L’Union européenne vient d’adopter un vaste plan de relance post-COVID-19 de 750 milliards d’euros et ses priorités le budget de l’Union Européenne (UE) pour la période 2021-2027. Alors que, jusqu’au sein des gouvernements européens, des voix se sont levées pour prôner une relance verte, les ambitions écologiques du texte sont jugées insuffisantes malgré des engagements notables pour le climat.
Mardi matin, après 5 jours de négociations, les dirigeants des 27 pays de l’UE se sont mis d’accord sur un emprunt européen pour la relance à hauteur de 750 milliards d’euros pour répondre à la crise du COVID-19. L’argent emprunté servira à allouer des subventions ou des prêts aux États-membres. L’ambition écologique de ce nouvel accord et du budget pour les sept prochaines années est affichée, avec 30 % des dépenses orientées en faveur du climat. Par ailleurs, les plans de relance devront être en accord avec le Green Deal européen et les nouveaux objectifs climatiques de l’Union à l’horizon 2030 et 2050. Autant d’avancées au profit des objectifs climatiques qui, couplées à une taxe sur les déchets plastiques non recyclés, témoignent de progrès en faveur du climat. Sont aussi envisagées un mécanisme carbone d’ajustement aux frontières et une taxe sur les géants du numérique, pour financer le remboursement des emprunts.
Cependant, des observateurs alertent sur les certains points de l’accord lacunaires ou en contradiction avec la volonté affichée de verdir la relance économique. Greenpeace Luxembourg souligne dans un communiqué que « les États n’ont pas saisi l’opportunité d’exclure l’accès aux fonds de relance pour les entreprises polluantes ». En effet selon Frank Thinnes, chargé de campagne Climat et Énergie pour Greenpeace, « les industries polluantes vont continuer à bénéficier de l’argent public. Cela signifie que tout bon investissement pourrait être neutralisé par un soutien aux industries archaïques ».
Alors, le projet de relance nécessiterait une liste claire des dépenses à exclure pour favoriser le climat, selon Neil Makaroff, responsable de la politique européenne chez Réseau Action Climat sur Twitter, mardi matin : « Ce principe doit être précisé par une liste très claire des projets exclus, sinon il sera tout simplement inopérant : énergies fossiles, aéroports, autoroutes, nucléaire, etc. ».
✅Le reste des dépenses devra suivre le principe de « Do no harm » = pas de dépenses néfastes.
Ce principe doit être précisé par une liste très claire des projets exclus, sinon il sera tout simplement inopérant ➡️ énergies fossiles, aéroports, autoroutes, nucléaire, etc.
— Neil Makaroff (@neilmakaroff) July 21, 2020
Autre regret des mouvements écologistes : parmi les coupes budgétaires, les montants alloués à des mesures favorisant la lutte contre le changement climatique et la transition écologique et sociale ont été revus à la baisse, par rapport aux propositions initiales. C’est par exemple le cas du Fonds pour la transition juste, « destiné à aider les pays les plus en retard à sortir du charbon (en particulier la Pologne) », selon les Échos, qui « a été divisé par trois et ramené à 10 milliards d’euros », s’inquiète l’article.
Mais ce fonds n’est pas le seul à avoir subi des coupes. Dans un communiqué, Oxfam France s’alarme aussi de la réduction de 4 milliards d’euros du budget pour la coopération internationale au développement, par rapport au montant initialement prévu. Alors qu’en parallèle, les sommes initialement évoqués pour l’aide au développement dans le fonds de relance ont été supprimées, précise l’ONG.
Ce nouvel accord s’avère ainsi décevant pour Marissa Ryan, chef du bureau européen d’Oxfam, alors se préfigure déjà une crise alimentaire s’ajoutant aux conséquences de la pandémie. « La double crise du COVID-19 et de l’urgence climatique démontrent l’importance cruciale de l’aide internationale pour sauver des vies et construire des sociétés plus écologiques, plus justes et plus résilientes », estime-t-elle.
Cependant, le plan de relance et le budget ne sont pas encore définitifs, puisque le texte sera soumis au vote du Parlement européen. Ainsi pour Karima Delli, eurodéputée Europe Écologie Les Verts, interviewée par Reporterre, « les parlementaires ont un vrai rôle à jouer : si les eurodéputés disent non pour le budget et le plan de relance, il faudra revoir la copie ! ». Il faudra donc attendre encore pour savoir si les parlementaires agiront en faveur de mesures plus orientées vers la transition, souhaitées par les mouvements écologistes.
À lire également :
La relance ne doit pas oublier le climat, prévient le Haut conseil pour le climat
Un commentaire
Ecrire un commentaire
Michel CERF
Croissance démographique et économique sont incompatibles avec la préservation de notre environnement , on parle de croissance verte , mais que signifie cette belle formule ?