L’association Générations Futures propose la carte Géophyto qu’elle a développée à partir des données publiques sur la commercialisation des pesticides en France. Cette carte en accès libre et gratuit est disponible depuis le mois de janvier 2025, elle vient d’être mise à jour en février afin d’affiner la précision des données. En se rendant sur le site Géophyto, il est possible de connaître soit département par département soit code postal par code postal les produits phytosanitaires utilisés par les exploitants agricoles depuis 2015.
« Si les citoyens se posent des questions sur l’usage des pesticides à côté de chez eux, ils peuvent utiliser notre outil », explique François Veillerette, porte-parole de Générations Futures. « Ils auront le meilleur niveau de données accessibles », complète Pauline Cervan, toxicologue au sein de l’association. « Il est impossible d’avoir plus fin comme information sur l’usage des pesticides que le code postal ». Pour élaborer ce projet, l’association a créé un fond de carte répertoriant les 6141 codes postaux du pays, plusieurs communes pouvant avoir un code en commun. De plus, les données pour les grandes villes comme Paris, Lyon et Marseille ne permettent pas de sortir actuellement des résultats pour ces métropoles.
Quelques clics pour savoir les pesticides employés près de chez soi
L’outil, quoiqu’un peu austère et parfois pointu, permet donc de savoir quels sont les pesticides de synthèse ou naturels achetés dans son département, ainsi que leur classement, et leur nature. Pour ce faire, « l’outil Géophyto se base sur les données officielles d’achat issues de la Banque Nationale des Ventes de produits phytopharmaceutiques par les Distributeurs agréés (BNV-D) », explique Générations Futures dans un communiqué.
L’utilisateur peut donc voir produit par produit, le glyphosate par exemple, ou encore le cuivre, lesquels sont les plus achetés partout en France métropolitaine. Les concepteurs ont pensé à faciliter la compréhension des données en regroupant les substances par grandes familles : pesticides, herbicides, fongicides, produits autorisés ou interdits en agriculture biologique, substances cancérigènes et mutagènes (CMR), PFAS… On déplorera l’absence d’un registre explicatif sur chacun des produits qui aurait bien aidé les néophytes à se repérer dans la complexe jungle des produits phytosanitaires.
« Il y a une réelle demande de la part des riverains, des journalistes et des associations locales de rendre accessibles, visuelles et exploitables des données qui existent, mais qui sont totalement inutilisables pour un internaute non-spécialiste », explique Pauline Cervan, la toxicologue.
Géophyto, un outil au service des citoyens et de la science
La carte permet de relativiser et d’affiner les données sur l’utilisation des pesticides. « Les données France entière masque parfois des réalités locales très différentes », poursuit Pauline Cervan. « Au sein d’un même département, les achats de pesticides peuvent être très variables d’un code postal à l’autre et donc l’impact sur le vivant et l’exposition des riverains ». Elle indique qu’il ne faut pas seulement considérer les quantités mais aussi la nature des produits, dont ceux utilisés en bio, comme le soufre, qui ont besoin de beaucoup de quantités pour être efficace. Les concepteurs de la carte précisent que cette dernière n’indique pas la réalité des produits épandus ni de la contamination de l’environnement. Les registres d’épandage ne sont pas accessibles.
Une carte de France des pesticides révélatrice
François Veillerette analyse : « quand on parle de l’évolution des pesticides dans le pays, il faut faire la part des choses entre les pesticides dits de synthèse et ceux utilisables en bio. Il y a aussi des différences claires entre les régions. En utilisant Géophyto, on a montré que dans la Marne on utilise de moins en moins de pesticides de synthèse tandis que dans la plaine viticole de l’Eure et Loire on en emploie de plus en plus. L’intérêt de notre outil est donc de permettre une vision fine des dynamiques tant au niveau des substances que des territoires. »
Les données et la carte sont également accessibles sur data.gouv.fr. Le fait qu’une telle base de données soit mise à disposition ouvre des possibilités pour la science. Elles peuvent permettre d’aider la recherche scientifique sur les pesticides et la santé. Mais son usage peut aussi questionner. Par exemple, si des assureurs s’en servent pour calculer les montants des assurances emprunteurs pour les prêts immobiliers. L’assurance de ceux-ci pourrait-elle être majorée si les assurances examinent les pesticides présents localement grâce à la base de données ? Pour le moment, difficile à dire. Dès que les données de la Banque Nationale des Ventes de produits phytopharmaceutiques par les Distributeurs agréés (BNV-D) seront mises à jour et communiquées, Générations Futures pourra les intégrer à sa carte Géophyto. Celle-ci est donc amenée à devenir un outil de référence pour le suivi de l’utilisation des pesticides en France, tant au niveau national que local. Et, chacun peut désormais s’en emparer.
L’écologie vous intéresse ? Inscrivez-vous gratuitement à notre newsletter hebdomadaire.
Pour aller plus loin
Les outils de recherche GéoPhyto sur le site Internet de Générations Futures
Géophyto : la carte des achats de substances pesticides – Générations Futures
Géophyto : les graphiques et courbes d’évolution – Générations Futures
À lire aussi sur GoodPlanet Mag’
Témoignage : les pesticides ont «bousillé ma vie»
Les fourmis protègent mieux les cultures que les pesticides
Jean-Marc Bonmatin : « l’immense majorité des pesticides ne servent pas à grand-chose »
Les distances actuelles de sécurité ne protègent pas les riverains des pesticides
Ecrire un commentaire