Les émissions de dioxyde de carbone pour l’année 2020 devraient diminuer de 7 % par rapport à 2019, ce qui correspond à une baisse de 2,4 milliards de tonnes, révèle une étude menée par l’université d’East Anglia (Royaume-Uni), l’université d’Exceter (Royaume-Uni), et le Global Carbon Project. La principale explication : le ralentissement des activités économiques lié à la pandémie de coronavirus.
Covid-19 et confinements : chute des déplacements et de l’activité
Le plus fort du déclin des émissions de CO2 s’observe en avril. Durant cette période, elles sont inférieures de 17 % par rapport aux chiffres de l’année précédente. Le monde est alors confiné, notamment en Europe et aux Etats-Unis. Les émissions liées à l’industrie diminuent d’un tiers.
Surtout, le secteur des transports a connu une baisse sans précédent de ses activités. Par exemple, en décembre 2020, les émissions du transport routier ont été réduites de 10 % par rapport à leur niveau de 2019. Encore plus élevé, ce chiffre est de 40 % pour l’aviation.
Une diminution des émissions inégale selon les pays
Les baisses les plus fortes sont attribuables aux Etats-Unis (moins 12 %) et à l’Europe des 27 (moins 11 %). Notamment car les mesures de restriction liées à la pandémie se sont ajoutées à des politiques plus anciennes visant à sortir du charbon pour la production d’électricité.
Pour la France, la diminution des émissions de CO2 est estimée entre 11 et 15 %.
Dans le même temps, les émissions chinoises ont seulement baissé de 1,7 %. Ce chiffre, bien plus bas que pour les pays occidentaux, peut s’expliquer par un confinement plus précoce et un contrôle de l’épidémie qui a permis une reprise de l’activité économique plus rapide.
Une bonne nouvelle pour les objectifs de l’Accord de Paris ?
La publication du Global Carbon Budget 2020 coïncide avec les 5 ans de l’Accord de Paris sur le climat. L’heure est au bilan et aux interrogations. L’objectif de contenir le réchauffement climatique entre 1,5 °C et 2°C par rapport aux niveaux préindustriels sera-t-il respecté ?
Pour réussir, il faudrait baisser les émissions de CO2 de 1 à 2 GtCO2 chaque année entre 2020 et 2030 en moyenne. En 2020, nous en avons émis 34 GtCO2 dans l’atmosphère. « Si on veut contenir le réchauffement à 2 °C, il faudrait une trajectoire où les émissions en 2030 sont 25 % plus basses qu’aujourd’hui. Pour 1,5 °C, il faudrait qu’elles soient 40 % plus basses en 2030 qu’aujourd’hui. », affirme Philippe Ciais, chercheur au laboratoire des sciences du climat et de l’environnement et co-auteur de l’étude.
Les scientifiques soulignent que la croissance des émissions de CO2 a été moins importante ces dernières années : 0,9 % par an en moyenne entre 2010 et 2019 contre 3 % par an pour la période 2000-2009. Cependant, cette amélioration pourrait être balayée par les plans de relance post-Covid, dans le cas où ils s’appuieraient sur les énergies fossiles.
« Pendant le Covid, les émissions ont diminué de seulement 7 % avec un arrêt pas possible de toutes les activités humaines. On pense que cela va être de courte durée. On voit par exemple déjà en Chine que les émissions ont récupéré au mois d’avril le niveau qu’elles avaient précédemment. Il n’y aurait pas eu de seconde vague en Europe, les émissions aussi récupéraient leur niveau d’avant. », remarque Philippe Ciais. «La diminution des émissions ne remettra pas l’ensemble des pays sur une trajectoire à 2 degrés s’il n’y a pas d’efforts supplémentaires pour réduire les émissions. Le Covid tout seul ne va pas nous aider. C’est un répit temporaire. »
Le dérèglement climatique, toujours une réalité
Malgré cette première baisse significative des rejets de gaz à effet de serre, la lutte contre le changement climatique est loin d’être gagnée. « Bien que les émissions globales ne soient pas aussi importantes que l’année dernière, elles s’élèvent toujours à 39 milliards de tonnes de CO2, et entraînent inévitablement un accroissement du niveau de CO2 dans l’atmosphère. Le niveau atmosphérique de CO2, et en conséquence le climat mondial, ne se stabiliseront que lorsque les émissions globales de CO2 se rapprocheront de 0. », rappelle Pierre Friedlingstein, professeur à l’université d’Exeter et directeur de l’étude.
En 2020, la concentration atmosphérique de CO2 est 48 % supérieure aux niveaux préindustriels.
3 commentaires
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michel CERF
Et après , l’industrie va rattraper le temps perdu …
Jean Grossmann
En ce qui concerne notre consommation en énergie et nos émissions de gaz à effet de serre c’est de loin l’habitat urbain existant qui tient le pompon devant l’industrie et même devant la voiture avec son moteur à explosion Michel
j’ai expliqué récemment dans GoodPlanet ce qu’il allait falloir faire selon moi pour aller à l’essentiel et corriger légèrement autant que faire se peut la trajectoire d’augmentation des températures
https://www.goodplanet.info/?mailpoet_router&endpoint=track&action=click&data=WyI5MzAyIiwidmp3eWZpMWdrNm9vNGt3YzRnc3drY3dvMDRrOG84MDQiLCI2MzIiLCJmYTNjODdmMDhlM2YiLGZhbHNlXQ
Jean Grossmann
Je rajoute un lien explicatif
https://www.dropbox.com/s/5wxtxtaq1p9fto5/1consommation.pdf?dl=0