Une conséquence souvent négligée de l’augmentation de la teneur de l’atmosphère terrestre en gaz carbonique est une modification chimique de l’océan. Non seulement, celui-ci se réchauffe, mais il absorbe les gaz de l’atmosphère, dont le gaz carbonique. Et parce qu’il recouvre 71 % de la planète, il en absorbe de grandes quantités : près de la moitié du carbone émis dans l’atmosphère depuis le début de la Révolution industrielle au XVIIIe siècle a été absorbé par les eaux océaniques.
Plus il y a de gaz carbonique dans l’atmosphère, plus il y a de gaz carbonique dissous dans l’océan. Et cela a un impact sur le métabolisme cellulaire de toutes les formes de vie marine. Car cet excès de gaz, en réagissant avec l’eau, se transforme en acide carbonique. L’acidité de l’eau de mer a ainsi crû de 30 % depuis le début de la Révolution industrielle.
Le danger n’est pas que la mer devienne corrosive. Le pH (potentiel hydrogène) qui mesure en l’acidité est toujours supérieur à 7 –la valeur « neutre »–, et il y a de la marge avant qu’il ne descende en-dessous. Mais nombre d’organismes marins qui ont un squelette ou une coquille calcaire ont déjà de plus en plus de difficultés à calcifier, c’est-à-dire à extraire du milieu ambiant les minéraux dont ils ont besoin. Car cette action dépend de l’acidité du milieu.
Du phytoplancton au zooplancton, des mollusques aux étoiles de mer, des crabes aux coraux, l’ensemble de la chaîne alimentaire océanique est touché. Selon les chercheurs, le phénomène va s’amplifiant et la disparition de nombres d’espèces risque de bouleverser les écosystèmes marins. En effet, le plancton pratique la photosynthèse et bien que représentant moins d’un pourcent de la biomasse de la planète, il absorbe presque autant de gaz carbonique et produit autant d’oxygène que l’ensemble des végétaux terrestres. Quant aux récifs coralliens, l’acidification s’ajoute au réchauffement qui provoque leur blanchiment et à terme leur mort. Or, ils hébergent et nourrissent un quart des espèces marines.
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