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Dans une usine hongroise de Veolia, la chasse aux « polluants éternels »

Usages et caractéristiques des polluants éternels

Propriétés et usages d'un groupe de substances chimiques, les per- et polyfluoroalkylées (PFAS) aussi connu sous le nom de "polluants éternels" © AFP/Archives Jonathan WALTER, Sabrina BLANCHARD

Oroszlany (Hongrie) (AFP) – De fil en bobine, jusqu’à d’immenses rideaux blancs: en Hongrie, une usine du groupe français Veolia fabrique des membranes de filtration, précieux outils contre les « polluants éternels » (PFAS), substances chimiques omniprésentes dans la vie courante.

Dans ce site présenté comme le plus grand au monde, on se croirait dans un atelier de couture où les employés manient délicatement des kilomètres de « tresses » blanches.

Après traitement, ces matériaux deviennent des fibres polymères capables de piéger dans leurs pores les micropolluants.

Le géant français des services à l’environnement Veolia redouble d’efforts dans ce secteur, alors que la lutte contre les PFAS devient une préoccupation majeure des pouvoirs publics, de l’Union européenne aux Etats-Unis.

Témoin de ses ambitions, il a dévoilé cette semaine de nouveaux objectifs, visant un milliard d’euros de chiffre d’affaires à horizon 2030 – contre 50 millions l’an dernier.

Plus largement, le marché des technologies d’eau est « en pleine expansion » selon Veolia, qui l’estime à 220 milliards d’euros et espère pour sa part croître « de 6 à 10% par an ».

[Lire aussi: Pesticides : la pollution des eaux « très sous-estimée » faute de surveillance, selon Générations Futures]

« Grain de sel »

« Le réchauffement climatique est une réalité et nous devons accélérer le déploiement des solutions », a déclaré sa directrice générale Estelle Brachlianoff, à l’occasion d’une visite du site d’Oroszlany, à une heure de la capitale Budapest.

« Les défis sont énormes », a-t-elle souligné: « nous parlons de qualité et de santé avec les PFAS, mais aussi de quantité », la rareté de l’eau douce provoquant une demande croissante pour les systèmes de réutilisation des eaux usées et de dessalement.

Ouverte en 2002, l’usine hongroise a vu sa capacité décupler au fil des ans et fabrique désormais plus de 8 millions de mètres carrés de membranes par an pour 1.200 employés.

Une fois assemblées dans des « cassettes », elles sont expédiées chez des clients municipaux ou industriels en Europe et au-delà, désireux de traiter les eaux potables ou utilisées dans leur processus de production.

« L’ultrafiltration, c’est un niveau de filtration qui nous garantit d’enlever toutes les particules, toutes les bactéries, tous les virus et autres éléments polluants que vous pouvez trouver dans l’eau », résume pour l’AFP Anne Le Guennec, responsable des activités Technologies de l’eau de Veolia. C’est comme retirer « un grain de sel d’une piscine ».

[Lire aussi: Polluants éternels dans l’eau: plusieurs communes au-dessus des seuils réglementaires, selon des médias]

Présentes depuis les années 1940 dans de nombreux objets de la vie quotidienne (poêles antiadhésives, emballages alimentaires, textiles imperméables, cosmétiques, automobiles…), les substances per- et polyfluoroalkylés appelées PFAS doivent leur surnom à leur cycle de vie très long.

Nouvelles règlementations

Quasi indestructibles, ces « polluants éternels » regroupent plus de 4.700 molécules et s’accumulent avec le temps dans l’air, le sol, les rivières, jusque dans le corps humain. En cas d’exposition sur une longue période, ils peuvent avoir des effets sur la fertilité ou favoriser certains cancers d’après de premières études.

[Lire aussi: La peau humaine perméable aux PFAS]

Après des années d’inaction, le sujet attire aujourd’hui tous les regards.

Diverses initiatives judiciaires et règlementaires ont été lancées dans le monde contre ces susbtances et leurs fabricants, entre autres pour « mise en danger de la vie d’autrui ».

Bruxelles a décidé de réglementer une vingtaine de PFAS en fixant des seuils de contamination de l’eau potable qui devront être contrôlés par les Etats-membres à compter de 2026. Et en avril, les Etats-Unis ont annoncé instaurer des seuils limites dans l’eau courante pour certains PFAS.

Face à ce fléau, d’autres méthodes ont été developpées pour épurer l’eau, comme la filtration par des charbons actifs associée aux capacités d’oxydation de l’ozone, ou encore le procédé chimique de l’échange d’ions.

Autant de technologies gourmandes en énergie mais « tout est relatif par rapport aux besoins fondamentaux d’avoir une eau potable ou une eau sûre à boire d’un point de vue sanitaire », résume Arnaud Valleteau, directeur de projets chez Veolia Water Technologies.

Et comme les PFAS ne seront pas remplacés de sitôt par les industriels, on prépare déjà à Oroszlany un agrandissement du site, explique fièrement le chef de fabrication Daniel Smid en faisant visiter les lieux, qui tournent à plein régime 24 heures sur 24.

© AFP

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