Les rapports des scientifiques, depuis déjà plusieurs années, sont unanimes : la pêche mondiale est en péril. Un quart des stocks de poisson est déjà surexploité et la moitié est exploitée au maximum de ses capacités. C’est pourquoi le total des captures mondial plafonne aux environs de 90 millions de tonnes de poisson par an (quatre fois plus qu’il y a seulement un demi-siècle !), alors même que les moyens techniques ne cessent d’augmenter : bateaux plus gros et plus puissants, matériel plus performant, systèmes ultra-sophistiqués de détection des poissons…
Les spécialistes redoutent une réédition planétaire du drame de la morue de Terre-Neuve. Ce poisson, extraordinairement abondant au large du Canada, a été exploité durant 4 siècles, de 1550 à 1950. Alors que les captures ne dépassaient pas 2 à 300 000 tonnes par an, ce nombre a été porté à 800 000 tonnes en à peine 20 ans. Le résultat ne s’est pas fait attendre : la morue a disparu dans les années 1990, signant la fin de la pêche et réduisant au chômage des dizaines de milliers de pêcheurs. Vingt ans après, les populations de morue ne se sont toujours pas reconstituées, elles semblent même s’amenuiser encore.
Pourtant, la pêche exploite une ressource qui se reproduit naturellement – les poissons- et qui pourrait donc être exploitée durablement.
Malheureusement, construire une pêche mondiale responsable s’avère difficile. Les pêcheurs eux-mêmes, constamment obligés d’investir par la compétition technologique qui les oppose les uns aux autres, ont besoin d’accroître leurs prélèvements pour payer leurs dettes. Les Etats dont ils dépendent sont généralement réticents à leur imposer des contraintes impopulaires, notamment les fameux quotas, ou tonnages maximums de captures. Ils s’efforcent d’ailleurs constamment, contre l’avis des scientifiques, d’augmenter « leurs » quotas, et une fois ceux-ci négociés, ne les font pas toujours appliquer.
Il faut dire que contrôler réellement et rigoureusement l’activité des pêcheurs, surtout loin des côtes, est une entreprise coûteuse et complexe. Toutefois, comme le montre l’exemple de Terre-Neuve, le coût social et écologique d’un effondrement de la pêche mondiale serait infiniment supérieur.
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