Aujourd’hui, plus de 50% de la population mondiale vit en ville. Les villes produisent 60% du PIB global et 80% des émissions totales de CO2 ; elles consomment 75% de l’énergie mondiale (à la fois pour le transport et l’habitat) alors qu’elles n’occupent que 2% de la surface du globe. Et pour 90% d’entre elles sont situées non loin des côtes océaniques, ce qui les rend particulièrement vulnérable aux impacts du changement climatique, l’augmentation du niveau des mers ou du nombre d’ouragans.
Les villes, celles des pays du sud tout particulièrement, présentent de nombreux symptômes de la crise mondiale de l’environnement et du développement. Et la résilience urbaine est désormais au cœur des débats sur la lutte contre le réchauffement climatique et les villes se positionnent dorénavant comme acteur direct de cette lutte.
Toutefois, la reconnaissance de leur rôle n’est pas simple : au sommet de Copenhague en 2009, les quelques cinquante maires présents ont peiné à se faire entendre, faute de soutien de leur gouvernement respectif. Stratégiquement, pour espérer peser dans les négociations internationales mais aussi pour échanger sur les défis à venir, les villes ont tout intérêt à se regrouper et à agir ensemble pour protéger l’environnement et leurs populations. Pour Charles Bruno, vice-président de la communauté urbaine de Lyon, « chaque ville a son histoire, mais toutes sont ou seront victimes du changement climatique », et de poursuivre : « la mise en place d’une coopération permet aux villes de se regrouper, d’échanger sur les défis à venir et les bonnes pratiques à mettre en place, de se positionner en tant qu’acteur direct du changement et de peser de façon plus importante dans les négociations internationales ».
Sur la scène internationale, cette volonté se traduit par l’adoption d’une série de pacte reconnaissant l’engagement des villes dans ce combat. Le plus important est probablement le C40 Cities, regroupant les plus grandes mégalopoles du monde. Des villes comme Hong Kong, Londres, New-York ou encore Rio de Janeiro en sont signataires. Elles s’engagent à réduire leurs émissions de carbone et augmenter leur résilience au réchauffement climatique. Les autres accords existants, se placent plutôt à l’échelle continentale bien qu’ils restent ouverts à tous. Ainsi, la Convention des Maires en Europe engage les signataires à une réduction de 20% des émissions de gaz à effets de serre d’ici 2020, le U.S. Conference of Mayor’s Climate Protection Agreement aux Etats-Unis incite à une réduction de 7% des émissions d’ici 2012 comparées aux niveaux enregistrés en 1990, alors que les signataires du Pacte de Mexico en Amérique Latine s’engagent activement dans la lutte contre le réchauffement sur tous les niveaux. Les premiers résultats sont encourageants, entre 2010 et 2011, les signataires du Pacte de la Ville de Mexico ont ainsi réussi à réduire leurs émissions de CO2 de près de 450 millions de tonnes.
Ces initiatives manquent parfois de cohérence et ces accords sont rarement contraignants. Aucun, sauf le Pacte de Mexico, n’oblige ses signataires à faire appel à un organisme indépendant pour évaluer les projets de résilience mis en place. Souvent les signataires d’un pacte sont également signataires d’un autre pacte, ainsi Vancouver au Canada est signataire à la fois du C40, du U.S. Conférence of Mayor’s Climate Protection Agreement et du Pacte de la Ville de Mexico. Globalement, le trop plein d’accords semble refléter une envie de d’agir, mais aussi une certaine désorganisation, probablement liée à l’absence d’un grand accord international de type Kyoto.
Roxanne Crossley, envoyée spéciale à Bogota
Le sommet « Villes et changement climatique » s’est tenu à Bogota, du 19 au 21 novembre 2012. Il était co-organisé par l’Agence Française de Développement et a réuni des maires et experts du monde entier pour échanger sur les défis liés à la croissance démographique et à ses impacts sociaux et environnementaux.
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