Alors que le climat dispose déjà depuis plus d’une décennie de l’objectif de limitation du réchauffement à 2 degrés Celsius qui a été inscrit en 2015 dans l’Accord de Paris, la lutte contre l’érosion de la biodiversité et la 6e extinction de masse manque d’un objectif simple clairement identifié du grand public et des décideurs politiques. Fort de ce constat, un scientifique allemand en propose un dans la revue Science : limiter l’érosion de la biodiversité à la disparition de maximum 20 espèces par an.
Cité dans ScienceDaily, le professeur Mark Rounsevell, du Karlsruhe Institute of Technology, où il est en charge du département de recherches sur les changements d’affectation des sols et le changement climatique, est à l’origine de cette idée. Il l’affirme : « sans les services rendus par les écosystèmes, comme la pollinisation des cultures par les insectes, nous manquerions d’éléments fondamentaux pour le maintien du système servant de support à nos vies. Les politiques ont donc besoin d’une cible claire de conservation de la diversité biologique afin de maintenir les supports qui nous font vivre ».
Son idée consiste donc à proposer l’objectif simple de limitation du nombre de disparitions d’espèces connues à 20 par an sur les 100 prochaines années et d’en faire un objectif international à intégrer à la CBD (Convention pour la Diversité Biologique). En effet, actuellement, les négociations internationales concernant la protection de la biodiversité se font sur la base des 20 objectifs d’Aichi. Ces derniers s’avèrent très variés puisqu’ils vont de la création d’aires protégées à la sensibilisation à l’environnement de la population, en passant par l’application du Protocole de Nagoya sur l’accès aux ressources génétiques et le partage juste et équitable des avantages découlant de leur utilisation. La prochaine réunion de la CBD, initialement prévue en 2020, aura lieu l’année prochaine en raison de la crise du coronavirus.
Selon le professeur, la préservation de la biodiversité a besoin d’une ambition rapidement compréhensible par tous comme le changement climatique dispose des 2 degrés Celsius. Cet objectif de 20 concernerait toutes les espèces décrites de tous les groupes (fungi, végétaux, vertébrés et invertébrés) dans tous les milieux. La 6e extinction de masse de la biodiversité se caractérise par un rythme de disparition des espèces vivantes plus rapide qu’il ne l’est à l’état naturel. Proposer ainsi un objectif chiffré dans ce domaine inciterait à prendre des mesures favorables au vivant dans son ensemble. Même si l’objectif apparait comme simpliste, il a pour avantage de fournir un cadre pour faire face à un phénomène dont les facteurs et les répercussions sont multiples. Les scientifiques de l’IPBES (Plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques) estiment ainsi que « le taux actuel d’extinction des espèces dans le monde est supérieur à la moyenne des 10 derniers millions d’années, et ce taux s’accélère ».
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2 commentaires
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Méryl Pinque
Quand on en est à limiter au lieu d’éviter, c’est que la partie est perdue.
L’avenir des personnes nonhumaines sauvages passe nécessairement par notre dénatalité.
Faire des enfants tue.
Michel CERF
20 espèces de moins par an est un objectif ahurissant et criminel .