Paris (AFP) – « Place aux actes »: les principaux syndicats agricoles, reçus lundi à Matignon, maintiennent la pression sur le gouvernement Bayrou pour concrétiser les promesses obtenues en 2024 grâce à leur mobilisation, espérant aussi galvaniser leurs campagnes pour les chambres d’agriculture.
L’alliance majoritaire FNSEA-JA a fixé un « point d’étape »: le Salon de l’agriculture qui aura lieu à partir du 22 février, pour mesurer les avancées après la présentation du budget mais aussi du projet de loi d’orientation agricole, examiné au Sénat à partir du 4 février.
La Coordination rurale, coutumière des actions coup de poing, a laissé planer le doute sur ses intentions en disant attendre le discours de politique générale du Premier ministre François Bayrou, qui a souvent mis en avant ses racines paysannes.
La Confédération paysanne, opposée aux modèles proposés par les textes de loi en attente, a elle déploré l’absence de réponse « sur les questions centrales du revenu, de la rémunération, des prix, des droits sociaux des paysans ».
Lundi soir, ces quatre syndicats se retrouveront pour un débat télévisé, sur LCP, une première selon eux, dans le cadre des élections professionnelles (du 15 au 31 janvier) particulièrement scrutées après une année 2024 marquée par de forts aléas climatiques, de piètres récoltes et une flambée des maladies animales.
Les agriculteurs ont relancé cet automne leur mouvement de protestation, en ordre dispersé. Après avoir obtenu des promesses de quatre premiers ministres différents, ils attendent leur concrétisation d’aides d’urgence, de mesures fiscales ou de « simplification » dans des textes retardés par la dissolution puis la censure.
Contre-la-montre
Cette « course contre-la-montre pour apporter des solutions » a « un rendez-vous d’étape qui est le Salon de l’agriculture », a déclaré le président de la FNSEA, Arnaud Rousseau, à l’issue du rendez-vous avec François Bayrou, en présence de la ministre de l’Agriculture Annie Genevard.
« On estime que la fin du premier trimestre sera un bon temps d’évaluation », a renchéri dans la cour de Matignon le président des Jeunes Agriculteurs (JA) Pierrick Horel, pour qui la présentation du budget à l’Assemblée devrait aussi permettre une première mesure de l’action du gouvernement pour les agriculteurs.
« L’absence d’annonces concrètes pourrait remettre le feu aux poudres », avait-il prévenu la veille dans Les Echos.
« Il n’est pas question de revenir sur les promesses faites en 2024 », indiquait-on à Matignon en amont des rencontres.
« Si nous avons mesuré sa volonté d’apporter des réponses, nous le ferons comme depuis le début, avec des choses concrètes », a ajouté M. Rousseau lundi.
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Son de cloche différent à la Coordination rurale dont certains membres ont tenté, en vain, de manifester dans la capitale la semaine dernière: « Il n’y aura pas besoin d’appel à ce que les agriculteurs montent sur Paris, puisqu’ils pourront constater par eux-mêmes l’avancée ou la non-avancée des annonces du Premier ministre » après son discours de politique générale mardi, a déclaré sa présidente Véronique Le Floc’h à Matignon.
Le deuxième syndicat agricole comptait réclamer deux mesures immédiates, selon son secrétaire général Christian Convers, qui se disait « dubitatif » quant aux réponses à attendre: « un engagement précis pour une égalité des normes au niveau européen, et aussi arrêter les contrôles des exploitations au profit des contrôles des produits d’importation ».
La Confédération paysanne, qui défend des prix rémunérateurs et un accompagnement dans la transition agroécologique, n’a pas caché sa déception: « sur les questions centrales du revenu, de la rémunération, des prix, des droits sociaux des paysans, il n’y a clairement pas eu de réponse ce (lundi) matin », a déclaré sa porte-parole Laurence Marandola.
Seule avancée « peut-être », le renouvellement d’une aide de 1.000 euros promise aux agriculteurs sinistrés de Mayotte, seule chambre d’agriculture contrôlée par l’organisation, a-t-elle ajouté.
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Au sujet des élections professionnelles agricoles, Laurence Marandola a affirmé avoir fait face à un « non » catégorique à sa demande d’instaurer plus de proportionnelle, alors même que le Modem de M. Bayrou plaide depuis longtemps pour ce mode de scrutin en politique.
Le mode de scrutin actuel favorise la liste arrivée en tête, qui obtient d’office la moitié des sièges aux chambres. A ce jour, l’alliance entre les JA et le syndicat historique FNSEA détient 97 chambres sur 101.
© AFP
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