A l’échelle de la planète, l’agriculture absorbe 70 % de tous les prélèvements d’eau douce, et même jusqu’à 95 % dans certains pays en voie de développement ! L’irrigation permet d’augmenter la production agricole pour lutter contre la faim et améliorer les conditions de vie. Mais cette technique n’est pas une panacée. Et elle fait appel à une ressource disponible en quantités limitées : depuis 1950, les superficies irriguées ont doublé tandis que les prélèvements d’eau à des fins agricoles, domestiques et industrielles ont plus que triplé. Deux exemples illustrent l’échec relatif d’un recours massif à l’irrigation.
L’Egypte et ses 82 millions d’habitants dépendent totalement de l’eau apportée par le Nil : 100 % des surfaces agricoles sont irriguées et 96 % le sont avec les eaux du fleuve. Grâce au barrage d’Assouan, l’irrigation est désormais pérenne mais la salinisation –conséquence d’une irrigation intense dans les zones à forte évaporation- menace désormais les terres et fait baisser les rendements.
En Asie centrale, le recours massif à l’irrigation pour étendre les surfaces cultivées–essentiellement du coton– grâce aux détournements des fleuves Amour Daria et Syr Daria a provoqué l’assèchement de la mer d’Aral qui, depuis les années 1960, a perdu, 60 % de sa surface et 80 % de son volume d’eau. Son écosystème a été anéanti. La pêche a périclité. Sels et pesticides accumulés sur les fonds marins asséchés et dispersés par les vents, contaminent l’eau potable et la situation sanitaire des habitants s’en ressent.
Comment réduire la consommation d’eau et préserver les écosystèmes d’eau douce, tout en augmentant dans le même temps la production agricole ? Dans les régions où les précipitations sont insuffisantes ou à peine suffisantes, l’irrigation au goutte-à-goutte –l’eau est amenée au plus près des racines des plantes où elle est intégralement absorbée ou presque grâce à de tuyaux percés par endroit– limite l’évaporation, le ruissellement et l’infiltration. On économise ainsi 40 à 60 % d’eau par rapport aux systèmes traditionnels. Malgré son coût, l’Organisation des nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) soutient la diffusion de cette technique dans les pays en développement.
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