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Paul Watson, l’éco-pirate qui fait des vagues

Paul Watson

Pancarte en faveur de Paul Watson brandie lors d'une manifestation à Paris le 11 août 2024 © AFP STEPHANE DE SAKUTIN

Paris (AFP) – Justicier des cétacés pour les uns, pirate pour d’autres, Paul Watson, libéré mardi après cinq mois de détention au Groëland, a dédié sa vie à protéger les océans et à défendre les baleines.

A la tête de sa flotte associative, ce militant écologiste américano-canadien de 74 ans a harcelé, éperonné, saboté et coulé des dizaines de navires de pêche commerciale. Des méthodes controversées, qui lui ont valu plusieurs poursuites judiciaires et une image de paria chez les adeptes de la non-violence.

Le fondateur de l’ONG Sea Shepherd, déjà détenu aux Pays-Bas en 1997 et en exil en haute mer de 2012 à 2014, avait été arrêté le 21 juillet à Nuuk après la relance d’un mandat d’arrêt international émis par le Japon. Tokyo lui reproche d’être responsable de dommages et de blessures à bord d’un navire baleinier nippon en 2010, dans l’Antarctique. Lui, affirme n’avoir jamais blessé personne.

« Mon véritable crime a été de dénoncer leurs opérations illégales », a-t-il affirmé le jour de sa libération après le rejet du Danemark de l’extrader vers le Japon.

La vie de cette bête noire des pêcheurs a basculé en juin 1975, lors d’une expédition avec Greenpeace contre un baleinier soviétique. « Le jour où j’ai regardé dans l’œil de ce cachalot mourant dans l’océan Pacifique Nord », écrivait-il en 2023.

« J’ai fait la promesse à ce grand Esprit de l’eau que j’éradiquerai la chasse à la baleine de mon vivant ».

Un combat poursuivi en dehors de Greenpeace, qu’il cofonde en 1971.

« Watson avait tendance à prôner la fin de la non-violence », raconte dans son livre Rex Weyler, qui a immortalisé son camarade agenouillé sur le dos du cétacé ayant bouleversé son existence.

« Ecoterroriste » ?

Or « Greenpeace ne pouvait pas se permettre de perdre la stature morale du satyagraha, la non-violence absolue », selon le terme sanskrit notamment utilisé par Gandhi, estime le photographe. Le conseil d’administration de l’ONG exclut Paul Watson par 11 voix contre une.

Le marin change de cap et fonde Sea Shepherd (« Berger de la mer ») en 1977 pour lutter corps et âme contre le braconnage halieutique. Il en sera écarté en 2022, à la suite de querelles internes, lui laissant un sentiment de trahison. Plusieurs branches de l’association, dont la française, le soutiennent toujours. Il va d’ailleurs rentrer en France, où vit sa famille.

Avec Sea Shepherd, Paul Watson engage de spectaculaires opérations en haute mer, en Sibérie, en Islande, en Norvège, aux îles Féroé ou au Japon, sauvant des milliers de cétacés et attirant l’attention sur les activités illégales des baleiniers avec des images choc.

En 45 ans d’action, il aurait coulé plus de dix bateaux et en aurait pris d’assaut au moins autant.

Des tactiques de « pirates », voire « écoterroristes », disent ses détracteurs.

« Absurde », se défend-il dans le Telegraph en 2009. « Pour moi, un écoterroriste est quelqu’un qui sème la terreur dans l’environnement naturel, comme une flotte de chasseurs de baleines équipés de harpons à pointe explosive qui pénètrent dans un sanctuaire baleinier pour tuer un millier de baleines ».

Diplômé en communication de l’Université Simon Fraser, au Canada, celui qui a invité Brigitte Bardot à une expédition, en 1977, pour médiatiser le massacre des bébés phoques, sait braquer les projecteurs sur ses causes.

Communicant farouche

« Nous avons accompli davantage avec sa seule visite qu’en trois ans d’activisme », soutenait-il en 2016. « C’est là que j’ai réalisé que nous devions faire appel à des célébrités car ce sont des médias ».

Pamela Anderson et Pierce Brosnan, entre autres, contribuent ainsi à porter le discours de l’association, tout comme la série télévisée « Whale Wars » (« Justicier des Mers » dans sa version française), diffusée aux Etats-Unis en 2008, où Paul Watson joue son propre rôle de meneur intransigeant et combatif.

Une force de caractère bâtie dès l’enfance.

Né à Toronto (Canada) en 1950, aîné de sept enfants, il perd sa mère à 13 ans. Depuis, « quelque chose s’est asséché en lui », confiera sa sœur.

Après une bagarre avec son père, il quitte le domicile à 15 ans. Il rejoint la Garde côtière, puis embarque sur un navire de commerce norvégien.

En 1969, il participe à la genèse du Don’t Make a Wave Committee, luttant contre les essais nucléaires près des côtes de l’Alaska, un groupe à l’origine de Greenpeace. Une longue carrière d’activiste pouvait commencer, au large.

© AFP

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