La loi de la jungle : cette expression du langage courant évoque la violence et l’âpreté de relations où chacun est en conflit avec tous. Mais cette vision de la vie sauvage est erronée. Sans être pour autant idyllique, le monde vivant ignore la cruauté et l’injustice.
Dans la nature, les êtres vivants entretiennent entre eux des relations alimentaires complexes. La quasi-totalité de ces chaînes alimentaires débute par un végétal (plante, algue, phytoplancton), capable de fabriquer sa propre substance. Ces écosystèmes fonctionnent donc grâce à l’énergie solaire, indispensable aux plantes. Chaque maillon de la chaîne est tour à tour nourriture, puis prédateur. Les uns trouvent la mort, pour maintenir les autres en vie. La prédation joue également un rôle de régulation, bénéfique aux espèces, en favorisant l’élimination des individus trop faibles ou malades qui constituent des proies aisées.
La matière vivante circule ainsi jusqu’au stade de déchet ou de cadavre, avant d’être décomposée, par d’autres maillons, en éléments minéraux réincorporés dans une plante.
Nous ignorons encore beaucoup de choses sur les relations entre espèces. D’autant qu’elles ne sont pas qu’alimentaires… Les espèces peuvent aussi avoir besoin les unes des autres pour s’abriter, se protéger, se déplacer ou se reproduire. Les plantes ont ainsi besoin des insectes, qui véhiculent leur pollen de fleur en fleur tout en se nourrissant de leur nectar. D’autres recourent aux animaux pour éparpiller leurs graines : ils les avalent et les disséminent avec leurs excréments, ou les transportent dans leur pelage. Le poisson-clown, immunisé contre les tentacules de l’anémone, y trouve refuge. Les coraux hébergent dans leur corps une algue microscopique indispensable à leur croissance…
Ces relations complexes montrent que si on se pose la question de sauver une espèce, il est indispensable de le faire dans son milieu naturel, car c’est là qu’elle joue son rôle, en connexion avec les autres espèces et l’homme. Un hippopotame isolé dans un zoo ne sert à rien. Un hippopotame dans le lac Edward en Afrique fertilise généreusement les eaux avec ses excréments, ce qui bénéficie aux poissons, disponibles en abondance pour les pêcheurs.
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