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En France, le réchauffement climatique impacte toutes les régions, mais différemment

Changement climatique restaurant inondé France

Restaurant inondé entre Lux et Saint Loup de Varennes, Saône-et-Loire. ©Yann Arthus-Bertrand

« La France face au changement climatique : toutes les régions impactées », c’est le titre sans ambiguïté du dernier rapport du Réseau Action Climat (RAC) publié ce mois-ci, en partenariat avec l’agence de la transition écologique (ADEME). Le document de 49 pages détaille les répercussions du dérèglement climatiques attendus dans toutes les régions du pays et appelle à une territorialisation de la planification écologique.

Le rapport a pour ambition d’établir un lien concret entre « le changement climatique et le quotidien des Français et des Françaises », explique Clara Sannicolo, responsable climat et territoires au RAC. Il « synthétise » des projections scientifiques et des données déjà obtenues. « Le réchauffement a déjà atteint +1,9°C aujourd’hui et pourrait aller jusqu’à 4°C en 2100 », rappelle-t-elle. Le rapport souligne que « des secteurs entiers de notre économie, de notre patrimoine architectural, culinaire sont déjà impactés et continueront à changer ».

Dans les territoires d’Outremer, risque de submersion avant la fin du siècle

Les DROM-COM sont en première position face au réchauffement climatique. Les îles basses, comme les atolls de Tuamotu en Polynésie française, y sont menacés de submersion. Leurs 16 000 habitants devront émigrer à terme, avec le risque de perdre leur culture et leur identité.

[Lire aussi: Climat: « une marée de malheurs » menace les côtes du monde entier, alerte le chef de l’ONU]

Comme d’autres littoraux des îles plus hautes, la zone de Jarry en Guadeloupe pourrait quant à elle être submergée 180 jours par an à partir de 2060-2080, selon un scénario pessimiste. La multiplication de catastrophes naturelles comme l’ouragan Irma en 2017 amplifiera ce risque. La préservation de Jarry et de Pointe-à-Pitre pourrait coûter 100 millions d’euros par an dès 2050, alors que la moitié de la population Guadeloupéenne vit sous le seuil de pauvreté. De plus, les écosystèmes des DROM-COM, qui représentent 80 % de la biodiversité française, souffriront également de pics de chaleur « plus longs et plus fréquents » comme le reste de la France, explique Clara Sannicolo. Ceux-ci affectent déjà les forêts et accélèrent le blanchissement des coraux.

L’érosion des côtes menace également les littoraux métropolitains, comme en Bretagne et en Normandie. Le mont Saint-Michel pourrait disparaître sous les eaux.

Dans les pays de la Loire, un doublement des dommages liés aux inondations d’ici 2050

La montée des eaux menace aussi le littoral Atlantique des pays de la Loire, qui souffre de l’érosion. En Vendée et en Loire-Atlantique, les falaises reculent déjà de 8 centimètres par an. Les dommages liés aux inondations devraient y augmenter de 100 voire 150 % d’ici la moitié du siècle. La multiplication de phénomènes extrêmes comme la tempête Xynthia de 2010 accentuera ce risque.

[Lire aussi: Quel lien entre tempêtes hivernales et réchauffement climatique ?]

L’augmentation des vagues de chaleur frappera également la région, accentuant encore les périodes de sécheresse et d’incendies. Des symptômes qui se retrouvent en Provence Alpes Côtes d’Azur et en Occitanie, où la surface concernée par les sécheresses a triplé depuis les années 1960.

Ainsi, le débit de la Loire pourrait diminuer de moitié d’ici 2100 selon un scénario pessimiste. Le manque d’eau constitue non seulement un un risque pour la santé publique mais également pour l’agriculture, l’élevage et l’industrie. Or, dans le secteur de l’agriculture, la demande destinée à l’irrigation devrait augmenter de 28 % d’ici 2050. Le manque d’eau affectera également « la production d’électricité hydraulique et nucléaire qui dépendent des cours d’eau », alerte Clara Sannicolo.

En Ile-de-France, des pics de 50°C dès 2050

Les canicules frapperont les villes plus durement et l’Ile-de-France constitue un bon exemple des enjeux de l’adaptation. En effet, les températures peuvent y être plus jusqu’à 5°C plus élevées en raison de l’artificialisation des sols. Les villes forment alors des « ilots de chaleur urbains » où la température plus élevée affecte la santé. Pendant la canicule de 2003, la surmortalité avait déjà augmenté de 190 % contre 40 % dans les zones rurales.

[Lire aussi: Comment la canicule affecte notre santé]

Les sécheresses menacent les « poumon[s] » de la région parisienne. Le RAC anticipe que le bois de Fontainebleau devra évoluer pour persister,. Des pics de 50°C pourraient être atteints en 2050 si les émissions poursuivent leur trajectoire. Selon Clara Sannicolo, de plus en plus de « nuits tropicales » sont à prévoir, comme celles observées l’été dernier.

« Chaque dixième de degré compte »

Si le rapport est alarmiste, c’est parce qu’il appelle à l’action face au changement climatique. « Moins on agira et plus les impacts seront violents », affirme Clara Sannicolo. « La doctrine ‘chaque dixième de degré compte’ est toujours valable ». D’un point de vue sanitaire et social comme économique, l’inaction est bien plus coûteuse qu’une planification anticipée.

[Lire aussi: Le tri des biodéchets, un défi complexe à relever pour les collectivités ]

En effet, ne pas anticiper pourrait coûter à la France 7 points de PIB annuels à la fin du siècle selon l’ADEME. « La question est comment financer et accompagner la transition écologique au niveau territorial », conclut Clara Sannicolo, qui souligne le rôle de l’Etat dans l’accompagnement financier des collectivités territoriales, premières actrices de l’action climatique.

Audrey Bonn

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