Washington (AFP) – L’objectif de maintien à long-terme du réchauffement climatique sous le seuil des +2°C par rapport à la période préindustrielle, la limite haute fixée par l’accord de Paris, « est mort », a estimé mardi un éminent climatologue américain.
James Hansen, ancien chef climatologue de la Nasa, publie cette semaine avec plusieurs scientifiques une étude concluant que certains phénomènes qui sous-tendent le changement climatique ont été sous-estimés.
Selon leur analyse de la situation actuelle et leurs projections, « l’objectif des 2°C est mort », a déclaré mardi M. Hansen lors d’une présentation.
L’un des scénarios ambitieux du Giec – le groupe d’experts du climat mandatés par l’ONU -, tablant sur une nette diminution des émissions de gaz à effets de serre permettant possiblement de contenir le réchauffement sous ce seuil, est « aujourd’hui impossible », a-t-il estimé.
En cause, explique-t-il, la consommation énergétique mondiale qui « augmente et continuera d’augmenter », avec une « majeure partie de l’énergie provenant encore des combustibles fossiles », principaux émetteurs de gaz à effets de serre.
En plus de cette transition énergétique trop lente, le scientifique et son équipe pointent dans leur étude « un manque de réalisme dans l’évaluation du climat », estimant que ce dernier est plus sensible aux émissions de gaz à effet de serre que ce qui est envisagé aujourd’hui.
Emissions de soufre
Dans leur analyse, M. Hansen et ses collègues se sont également penchés sur le rôle d’un changement de régulation dans le secteur maritime en 2020, dont les effets sur le climat auraient selon eux été minimisés.
Ce changement s’est traduit par une réduction des émissions de soufre, qui réfléchissaient la lumière du soleil vers l’espace et participaient ainsi à refroidir l’atmosphère.
Les chercheurs évaluent par ailleurs que la circulation méridienne de retournement de l’Atlantique (Amoc), un système de courants marins jouant un rôle majeur dans la régulation du climat, devrait cesser « au cours des 20 à 30 prochaines années » du fait notamment de la fonte des glaces.
Une telle disparition entraînerait « des problèmes majeurs, notamment une élévation du niveau de la mer de plusieurs mètres », préviennent-ils, parlant d’un « point de non-retour ».
Selon leurs prévisions, les températures moyennes mondiales devraient rester égales ou supérieures à +1,5 °C par rapport à celles préindustrielles dans les années à venir, avant d’atteindre le seuil des +2°C d’ici à 2045.
Adopté il y a près de dix ans par la quasi-totalité des pays, l’accord de Paris dont Washington a récemment annoncé se retirer pour la deuxième fois, vise à maintenir l’augmentation de la température moyenne mondiale « bien en dessous de 2°C » par rapport aux niveaux préindustriels et à poursuivre les efforts pour la limiter à 1,5°C.
Cela dans l’objectif de limiter significativement les conséquences les plus catastrophiques du réchauffement climatique.
Le monde s’est déjà réchauffé de 1,3°C en moyenne et le seuil des 1,5°C a été dépassé pour la première fois ces deux dernières années selon l’Organisation météorologique mondiale (OMM).
© AFP
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