Automobile : l’électrique dépasse l’essence sur les routes de Norvège

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Une voiture électrique en cours de rechargement dans une rue d'Oslo, le 30 avril 2019 © AFP/Archives Jonathan NACKSTRAND

Oslo (AFP) – Une première mondiale: les voitures électriques sont désormais plus nombreuses que les modèles à essence et talonnent le diesel sur les routes de Norvège, un gros producteur d’hydrocarbures en passe de réussir l’électrification de son parc automobile.

Sur les 2,8 millions de véhicules individuels aujourd’hui immatriculés dans le royaume scandinave, 754.303 sont tout électriques, soit 26% du parc automobile, contre 753.905 qui carburent à l’essence, a annoncé mardi le Conseil d’information sur le trafic routier (OFV) norvégien.

Les véhicules diesel restent encore les plus nombreux, avec près d’un million d’exemplaires (environ 35% du total), mais leur part de marché recule fortement.

« C’est historique », a souligné Øyvind Solberg Thorsen, directeur de l’OFV, dans un communiqué. « La Norvège avance rapidement vers l’objectif de devenir le premier pays au monde dont le parc automobile sera dominé par des voitures électriques », a-t-il ajouté.

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« A ma connaissance, il n’y a aucun autre pays au monde dans la même situation », à savoir où le parc électrique supplante l’essence, a précisé M. Thorsen à l’AFP.

Selon les données de l’Agence internationale de l’énergie (AIE), l’électrique ne représentait que 3,2% du parc automobile mondial (4,1% en France, 7,6% en Chine, 18% en Islande) en 2023, et ces chiffres, contrairement aux données norvégiennes, incluent les véhicules hybrides rechargeables.

La Norvège, paradoxalement gros producteur de pétrole et de gaz naturel, s’est fixé l’objectif de ne vendre que des voitures neuves zéro émission – en clair, électriques car l’hydrogène est très marginal – à compter de 2025, soit dix ans avant l’Union européenne.

En août, tirées notamment par les Tesla Model Y, les voitures tout électriques y ont représenté 94,3% des nouvelles immatriculations, un niveau sans équivalent qui contraste avec les difficultés ailleurs en Europe.

« On y est presque », s’est félicitée la secrétaire générale de l’Association norvégienne des véhicules électriques, Christina Bu, auprès de l’AFP.

« Il ne reste plus au gouvernement qu’à faire un petit effort supplémentaire dans le projet de budget 2025 (présenté le 7 octobre, NDLR) en résistant à la tentation d’augmenter les taxes sur l’électrique tout en continuant d’accroître celle sur le thermique », a-t-elle dit.

Afin de parvenir à électrifier le transport routier, les autorités norvégiennes ont mis en place depuis des décennies une fiscalité ultra-favorable qui rend les modèles tout électriques compétitifs par rapport aux véhicules thermiques, lourdement taxés, mais aussi hybrides.

Certains autres avantages, comme la gratuité des péages urbains et du stationnement sur des parkings publics ou la possibilité d’emprunter les couloirs de circulation collectifs, ont aussi contribué à cette réussite, même s’ils ont été graduellement rognés avec le temps.

Contraste avec l’Europe

Beaucoup de chemin a ainsi été parcouru en l’espace de 20 ans: en septembre 2004, le parc automobile norvégien comptait 1,6 million de voitures essence, environ 230.000 diesel et seulement un millier d’électriques, rappelle l’OFV.

« La rapidité que l’on observe dans le renouvellement du parc automobile aujourd’hui pourrait indiquer qu’en 2026 nous aurons également plus de voitures électriques que de voitures diesel », a relevé M. Thorsen.

Cette transition joue un rôle important – mais insuffisant – dans les efforts déployés par la Norvège pour remplir ses engagements climatiques, à savoir une réduction d’au moins 55% des émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2030 par rapport à 1990.

En 2023, ses émissions ont baissé de 4,7% par rapport à l’année précédente, selon des statistiques officielles, mais la diminution par rapport à 1990 n’était encore que de 9,1%.

La voiture électrique est jugée d’autant plus vertueuse dans le pays que celui-ci tire la quasi-totalité de son électricité de ses barrages hydrauliques.

La réussite du modèle norvégien tranche avec la situation ailleurs en Europe, où le tout électrique cale au profit notamment des modèles hybrides.

Les ventes de voitures électriques ont commencé à baisser depuis fin 2023 sur le Vieux Continent, où elles ne représentent que 12,5% des ventes de voitures neuves depuis le début de l’année, selon les chiffres de l’Association des constructeurs européens d’automobiles (ACEA).

Leur part de marché devrait fortement augmenter en 2025 pour représenter entre 20% et 24% des nouvelles immatriculations, selon une étude du groupe de réflexion Transport & Environment (T&E), mais certains doutent de la capacité de l’UE à complètement interdire le thermique à partir de 2035.

En Suède, pays voisin de la Norvège, les ventes de véhicules neufs électriques ont, selon l’organisation Mobility Sweden, pour la première fois diminué cette année, après la décision du gouvernement de supprimer le bonus à l’achat.

© AFP

Un commentaire

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    • Serge Rochain

    On fait facilement croire à une baisse d’interet pour le VE en se basant sur la moindre progression des pays qui ont supprimé les aides à l’achat par rapport à la progression qu’ils avaient lorsque les acheteurs bénéficiaient de cette aide.
    Il est bien évident que cette progression moindre ne témoigne absoulument pas de l’intéret pour le VE mais plutôt de l’intéret pour l’aide à l’achat !