En Normandie, un camping déménagé pour échapper à la montée des eaux

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Vue aérienne de la destruction d'un camping municipal à Quiberville-sur-Mer, le 20 septembre 2024 en Seine-Maritime © AFP Lou BENOIST

Quiberville (France) (AFP) – La mâchoire d’une pelleteuse s’enfonce dans le toit des sanitaires: la destruction du camping municipal de Quiberville-sur-mer, en Seine-Maritime, a démarré vendredi pour échapper à l’inexorable montée des eaux.

« Ici, suite à la crue de 1999, cent caravanes flottaient derrière la digue », déclare Stéphane Costa, enseignant-chercheur en géographie à l’Université de Caen Normandie.

« C’est l’un des rares territoires en France qui a osé passer à l’action, chaque euro investi en anticipation sur le changement climatique c’est 10 à 15 euros d’économisés dans la réparation », ajoute-t-il en saluant l’action des élus locaux.

Le projet baptisé « Basse Saane 2050 » a plusieurs objectifs: le déménagement du camping municipal, la reconnexion du fleuve Saane à la mer et la remise en état naturel du site de l’ancien camping, une première en France selon le Conservatoire du littoral.

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Cet organisme a piloté ce projet financé notamment par des fonds européens, qui s’étend sur trois communes de la vallée de la Saane: Quiberville-sur-mer, Sainte-Marguerite-sur-mer, et Longueil.

La digue édifiée au XIXe siècle pour assécher les marais et les rendre cultivables, était jusqu’à présent traversée par une « buse », un conduit en béton qui ne permettait pas d’écouler tout le débit de la Saane en cas de crue, et qui empêchait les poissons migrateurs de remonter le fleuve.

Derrière cette route-digue qui longe la mer, le camping municipal de près de 200 emplacements, trop souvent inondé, était menacé de fermeture administrative.

« Le niveau de la Manche a monté de 20 cm en cent ans et 10 cm depuis 30 ans, ça s’accélère » observe M. Costa, co-président du « GIEC normand », un groupe de scientifiques chargés d’étudier l’impact du changement climatique sur la région.

Les falaises et la plage, quant à elles, souffrent d’une érosion « majeure ».

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Devant ce constat alarmant, la protection des activités humaines est longtemps passée par du béton, des enrochements, ou l’ajout de galets… Des solutions à court-terme qui n’empêchaient plus les inondations.

« Anticiper »

Jean-François Bloc, maire de Quiberville depuis 36 ans, a dû se rendre à l’évidence: « Pendant la première décennie, je disais ‘On va montrer à la nature ce qu’on sait faire’, la deuxième on a subi, et la troisième j’ai dit ‘On va plutôt anticiper’ « .

Un premier projet s’est heurté à une levée de boucliers: il aurait donné lieu à des expropriations et coupé la circulation sur la route-digue, essentielle au tourisme et à la vie quotidienne des habitants du secteur.

La délégation donnée au Conservatoire du littoral de Normandie par l’agence de l’eau va tout changer.

Délégué adjoint au Conservatoire, Régis Leymarie et ses équipes ont dû trouver une réponse au risque d’érosion et de submersion tout en préservant l’économie et la biodiversité, le nouveau projet est présenté en 2016 après une phase de diagnostic et de discussions avec tous les acteurs.

« C’est un changement de modèle d’aménagement du littoral », estime-t-il.

« Un pont de 12 mètres va être construit pour laisser entrer la mer dans la vallée à chaque marée, on arrête de lutter contre la nature et de fixer le trait de côte », enchaîne-t-il, « mais 2025 n’est pas la fin du projet, l’adaptation sera permanente ».

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Un nouveau camping municipal flambant neuf de 160 emplacements a ouvert 700 mètres en amont à l’été 2023 pour remplacer l’ancien.

L’artificialisation nette des sols est « nulle, ce qu’on a pris pour construire le nouveau camping, on le rend à la mer avec le terrain de l’ancien dans la vallée » selon lui.

Sur les quelque 17 millions nécessaires, 35% viennent de l’Union européenne, autant de l’agence de l’eau Seine-Normandie, le reste des collectivités locales (communes, département, région…).

Ce projet ne se serait pas fait « sans portage politique, sans adhésion des habitants, commerçants, chasseurs et agriculteurs, il n’y a eu aucune opposition, l’acceptabilité est centrale », conclut M. Leymarie.

© AFP

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Un commentaire

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    • Jean-Pierre Bardinet

    Je crains que cet article ne confonde érosion et montée des eaux, sans doute dans un but de propagande réchauffiste. En effet, si l’on prend la peine de consulter les données du marégraphe de Brest, on constate que, depuis 1809, la tendance de montée de l’océan est de 1,04 mm/an, sans accélération et, surtout, sans corrélation avec nos émissions de CO2. Sea Level Trends – NOAA Tides & Currents