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Inde: nouveau pic de pollution de l’air et écoles fermées à New Delhi

Pollution New Delhi Inde

Concentration quotidienne de particules fines PM2,5, en microgrammes par mètre cube, à Delhi, la grande zone métropolitaine qui comprend la capitale de l'Inde, New Delhi, depuis le 17 octobre 2024 © AFP Lise KIENNEMANN, Thierno TOURE, Nicholas SHEARMAN

New Delhi (AFP) – La pollution atmosphérique a atteint lundi un nouveau pic inquiétant dans la capitale indienne New Delhi, noyée dans un brouillard aussi opaque que toxique qui a contraint les autorités à fermer la plupart des écoles.

Les concentrations de l’air en microparticules PM 2.5 y ont atteint dans la matinée des niveaux jusqu’à 60 fois supérieurs aux seuils recommandés par l’Organisation mondiale de la santé (OMS), selon les relevés de la société IQAir.

La mégalopole de 30 millions d’habitants est confrontée chaque hiver à des épisodes d’hyperpollution causés par les fumées, habituelles, des usines, du trafic routier, auxquelles s’ajoutent celles des brûlis agricoles saisonniers.

[Lire aussi: New Delhi entre dans sa période annuelle de forte pollution atmosphérique]

Ce couvercle toxique a largement débordé de New Delhi lundi pour coiffer une large partie de l’Inde du nord. Les visiteurs du Taj Mahal à Agra ont inondé les réseaux sociaux de photos où le célèbre monument de marbre blanc est noyé dans la brume.

Après un court répit, les habitants de la deuxième ville du Pakistan voisin, Lahore, a à nouveau respiré lundi un air décrit comme « dangereux ».

Le « smog » est jugé responsable par les experts de milliers de décès prématurés chaque année.

« J’ai les yeux qui brûlent depuis plusieurs jours », a témoigné pour l’AFP Subodh Kumar, 30 ans, qui conduit un taxi à pédale (rickshaw). « Mais, pollution ou pas, je dois être sur la route », a-t-il ajouté, « ma vie (…) est à l’extérieur ».

« Je n’a jamais vu ça depuis quarante ans que je vis ici », a témoigné sur son compte X l’historien écossais William Dalrymple, comparant la capitale indienne à un « piège mortel ».

Les autorités locales ont déclenché dimanche soir le niveau 4 de leur plan d’alerte « afin d’empêcher une nouvelle détérioration de la qualité de l’air ».

« Education affectée »

« Les cours en présentiel seront interrompus pour tous les élèves à l’exception des niveaux 10 et 12 » au lycée, a ordonné la cheffe de l’exécutif local, Atishi, qui ne porte qu’un seul nom.

Les établissements scolaires du primaire ont été fermés dès la semaine dernière.

[Lire aussi: Pollution de l’air : fermeture de toutes les écoles primaires à New Delhi]

« L’éducation des enfants va être affectée parce que tous ne pourront pas suivre les cours en ligne », a déploré lundi une mère de famille, Huma Naaz, dont le fils est scolarisé à New Delhi.

Tous les chantiers ont par ailleurs été suspendus et la circulation des poids-lourds et des véhicules les plus polluants sévèrement restreinte.

Le gouvernement local a aussi exhorté les enfants, les personnes âgées et tous ceux qui souffrent de pathologies pulmonaires et/ou cardiaques à « rester à l’intérieur autant que possible ».

Nombre d’habitants de la capitale indienne n’ont pas les moyens de s’équiper en purificateurs d’air et vivent dans des logements peu isolés de l’extérieur.

« Qui peut se payer un purificateur d’air quand il a du mal à payer ses factures ? », a fait valoir Rinku Kumar, 45 ans, un conducteur de « tuk-tuk », ces taxis à trois roues motorisés.

« Les riches ministres et les hauts fonctionnaires peuvent se permettre de rester chez eux, pas les gens ordinaires comme nous », a-t-il ajouté.

Selon l’OMS, la pollution atmosphérique peut causer des maladies cardiovasculaires ou respiratoires et des cancers du poumon.

« Le gouvernement ne fait rien »

Une étude publiée dans la revue médicale Lancet a attribué à la mauvaise qualité de l’air la mort de 1,67 million d’Indiens en 2019.

La Cour suprême indienne a ordonné lundi aux autorités de prendre « toutes les mesures possibles » contre la pollution, arguant qu’il relève de leur « obligation constitutionnelle » de « s’assurer que les citoyens vivent dans atmosphère saine ».

Les mesures de prévention mises en oeuvre jusque-là par les autorités, tant nationales que locales, se sont jusque-là révélées largement inefficaces.

La « ministre en cheffe » de New Delhi a une nouvelle fois mis en cause lundi les brûlis agricoles pratiqués dans les Etats voisins de la capitale.

[Lire aussi: New Delhi interdit les feux d’artifice pour lutter contre la pollution de l’air]

« Le gouvernement national ne fait rien. Aujourd’hui toute l’Inde du nord se retrouve en situation d’urgence médicale », a déploré Atishi, issue de l’opposition au Premier ministre Narendra Modi.

« Toute la nuit j’ai reçu des appels téléphoniques de gens qui ont dû faire hospitaliser des personnes âgées pour des problèmes respiratoires », a-t-elle déploré devant la presse.

Après avoir encouragé les automobilistes à couper leur moteur au feu rouge, la municipalité de New Delhi a testé en 2021 une tour de filtrage, vite abandonnée, et envisage désormais d’utiliser des drones pour arroser les zones les plus polluées.

« Des mesurettes », dénoncent les ONG de défense de l’environnement, qui prônent de « stopper les émissions à leur base ».

© AFP

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