La diminution de la surface de la glace mer en Arctique se répercute sur la santé des ours polaires. En 30 ans, les probabilités pour les plantigrades de se retrouver contaminés par 5 agents pathogènes ont augmenté. C’est ce qu’explique une étude scientifique publiée dans la revue PLOS ONE. Ses auteurs écrivant que « les changements environnementaux associés au réchauffement climatique créent de nouvelles opportunités pour la transmission des pathogènes et des parasites au sein la faune de l’Arctique ».
Les chercheurs ont pu comparer des échantillons sanguins prélevés sur des populations d’ours polaires vivant dans la Mer des Tchouktches (entre l’Alaska aux États-Unis et la Russie). Ils ont constaté, entre 1987 et 2017, que le sang contenait plus de marqueurs chimiques témoignant d’une infection ou du contact entre les ours et 5 agents pathogènes étudiés. Parmi eux, un virus responsable de la maladie de Carré, deux bactéries -l’une responsables de la brucellose et l’autre de la tularémie ou encore deux parasites : la toxoplasmose et le neospora. Les résultats des tests ont surpris les spécialistes des ours blancs. « En général, les ours sont plutôt résistants aux maladies », affirme la biologiste Karyn Rode de l’US Geological Survey (l’agence gouvernemental américaine qui étudie la géologie). La scientifique, une spécialiste de la faune sauvage, est une des auteurs de l’étude publiée dans PLOS ONE. Citée par la BBC, elle précise : « les pathogènes ne sont pas connus pour affecter les populations d’ours, mais les choses sont en train de changer en Arctique. »
Les pathogènes décelés dans le sang des ours polaires ont tous en commun d’être plus fréquemment présents chez les animaux vivants sur la terre ferme que sur la banquise. Karyn Rode explique que « quand il y a eu une diminution conséquente de la glace de mer », ces populations d’ours polaires se sont plus souvent retrouvées sur la terre ferme. Ce qui n’est pas leur milieu de prédilection étant donné que l’ours polaire préfère vivre, chasser et pêcher sur la glace de mer. En effet, c’est là que le mammifère parvient à mieux se nourrir.
Les scientifiques pensent donc que la recrudescence de ces agents pathogènes chez les ours s’explique en partie par une modification de leur environnement et de leur alimentation. « Nos travaux suggèrent que les ours polaires, qui sont de grands prédateurs, sont exposés à certains de ces pathogènes par l’intermédiaire de leurs proies », déclare la biologiste Karyn Rode. « Donc, ce qu’on voit comme des changements pour l’ours polaire indique des changements que d’autres espèces vivent également ».
Il reste actuellement 26 000 ours polaires. L’animal est, au fil des années, devenu emblématique des effets du réchauffement climatique sur la biodiversité puisque le réchauffement menace directement son milieu naturel : la banquise. L’espèce est considérée comme vulnérable à l’extinction, d’après la Liste Rouge de l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature.
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Pour aller plus loin
L’étude (en anglais) publiée dans PLOS ONE Increased pathogen exposure of a marine apex predator over three decades
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