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Dans le nord d’Israël, la nature paie un lourd tribut à la guerre

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Dans la vallée de la Houla (nord d'Israël), la nature paie un lourd tribut à la guerre entre le Hezbollah et l'armée israélienne, le 29 octobre 2024 © AFP Menahem KAHANA

Vallée de la Houla (Israël) (AFP) – Ici, un sanglier atteint par un éclat. Là, des arbres centenaires dévorés par les flammes. Meurtrie par plus d’un an d’échanges de tirs, la nature paie un lourd tribut, dans le nord d’Israël, à la guerre entre le Hezbollah et l’armée israélienne.

Au coucher du soleil, des nuées de grues cendrées viennent se poser près du lac Agamon, dans la vallée de la Houla, écrin d’un unique sanctuaire d’oiseaux migratoires.

Derrière une colline, un nuage de fumée s’élève, et par endroits, des taches brunissent la végétation, stigmates de chutes de roquettes. Autant de stigmates du conflit transfrontalier qui oppose Israël au mouvement islamiste libanais Hezbollah, et a tourné depuis fin septembre à la guerre ouverte.

« Le vacarme de la guerre, le bruit des interceptions, des roquettes qui tombent, les détonations assourdissantes, ce sont les bruits que les oiseaux entendent », explique Inbar Rubin. « C’est une énorme source de stress ».

Cette responsable des opérations du Fonds national juif (KKL), institution qui supervise les parcs naturels, scrute les oiseaux depuis un poste d’observation.

Outre les innombrables grues cendrées, la réserve naturelle de la Houla accueille pélicans, canards, spatules, aigles et autres oiseaux de proie, ainsi que -« phénomène assez nouveau », dit-elle – des flamants roses.

« La diversité ici est vraiment très, très grande », souligne Inbar Rubin.

Soudain, le brouhaha des oiseaux dans le ciel laisse la place à celui d’un hélicoptère d’attaque israélien survolant la région.

Paradis perdu ?

Située au carrefour de trois continents, à une trentaine de kilomètres de la frontière avec le Liban, la réserve voit passer chaque année des centaines de millions d’oiseaux qui migrent entre l’Europe, l’Asie et l’Afrique.

Avant que le Hezbollah n’ouvre un front contre Israël à la frontière nord du pays, au lendemain du début de la guerre à Gaza, le 8 octobre 2023, quelque 50.000 grues venaient y passer l’hiver, raconte l’ornithologue Yossi Leshem, fondateur d’un centre de recherche sur les oiseaux migrateurs.

« Pour elles, c’était vraiment le paradis », dit-il. Mais, « quand tous ces tirs ont commencé (…) du côté israélien et libanais, de la Syrie, d’Irak et d’ailleurs, elles ont commencé à fuir vers l’Afrique. Et leur nombre a chuté de 70% ».

« Même si la guerre devait cesser dans un an, et j’espère qu’elle cessera dès que possible, son impact pourrait se faire sentir pendant encore de nombreuses années », assure le septuagénaire, qui reçoit l’AFP chez lui à Jérusalem-est, vêtu d’un tee-shirt paré d’oiseaux.

Selon la Direction israélienne de la nature et des parcs (INPA), 37.400 hectares « de réserves naturelles, parcs nationaux, forêts et espaces vierges » ont brûlé en un peu plus d’un an en Israël, qui combat sur plusieurs fronts contre le Hamas palestinien, dans la bande de Gaza, et le Hezbollah.

Dans la réserve naturelle de Tel Dan, à proximité immédiate de la frontière libanaise, environ 7 hectares sur 40 ont été dévastés par des incendies déclenchés par des explosions de roquettes.

« La nature est forte »

Sur les rives du ruisseau Dan, à côté de la silhouette d’un prunellier calciné, Ramadan Issa, qui gère le parc pour l’INPA, dit avoir passé l’année écoulée à éteindre des incendies et à sauver des animaux blessés ou affolés par les combats.

La guerre, déplore-t-il, ce sont aussi des cerfs, porcs-épics, serpents et sangliers victimes d’éclats de projectiles ou piégés par les flammes, ainsi que la destruction d’arbres centenaires.

Au milieu de la végétation calcinée, dans une odeur de brûlé, de petits brins d’herbe verte repoussent toutefois déjà.

« La nature est forte », dit M. Issa. Mais si la végétation peut repousser très vite, « cela prend beaucoup plus d’années pour les arbres ».

La guerre a aussi éloigné la présence humaine des réserves naturelles de la région, fermées aux visiteurs depuis plus d’un an.

« Les gens me disent +les oiseaux doivent être plus heureux maintenant qu’il n’y a plus de gens+ », confie Inbar Rubin, près du lac Agamanon. « Mais les dégâts que la guerre inflige à la nature sont un million de fois pires que ceux des visiteurs ».

© AFP

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