L’enrobage des graines par les pesticides avant leur commercialisation est une pratique courante, mais mal répertoriée et connue, affirment des scientifiques américains. Pour parvenir à cette conclusion, ils ont, d’une part, évalué les ventes de semences traitées aux pesticides aux États-Unis et, de l’autre, analysé la connaissance des agriculteurs sur la présence de pesticides dans les graines qu’ils emploient. Alors que la vente et l’usage de semences traitées aux pesticides a augmenté aux États-Unis entre 2004 et 2014, les scientifiques à l’origine de cette étude publiée dans la revue BioScience estiment que le recours aux pesticides serait sous-évalué, rapporte le site Science Daily.
« Les fermiers en savent moins sur les pesticides appliqués sur leurs graines que sur les pesticides qu’ils épandent dans leurs champs », assure Margaret Douglas, assistante professeur en environnement qui a pris part à cette étude. Elle explique ce constat par le fait que les semences traitées ne sont pas soumises aux mêmes réglementations sur l’étiquetage. Les étiquette des graines traitées et n’indiquent donc pas le détail des ingrédients du traitement subi.
Il ressort de leurs travaux que 80 % des semences traitées aux USA le sont avec des produits de la famille des néonicotinoïdes (mis en cause notaient dans la disparition des abeilles). Les graines traitées sont utilisées sur 90 % des surfaces cultivées de maïs et 76 % de celles consacrées au soja entre 2012 et 2014.
Même si 98 % de l’ensemble des agriculteurs américains sont capables de citer les produits phytosanitaires qu’ils emploient pour traiter leurs champs, une proportion moindre est en mesure de lister les pesticides présents sur les semences qu’ils plantent. Ainsi, 84 % des cultivateurs de coton, 65 % de ceux qui plantent du maïs, 62 % de ceux qui font du soja, 57 % de ceux qui cultivent du blé d’hiver et 43 % du blé de printemps connaissent le nom des pesticides utilisés pour traiter leurs semences. Dès lors, « ce manque de connaissances peut conduire à une surutilisation des pesticides néfastes pour l’environnement et la santé des exploitants », affirme l’un des auteurs de l’étude, Paul Esker, assistant professeur d’épidémiologie des cultures à l’université Penn State.
Dans l’Union européenne, la vente de semences traitées avec des produits phytosanitaires est autorisée. Le procédé de l’enrobage des graines par des pesticides pose problème car la substance va pénétrer dans tout le système vasculaire de la plante. Il se retrouvera, donc pas uniquement sur les feuilles comme dans le cas d’un épandage classique, mais aussi dans le sol, le pollen et le nectar. Cela expose d’autant plus les insectes pollinisateurs aux molécules toxiques, comme les néonicotinoïdes dont l’efficacité est contestée.
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