Trois mille espèces sont déplacées chaque jour d’un endroit à l’autre du monde, clandestinement embarquées dans les ballasts des navires. D’autres transitent dans une cagette de fruits, sous une semelle, dans le pelage d’un animal ou dans la valise d’un touriste…
Depuis toujours, les espèces voyagent loin de leur milieu d’origine. Certaines trouvent parfois leur place au sein de l’écosystème d’accueil. Certains exils ont même eu des conséquences positives : la pomme de terre, le maïs et la tomate, ont été apportés d’Amérique latine.
Mais lorsque le milieu d’accueil ne comporte ni prédateur, ni concurrent, ni maladie capable de limiter le développement du nouveau venu, il arrive que l’intrus prolifère, souvent au détriment des espèces locales qui peu à peu disparaissent, éliminées par l’envahisseur.
Dans les années 1980, une méduse américaine a ainsi débarqué d’un cargo, en mer Noire. Aucun prédateur local ne la trouvant à son goût, elle a proliféré librement, se nourrissant de plancton et de larves de poisson, contribuant à l’effondrement des pêches en mer Noire, notamment les prises d’anchois qui sont passées de 450 000 tonnes en 1985 à 60 000 tonnes en 1990.
À Tahiti, c’est une plante ornementale, le miconia, qui s’est échappée du jardin botanique. Cet arbuste recouvre aujourd’hui les trois quarts des reliefs. Il favorise les glissements de terrain par son enracinement très superficiel, et a pris la place des essences locales. Un champignon parasite a été introduit pour tenter de limiter son étendue.
En Afrique, on lutte sans parvenir à éradiquer l’envahissante jacinthe d’eau, une plante aquatique venue du Brésil dans les années 1950, qui étouffe et obstrue les voies d’eau et les lacs, menaçant la pêche, la navigation, la production d’énergie hydroélectrique…
Quand une espèce introduite, volontairement ou non, se révèle envahissante, elle provoque des changements considérables et imprévisibles dans le milieu d’accueil, dont les impacts économiques atteindraient, à l’échelle mondiale, 1400 milliards de dollars. Aujourd’hui, l’intensification des échanges commerciaux à l’échelle planétaire accroît la menace des invasions biologiques.
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Marc HURTEL
Espèces invasives
Bonjour,
Je suis importateur de poissons et plantes exotiques aquatiques depuis 25 ans. J’ai pris conscience il y a quelques années du danger que peut représenter la présence de certaines de ces espèces dans notre milieu naturel.
Lorsque en 2004 j’ai découvert la présence de gambusia affinis sur le du canal de Nantes à Brest à Saint Nicolas de Redon (44) j’ai mesuré l’ampleur de la présence d’espèces exogènes sur ce site:
Pour les plante: Jussie ludwigia grandiflora, Elodea densa, Azolla filiculoides, Miriophile, Ceratophillum demersum.
Pour les poissons: Poissons chat, perche soleil, carpes herbivores, black bass., silure glane et gambusies.
Savez vous que de toutes ces espèces seule la jussie est interdite au commerce?
Que l’élodée est au top 5 des ventes de plantes pour aquarium et bassin de jardin?
Que la miriophille, la ceratophillum et l’élodée s’arrache à l’aide d’engins dans ma région?
Et que tout les poissons énumérés ci dessus sont proposés à la vente (y compris les nuisibles) par des gr ossistes aux animaleries françaises, et ceci en toute légalité?
Ne jugez vous pas cette situation paradoxale?
Je vous sollicite pour me conseiller et m’orienter vers un avenir professionnel au service de l’environnement. Je suis convaincu que mes propositions, mon expérience ainsi que mes connaissance sur le sujet peuvent être utiles pour la prévention et le contrôle des espèces invasives.
Je vous remercie d’avance.
Cordialement,
Marc HURTEL
marc.hurtel@gmail.com