Journaliste environnemental, un métier risqué

exploitation minière

Exploitation aurifère près de Davao, île de Mindanao, Philippines (7°04' N – 125°36' E). © Yann Arthus Bertrand

Sur les cinq dernières années, au moins dix journalistes environnementaux ont été tués, et l’ONG Reporters Sans Frontières (RSF) a recensé 53 cas de violation de la liberté de la presse en rapport avec des sujets liés à l’environnement.

Cinq années après le rapport Climat hostile contre les journalistes environnementaux, qui faisait état du nombre d’entraves à la liberté de la presse environnementale, le constat de Reporter sans Frontières (RSF) n’a pas changé : le journalisme vert est en danger. Vendredi dernier, l’ONG a fait état de dix nouveaux cas de journalistes tués pour avoir enquêté sur des sujets environnementaux et 53 cas de violation de la liberté d’enquêter recensées, depuis 2015.

« En moyenne, près de deux journalistes sont assassinés tous les ans pour avoir enquêté sur la déforestation, l’extraction minière illégale, l’accaparement des terres ou plus spécifiquement sur la pollution, les conséquences environnementales d’activités industrielles ou de projets de construction d’infrastructures majeures », prévient l’ONG dans un communiqué.

L’Inde est le pays le plus dangereux, pour ces journalistes environnementaux : 4 des 10 assassinats y ont été recensés, et le pays présente aussi le plus fort nombre de cas d’agressions et d’intimidations. Les autres meurtres se sont déroulés en Colombie, au Mexique, aux Philippines – qui sont aussi les pays dans lesquels ont été recensés le plus d’assassinats d’activistes environnementaux en 2019, aux côtés du Brésil, selon l’ONG Global Witness – et en Birmanie. La mort d’un journaliste en détention qui enquêtait sur des expropriations illégales en Indonésie est aussi suspectée d’être un assassinat.

Tentatives d’intimidation par différents moyens

Agressions, menaces, interpellations, harcèlement, pressions directes ou indirectes : les causes de violation de la liberté d’enquêter et d’informer sur les sujets environnementaux relevées par RSF sont multiples, et varient en fonction des cas, des pays et des auteurs de ces violations.

Mais certaines tentatives d’intimidation relèvent aussi de la voie légale, souligne l’ONG dans son communiqué. En effet, les procédures judiciaires sont nombreuses, à l’encontre des journalistes qui s’aventurent sur le terrain des controverses environnementales en s’opposant à des intérêts privés.

C’est par exemple le cas de la journaliste française Inès Léraud, auteure de la BD Algues vertes, l’histoire interdite, accusée de diffamation dans deux affaires, alors qu’elle dénonçait notamment l’impact de l’agro-industrie et des pesticides en Bretagne.

Face à cet état du journalisme environnemental et aux violations de la liberté de la presse recensées à travers le monde, le journaliste environnemental Peter Schwartzstein regrette que “La couverture largement insuffisante des catastrophes et des malheurs environnementaux contribue à aggraver d’énormes problèmes environnementaux, qui empirent dans ces trous noirs de l’actualité ”.

Retrouvez le communiqué de Reporters sans Frontières : Alerte rouge pour le “journalisme vert” : 10 tués en 5 ans

3 commentaires

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    • Alain Uguen

    Pétition : Défendons la liberté d’informer sur le secteur agro-alimentaire
    https://www.cyberacteurs.org/cyberactions/commentaires.php?id=3791

    • Patrice DESCLAUD

    Au début, on dit « tués », mais en fait c’est assassiné. Ils ne sont pas tombés d’une montagne ou noyés dans une rivière ! Plus loin pour 10 d’entre eux, on précise assassinés … Le poids des mots est important dans ce genre de lobbying ! En Amazonie, on sera amené à parler de génocide des indiens si cela continue !

    • Méryl Pinque

    Entièrement d’accord avec Patrice DESCLAUD.