Encore aujourd’hui, les marées noires restent les emblèmes de la pollution océanique. Il faut dire que la flotte pétrolière en provoque encore, en moyenne, une vingtaine chaque année – et que certaines sont entrées dans l’histoire par leur ampleur, dépassant les 250 000 tonnes. Cependant les pipelines, les plateformes et les raffineries restent de loin la source principale des marées noires, représentant un volume d’hydrocarbures en moyenne 5 fois supérieur à celui des navires ! La plus grosse marée noire de l’histoire a résulté de la guerre de 1991 en Irak et aurait dépassé le million de tonnes.
Et pourtant, les rejets nocifs de l’homme dans le milieu marin sont loin de se limiter à ces tombereaux d’hydrocarbures. Une bonne proportion de nos déchets, des plus toxiques aux plus bénins, se retrouve en effet dans les océans. D’abord parce que les rivières, nos égouts naturels, y conduisent ; ensuite parce que les polluants atmosphériques, vue l’immense surface de l’océan mondial, ont toutes les chances de finir par s’y déposer. Les écosystèmes littoraux restent les plus lourdement touchés : pesticides et fertilisants issus de l’agriculture, résidus des activités industrielles, pollution organique domestique y affluent toujours plus vite à mesure que la population côtière (déjà 40% de l’humanité) augmente. Mais le cœur des océans est également envahi de déchets : on estime au bas mot à 3 millions de tonnes la masse de plastique qui tourne lentement sur elle-même au milieu de l’Océan pacifique, dans une zone de la taille du Texas, nommé gyre tropical…
Il n’y a au fond pas de solution strictement maritime à la pollution des océans. Certes, des réglementations plus strictes et surtout mieux appliquées sont indispensables pour le transport par mer des matières dangereuses. C’est notamment l’objectif de la convention internationale MARPOL, qui est d’ailleurs parvenue à faire baisser peu à peu le nombre d’accidents graves. L’interdiction en 2015 des derniers pétroliers « simple coque » devrait aller dans le même sens. Mais c’est en réalité le rapport aux déchets des sociétés humaines qui est ici en question : il s’agit avant tout de réduire leur production, et d’accroître leur recyclage. L’épuration de nos rejets fluviaux et atmosphériques doit également être améliorée et généralisée, d’autant que les technologies nécessaires sont désormais bien maîtrisées.
En savoir plus : Organisation maritime internationale
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