D’où vient le plastique des océans ?

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Estimations des quantités de macroplastiques rejetées dans les milieux aquatiques, selon l'OCDE © AFP Valentin RAKOVSKY, Valentina BRESCHI

Paris (AFP) – Bouteilles, pneus, emballages ou tuyaux… plusieurs millions de tonnes de déchets plastiques sont chaque année déversées dans les cours d’eau pouvant finir leur course dans les océans et leur quantité pourrait presque doubler d’ici 2060 sans action accrue contre cette pollution, selon l’OCDE.

De la production de masse de ce matériau dans les années 1950 à 2019, 140 millions de tonnes sont déjà accumulées dans les milieux aquatiques, selon une étude de 2023 de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), dont 22% formant une « soupe de plastiques » dans les océans et 78% dans les écosystèmes d’eau douce.

Déchets mal gérés

Les déchets brûlés à ciel ouvert ou jetés dans des décharges non contrôlées ou sauvages constituent la principale source de pollution des milieux aquatiques.

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Une grande part de ces plastiques, comme les bouteilles ou le plastique utilisé dans la construction, coule dans les cours d’eau et lacs. Le reste va flotter (emballages alimentaires, bouteilles fermées) pendant des « années, voire des décennies » et achever sa course dans les océans, explique l’OCDE.

Des déchets d’activités maritimes (filets, engins de pêche) constituent, dans une bien moindre mesure, une autre source de rejets plastiques dans les océans, de même que les microplastiques (morceaux de plastique de moins de 5 millimètres).

Avec une durée de vie moyenne de six mois à 35 ans, les macroplastiques (plus de 5 mm) accumulés se décomposent lentement en microplastiques, « plus susceptibles d’être ingérés par des espèces aquatiques », ajoute l’OCDE.

Rivières d’Asie

Mais le risque que le plastique migre de la terre au cours d’eau, puis de la rivière à la mer, n’est pas le même partout. Sur quelque 100.000 cours d’eau, un millier est responsable de 80% des déchets macroplastiques dans les océans et 30.000 représentent les 20% restants, ont calculé plusieurs chercheurs dans une étude portée par l’ONG Ocean Cleanup et publiée en 2021 dans la revue Science Advances.

Sur les 50 premières rivières charriant du plastique jusqu’aux océans, dont des petits cours d’eau urbains, 44 sont situées en Asie, en raison de la « densité de la population et de la mauvaise gestion des déchets », explique à l’AFP Laurent Lebreton, directeur de recherche à Ocean Cleanup.

Les Philippines, avec ses milliers d’îles, sont le pays qui déverse le plus de plastique dans la mer. Se jetant dans la baie de Manille, le fleuve Pasig est le « plus pollué » par le plastique au monde. Il forme avec les rivières Tullahan (Philippines), Ulhas (Inde), Klang (Malaisie) et Meycauayan (Philippines) le top 5 des cours d’eau charriant le plus de plastiques dans les océans.

 Prévisions sombres

Tirée par la croissance démographique et économique, l’utilisation mondiale des plastiques devrait quasiment tripler entre 2019 et 2060, à 1.231 millions de tonnes (Mt) par an, selon l’OCDE.

Des prévisions sombres pour les milieux aquatiques où 493 Mt de plastiques pourraient être accumulées d’ici 2060, pour plus de la moitié en provenance d’Afrique subsaharienne, de Chine, d’Inde et d’autres pays asiatiques en développement, anticipe l’organisation.

En Europe et aux États-Unis, à l’inverse, les rejets de plastiques dans les milieux aquatiques devraient baisser, notamment « grâce à l’amélioration de la gestion des déchets ».

© AFP

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