vendeuse de 36 ans, a décidé de participer à la formation.

« Si nous n’assistions pas aux cours, nous agirions comme nous l’entendrions et sans les connaissances nécessaires, cela pourrait faire plus de mal que de bien », explique-t-elle à l’AFP. « Je veux faire de mon mieux pour leur survie ».

Tseng Cheng-tsung, le secrétaire général de TCS, raconte qu’il a progressivement développé un « sentiment d’engagement » après avoir participé à plusieurs sauvetages, ce qui l’a encouragé à obtenir un master en biologie marine. « De nombreuses personnes veulent être plus proches de la nature et la protéger », explique-t-il.

[Lire aussi: Comment consommer moins de plastique pour préserver les océans ?]

Activités militaires en mer

Jusqu’en 2016, seuls quelques dizaines de cétacés s’échouaient chaque année à Taïwan, mais cette année-là, le chiffre a bondi à 90, raconte Yang Wei-cheng, expert en cétacés à l’Université nationale de Taïwan.

Selon M. Yang, cette hécatombe peut s’expliquer par l’augmentation de la température de la surface de l’océan et par les activités humaines qui causent du bruit ou de la pollution.

[Lire aussi: Pollution sonore en mer, danger pour les cétacés]

Mais d’après Lindsay Porter, vice-présidente du comité scientifique de la Commission baleinière internationale (CBI), la plus grande cause de mortalité des cétacés dans le monde reste la pêche et les captures accidentelles.

De plus, explique Mme Porter, « le niveau du bruit associé aux activités militaires en mer peut être particulièrement élevé et intense, et peut causer la mort ou des déficiences auditives chez les cétacés, cela a été démontré ailleurs dans le monde ».

L’activité militaire a considérablement augmenté autour de Taïwan ces dernières années, principalement du fait de la Chine qui multiplie les incursions de navires, d’avions et de drones ainsi que les exercices à tirs réels autour de l’île, qu’elle considère comme faisant partie de son territoire.

Les causes de cette recrudescence des échouages restent peu claires, admet Mme Porter, qui précise cependant qu’il s’agit bien d’une réelle augmentation, et non d’une hausse des signalements.

Autre possible coupable: la météo. Après le passage fin juillet du typhon Gaemi, 15 dauphins, baleines et tortues ont été retrouvés échoués en deux semaines sur les côtes taïwanaises. Alors qu’en moyenne, moins de dix animaux échoués sont recensés chaque mois entre juin et septembre.

[Lire aussi: Le changement climatique a renforcé l’intensité du typhon Gaemi, selon une étude]

Deux jours après le passage du typhon, un cachalot nain a ainsi été trouvé sur le rivage du comté de Yilan, dans le nord-est de l’île.

Le mammifère respirait toujours quand les vétérinaires de TCS se sont précipités pour le déplacer sur une bâche et que des bénévoles l’ont aspergé d’eau. Mais il est mort quand un engin de chantier a essayé de le remettre à l’eau.

Le transport « l’a beaucoup stressé, il a donc retenu son souffle pendant dix minutes et a péri », raconte Hsiao Shun-ting, le vétérinaire qui a assisté à la scène.

La majorité des cétacés échoués à Taïwan meurent, soit parce qu’ils sont déjà malades, soit à cause du stress vécu pendant la tentative de sauvetage.

« Les gens nous posent souvent cette question: est-ce que cela vaut le coup? » raconte M. Tseng, le spécialiste en biologie marine.

Il répond que chaque succès est un souvenir inoubliable. Comme le jour où un pseudorque de 400 kg et 3,15 mètres de long a pu retrouver l’océan après une opération de sauvetage de neuf jours, qui a mobilisé plus de 600 personnes et coûté l’équivalent de 5.500 euros.

M. Tseng espère que ceux qui participent à la formation transmettront leur intérêt et leur savoir sur les animaux marins à leurs amis et leurs familles.

« Je pense que ces gens vont doucement influencer leur entourage… et aider la conservation du milieu marin à Taïwan à avancer », espère-t-il.

© AFP

Pour aller plus loin:

De nouvelles perspectives sur le rôle des cétacés dans le cycle des nutriments de l’écosystème marin

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Protection des tortues à Taiwan

 

Un commentaire

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    • Patrice DESCLAUD

    Cela semble dramatique et peut-être est-il temps que nos scientifiques de ce milieux (et du littoral) tentent de préciser les paramètres de ces milieux et leur évolution. Oui les divers trafics s’intensifient, mais sur quels « sens » (auditif, cognitif, du stress, de la localisation, …) portent ces dégradations suivant les espèces. Ne sint-ce pas des perturbations provoquées volontairement par l’homme à titre « guerrier » ?
    Il faudrait en savoir plus. Merci.