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Rencontre avec Jonk, photographe de lieux abandonnés : « quoi que l’on construise, la nature le reprendra »

Jonk

Châteaux en ruines, écoles désaffectées, églises désertées… que nous disent de nos sociétés ces vestiges que l’on retrouve tout autour du monde ? À l’occasion de la sortie de son nouveau recueil Naturalia III, GoodPlanet Mag’ a rencontré Jonk. Photographe, il part à l’exploration de ces lieux pas si abandonnés.

Jonk, à la recherche des lieux perdus

Comment est né votre désir d’être photographe ?

J’ai toujours été photographe. Je fais des photos depuis que j’ai 11 ans. Au début, ce sont les graffitis dans la rue qui m’ont conduit dans des lieux abandonnés. Mon intérêt pour ce sujet particulier résulte d’un cheminement d’une vingtaine d’années.

« Je me suis rendu compte que voir les marqueurs du passage du temps était ce qui me plaisait le plus »

À force de chercher des graffitis dans ces lieux-là, je me suis rendu compte que j’adorais ces atmosphères. J’ai voulu les photographier. Petit à petit, je me suis rendu compte que voir les marqueurs du passage du temps était ce qui me plaisait le plus, et le principal marqueur, c’est la nature qui revient.

Jardin d'hiver Jonk
Jardin d’hiver, France ©Jonk/Naturalia III

Comment découvrez-vous les lieux que vous photographiez?

C’est l’étape principale, puisque la prise de la photo ensuite est presque automatique. Le gros du travail est réalisé en amont. Il faut trouver les lieux. Cela demande beaucoup de recherches, avec des blogs de voyages, des vues satellite zoomées au maximum… Puis, on essaie de trouver des toitures éventrées, des jardins pas entretenus. Je ne trouve donc pas du tout ces lieux au petit bonheur la chance, en me promenant. C’est le résultat d’une recherche approfondie.

Des endroits cachés

Les indications de lieu sont très vagues… les endroits sur vos photos ont-ils vocation à rester secrets ?

Effectivement, je ne précise que le nom du pays où la photo a été prise en légende. Car ces lieux-là peuvent attirer des gens moins bien intentionnés que moi, comme des casseurs, des voleurs, ou des taggeurs. Moi, j’aimerais bien retourner dans ces endroits. Je voudrais même qu’ils soient protégés juste pour le principe de les préserver. Pour moi, ce sont de beaux lieux. C’est la coutume de ne pas dévoiler leurs adresses exactes pour les protéger.

Pouvez-vous nous parler d’une de vos photos, par exemple ci sur l’école ?

Une de mes photos représente le bureau d’une ancienne école, sur une petite île des Caraïbes qui a subi une éruption volcanique et dont toute la population a été évacuée. On voit qu’il n’y a plus un seul être humain à la ronde. Les fougères ont remplacé les élèves de cette école. C’est plus parlant que tous les discours : la nature est revenue à une vitesse extraordinaire. Cette photo est l’exemple le plus éloquent qu’on puisse avoir.

école Jonk
Ecole, Montserrat ©Jonk/Naturalia III

Avec Jonk, allier photographie et philosophie

Vous avez pris ces photos tout autour du monde. Que disent-elles de nos sociétés ?

Mes photos ont un premier but esthétique. L’une d’elles représente par exemple un château dans le sud de la France. On voit une petite branche qui s’infiltre tout à fait subtilement, poétiquement, dans un très beau lieu. Pour moi, c’est magnifique. Mais au-delà de cette dimension esthétique, il y a un autre aspect beaucoup plus philosophique.

Château Jonk
Château, France ©Jonk/Naturalia III

« Quoi que l’on construise, quoi que l’on abandonne, la nature le reprendra »

Au travers de ces photos, je cherche à faire réfléchir à la relation entre l’Homme et la Nature, à la place de l’homme sur Terre. Je veux essayer de faire comprendre que nous ne sommes pas grand-chose par rapport à la nature. Elle était là avant nous et elle sera là après. Quoi que l’on construise, quoi que l’on abandonne, la nature le reprendra.
L’idée est donc vraiment de montrer que la nature est plus forte, et qu’on devrait être peut-être un peu plus humble face à elle.

Un message d’espoir

En des temps d’urgence climatique, vos photos donnent-elles un espoir pour l’avenir ?

En effet, la notion d’espoir est très importante. J’associe toujours une note d’optimisme à mes photos. Elles nous montrent qu’on a beau avoir recouvert de béton un endroit donné, la nature peut avoir complètement repris ce lieu quelques années plus tard. D’ailleurs, je présente souvent mes photos de manière chronologique. Au début, on voit la nature qui reprend des voitures dans un jardin, ou des statues. Après, elle reprend des extérieurs, des façades. Ensuite, elle s’infiltre par des fenêtres, puis pousse à l’intérieur. Je ne montre pas forcément l’étapes suivante, l’écroulement du lieu, car ce n’est plus trop photogénique. Cela évoque les sites archéologiques des civilisations passées.

« Pour moi, c’est très optimiste de se dire que l’on peut disparaître de l’équation mais que la nature, elle, sera toujours là »

Piscine Jonk
Piscine, Belgique ©Jonk/Naturalia III

Souvent, quand on voit mes photos, on me dit que c’est dommage que des lieux comme un château, une église ou une école soient abandonnés. C’est peut-être dommage, pourtant je trouve que le message reste tout à fait optimiste. La nature arrivera toujours à effacer nos effets. Pour moi, c’est très optimiste de se dire que l’on peut disparaître de l’équation mais que la nature, elle, sera toujours là.

Propos recueillis par Audrey Bonn.

Pour des raisons de lisibilité, certains propos peuvent différer de la version vidéo.

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Pour aller plus loin:

Naturalia III – Jonk Photography

La galerie de Jonk: Nature forte

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