Interrogés sur leur alimentation et leur consommation, les Françaises et les Françaises affirment consommer plus responsable mais que le prix reste un frein majeur à des achats plus éthiques. 91 % d‘entre eux déclarent acheter au moins une fois par mois des produits alimentaires responsables, 7 sur 10 une fois par semaine. Des chiffres en légère progression, et ce en dépit de l’inflation et de la crise agricole, ce qui témoigne d’une installation de la consommation responsable dans les habitudes, selon l’édition 2024 du Baromètre Max Havelaar de la transition alimentaire. « Depuis la création de ce baromètre en 2019, nous constatons que la consommation responsable s’installe durablement, et s’ancre sur deux aspirations : le local et la juste rémunération », déclare Blaise Desbordes, directeur général de l’ONG Max Havelaar France. Toutefois, 68 % des répondants affirment que le prix reste leur premier critère d’achat de produits alimentaires, devant le goût (43 %) et la composition du produit (38 %).
Le juste prix doit être compatible avec le prix juste
Pour les trois quarts (77 %) des répondants, le prix constitue le principal frein à leur consommation de produits alimentaires responsables. Le prix justement reflète une double attente non dénuée d’ambivalence entre le souci de ne pas dépenser trop tout en rémunérant justement le producteur. Pour une majorité de Français, les entreprises doivent proposer des produits qui affichent un prix raisonnable (41 %) et qui garantissent une rémunération équitable pour les producteurs (41 %). « Les consommateurs ont usé de stratégies pour s’adapter à la situation inflationniste à travers les choix de lieux de consommation notamment, mais ils aspirent plus que jamais à des prix « justes », juste pour eux mais aussi pour les producteurs », écrit Blaise Desbordes de Max Havelaar France, en préambule de la 5e édition de ce baromètre de la transition alimentaire.
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« Pour les trois quarts des répondants, le prix constitue le principal frein à leur consommation de produits alimentaires responsables »
Dans les faits, il reste difficile de connaître, entre les déclarations, les actes et les contraintes liées au coût de la vie ainsi qu’à l’inflation, l’attitude des Français dans leurs comportements de consommation Néanmoins, le consommateur a des attentes en termes de transparence. Notamment, savoir si le travail est bien rémunéré reste une préoccupation. 3/4 des Français déplorent un manque d’information sur la part du prix d’achat reversée aux producteurs. Ce qui suscite des demandes puisque 7 sondés sur 10 aimeraient davantage de communication de la part des entreprises et des distributeurs sur la part du prix reversée aux producteurs. De plus, note l’ONG Max Havelaar dans le communiqué qui accompagne la sortie de son baromètre : « les Français sont également en demande d’informations sur les conditions d’élevage et le bien-être animal (63 %) ainsi que sur l’impact environnemental des produits alimentaires qu’ils achètent (61 %). »
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+Infographie Les motivations des Françaises et Français pour adopter une consommation responsable extraite du Baromètre Max Havelaar de la transition alimentaire – capture d’écran DR Max Havelaar France
Agir pour la consommation responsable
La prise en compte du bien-être animal (27 %) et de l’environnement (26 %) font partie des attentes manifestées par les citoyens concernant la consommation alimentaire de demain.
« Les différentes crises ont eu bien évidemment un impact sur les modes de consommation des Français, mais le soutien aux agriculteurs demeure intact, après un début d’année qui a médiatisé leur colère. Les Français pointent du doigt clairement la nécessité d’un rééquilibrage du partage de la valeur », interpelle Blaise Desbordes, directeur général de l’ONG Max Havelaar France. « C’est la question qui est au cœur des filières équitables et du principe de prix planchers. La responsabilité du secteur agroalimentaire c’est la transparence des marges ; celle du Gouvernement c’est de soutenir fiscalement les entreprises qui paient le prix juste aux paysans. »
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« Pour une majorité de Français, les entreprises doivent proposer des produits qui affichent un prix raisonnable et qui garantissent une rémunération équitable pour les producteurs. »
Le baromètre a également interrogé les sondés sur leurs attentes en matière de régulation. Ainsi, la moitié des interrogés estime que la concurrence déloyale constitue un obstacle à la généralisation d’une alimentation saine et équitable. Ils sont 54 % à demander des restrictions des importations d’aliments qui ne sont pas produits selon les normes sociales et environnementales en vigueur en France. De plus, 43 % sont en faveur de prix minimums sur les produits issus de l’agriculture pour garantir un revenu digne aux exploitants.
C’est que les Français aspirent à des produits bénéfiques pour la santé et l’environnement. 36 % des participants à l’étude d’opinion l’affirment. Par ailleurs, le tiers (33 %) « des sondés mettent en avant l’importance de soutenir l’économie locale ».
Les résultats du baromètre de la transition alimentaire proviennent d’un sondage réalisé en ligne par OpinionWay sur deux échantillons, de 2000 personnes, représentatifs de la population française courant septembre 2024 pour l’ONG Max Havelaar qui défend et promeut le commerce équitable.
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