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A Cali, la « zone verte », déjà coeur vivant de la COP16

Zone verte Cop 16 Cali

Des visiteurs de la zone verte du sommet COP16 à Cali, en Colombie, devant l'emblème de ce formu international, le 22 octobre 2024 © AFP JOAQUIN SARMIENTO

Cali (Colombie) (AFP) – Le gouvernement colombien voudrait en faire « une agora politique » en faveur de la planète : avec ses concerts, ses débats et ses stands colorés, la « zone verte » au centre-ville de Cali, s’annonce déjà comme le lieu emblématique et le coeur vivant de la COP16.

Alors que les délégués de près de 150 pays ont entamé lundi leurs discussions très techniques dans un centre de conférence au nord de la ville de 2,4 millions d’habitants, le centre de la capitale du Pacifique colombien s’est transformé en une promenade mi-pédagogique, mi-festive, sur les richesses naturelles et culturelles du pays, ainsi que sur le futur de la planète.

[Lire aussi: Quels enjeux pour la COP16 dédiée à la biodiversité qui démarre à Cali en Colombie ?]

Deux jours après le début du forum, le lieu remporte déjà un succès populaire, a constaté l’AFP, avec des milliers d’habitants qui s’y pressent en fin d’après-midi.

Aménagés sur le boulevard del Rio, une promenade le long de la rivière Cali, à côté d’une petite église néo-gothique, ces 350.000 mètres carrés de « réflexion et de participation citoyenne » accueilleront plus de « 280 activités culturelles et académiques » et un total d’un millier d’évènements, selon le ministère de la Culture.

« La zone verte représente l’esprit dans lequel la Colombie a invité le monde », a lancé la ministre de l’Environnement Susana Mohamad, vantant une « agora politique pour la réflexion et la mobilisation sur l’avenir de ce qui nous appartient à tous ».

Pour la vice-présidente noire, Francia Marquez, elle met en avant les populations afro-colombiennes, indigènes et populaires, « au service de l’enseignement du monde ».

Et de fait, la « zone verte », c’est d’abord une explosion des sens, de couleurs, et de saveurs. A l’image de cette Colombie à la biodiversité et aux paysages exceptionnels vantés par les visuels gouvernementaux précédant la COP.

 « Concernés » 

Passées les photos géantes d’un perroquet vert ou d’un dauphin rose, le visiteur slalome d’une échoppe à l’autre : artisanat de colliers de perles et paniers de feuilles savamment tressées, stands de bouteilles de Viche (un alcool fort du Pacifique), cafés « équitables », peluches cousues mains, bières vendues par un « syndicat des travailleurs du cannabis », une gourmande « route du miel », ou encore une serre « Graine vivante » verdoyante.

Ce mardi, une « minga » (manifestation indigène) est venue rencontrer la ministre Muhamad, sous une maloka (cabane communautaire) construite par une organisation indigène nationale. Ces sept délégués iront participer aux négociations de la « zone bleue », a promis la ministre, également présidente de cette COP16.

A côté des curieux, dégustant en famille un « cholado » (glace typique de Cali), la présence dans les allées de nombreux membres de « gardes indigènes », foulards de couleur autour du cou et bâton traditionnel à la main, donne une touche plus politique.

[Lire aussi: COP16 : Alex Lucitante, une voix indigène et de « résistance » pour la nature]

Des ONGs, comme la « Fondation pour les oiseaux », ou différentes institutions sont présentes, organisant toute une batterie de débats publics.

Après le rôle des femmes mardi, mercredi est consacré à la « justice climatique ». Des débats sur les mines d’or illégales en Amazonie, les assassinats des défenseurs de l’environnement, ou encore sur les violences contre les indigènes attirent une large audience.

« Zéro poubelle », « I love the Planet! »… Un tableau où le public dessine sa vision de l’avenir de la planète a déjà remporté un franc succès. A deux pas, des employés des Parcs naturels nationaux présentent en réalité virtuelle l’infinie richesse de la géographie du pays, entre mer, montagnes andines et Amazonie.

« Les gens viennent se promener, faire la fête. C’est un peu commercial cette zone verte, mais pas seulement », souligne un visiteur, Silvano. « Comme tout le monde aujourd’hui, nous sommes concernés par la planète. On a tous un jour balancé une bouteille en plastique par la fenêtre. Il faut changer ça », explique le quinquagénaire.

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« Rendre à César » 

« Il y aura un avant et un après COP16. Je crois que cela va aider à ce que les gens prennent soin de la planète », juge Maria Ruiz, artiste de 60 ans, selon laquelle ce forum « est ce qui pouvait arriver de mieux à la Colombie ».

« Pour une justice de genre, pour la justice sociale! A bas le patriarcat! », s’époumone une intervenante à un débat ministériel devant un public plutôt clairsemé.

Sur un autre podium ce soir-là, un concert et spectacle de danses du Choco (nord-ouest) attire une foule éblouie par les turbans wax, les créoles dorées aux oreilles et les longues robes blanches immaculées virevoltant dans les airs.

[Lire aussi: Biodiversité : à Cali, une COP16 pour passer de la parole aux actes]

La programmation musicale, baptisée « Que viva la musica! », prévoit une quinzaine de concerts dans la « zone verte » pendant les 12 jours de la COP16, qui coïncide cette année avec le 19e Festival mondial de la salsa.

Malgré les craintes initiales sur la sécurité après les menaces d’un groupe armé opérant dans une région voisine, le forum se déroule jusqu’à présent sans le moindre incident, et dans une bonne organisation.

« Merveilleux de voir le centre de Cali rempli de personnes de tous horizons, s’informant et célébrant dans une grande fête populaire la biodiversité du Pacifique, du pays et du monde », a publié sur X l’ambassadeur de l’UE, Gilles Bertrand, évoquant déjà un « succès retentissant« .

« Il faut rendre à César ce qui est à César », a aussi commenté un journaliste indépendant, Andrés Hoyos, habituellement plutôt critique de Petro : « La COP16 s’annonce comme un triomphe pour le gouvernement colombien ».

© AFP

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