Nouveau rapport du WWF sur la déforestation : au moins 43 millions d’hectares de forêts tropicales et subtropicales détruites ces deux dernières décennies

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Photo d'illustration : déforestation dans le parc national de Los Haitises, République dominicaine (19°04'N - 69°40'O). © Yann Arthus-Bertrand

Dans son rapport Les fronts de la déforestation rendu public ce mercredi 13 janvier, le WWF évalue à 43 millions d’hectares la perte de surfaces boisées dans les régions tropicales et subtropicales entre 2003 et 2017. Le rapport identifie 24 « fronts de déforestation », c’est-à-dire des régions dans lesquelles de grandes superficies de forêts demeurent menacées. Ces fronts se situent en Afrique Subsaharienne, en Amérique latine, Asie du Sud-Est et en Océanie. À eux seuls, ces 24 points chauds regroupent actuellement 377 millions d’hectares de couverts forestiers, soit le cinquième des forets tropicales et subtropicales de la planète. Or, en 2003, ces régions comptaient 420 millions d’hectares de forêts. Elles ont donc vu leur superficie diminuer de 10 %. Il s’agit, par exemple, de la forêt amazonienne, de la forêt du Cerrado ou encore de la foret Mayas, des forêts d’Afrique de l’Est et d’Afrique centrale, de celles du bassin du Mékong ou encore de Bornéo ou de Nouvelle Guinée. De plus, le WWF alerte sur la dégradation de l’état des forêts restantes, dont au moins la moitié est menacée ou déjà victime de fragmentation.

Des fronts de déforestation concentrées en Asie du Sud-Est, en Amérique latine et en Afrique subsaharienne

Carte des pressions sur les 24 fronts de déforestation © WWF

Des causes bien connues à la déforestation

L’agriculture demeure la première cause de déforestation. Mais, des nuances sont à apporter puisqu’au Brésil, en Amazone ou dans le Cerrado, les coupes forestières résultent du développement de l’agriculture industrielle et de l’élevage tandis qu’au Liberia, au Ghana, au Congo ou encore au Laos l’agriculture vivrière motive les coupes. Il ne faut pas non plus négliger l’impact des plantations d’arbres notamment en Asie du Sud-Est pour l’huile de palme. Le WWF souligne aussi que : « l’extraction d’or est par exemple une des principales causes de déforestation dans la région amazonienne du Plateau des Guyanes, qui s’étend de l’Est du Venezuela au Nord du Brésil et dont la Guyane française fait partie. 84 % de la déforestation au Guyana est causée par l’exploitation minière et le front Venezuela-Guyana a subi une perte de 200 000 ha de forêts entre 2004 et 2017. Si la Guyane française peut paraître comparativement plus épargnée, elle demeure concernée par la même pression de déforestation aurifère, notamment dans sa région frontalière avec le Suriname. Des projets miniers industriels, tels que celui de la Montagne d’Or, renforcent cette pression sur les écosystèmes forestiers. »

« Malgré les appels et engagements mondiaux des dernières années, la déforestation continue de s’accélérer avec près de 43 millions d’hectares de forêts tropicales perdus en 14 ans sur 24 fronts, soit 80 % de la superficie de la France métropolitaine. Nous devons nous attaquer rapidement à ce fléau qui repose sur notre modèle de consommation. L’émotion suscitée par les immenses feux de forêts et la crise de la Covid-19 ont rappelé l’importance de protéger la nature et en particulier de préserver nos forêts, notamment pour prévenir les prochaines pandémies. Il nous faut désormais passer à l’action pour sauver les écosystèmes naturels dont nous dépendons. Sans forêts vivantes, nous n’aurons pas de planète et d’humains en bonne santé », estime la directrice générale du WWF France Véronique Andrieux.

Quelles solutions face à la déforestation  ?

« Il n’existe pas d’approche universelle – les solutions sont plus efficaces lorsque des réponses multiples tendent à se renforcer les unes les autres, souvent en impliquant des partenariats public-privé. », écrivent les auteurs du rapport. En effet, la déforestation est dénoncée depuis des décennies sans que le phénomène ne ralentisse. Le WWF estime néanmoins que des progrès, mêmes s’ils sont encore insuffisants, ont été accomplis dans la sensibilisation, dans la mise en place de réglementations et dans l’implication des entreprises, des gouvernements et des consommateurs. L’organisation insiste notamment sur la nécessité de lutter contre la corruption et le respect des droits des communautés locales. Elle appelle aussi chacun à réduire sa consommation de protéines animales et place de grands espoirs dans l’élaboration d’une législation au niveau de l’Union européenne en 2021 afin de garantir que les produits mis sur le marché en Europe ne soient pas liés à la déforestation. Selon la Commission européenne, l’UE serait, de par sa consommation de viande, de cuir, de café, de cacao ou encore d’huile de palme, responsable de 10 % de la déforestation mondiale.

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2 commentaires

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    • Michel. CERF

    Et ça continue , sans compter les panneaux solaires qui remplacent nos forèts et prairies .

    • Guy J.J.P. Lafond

    Mise en exergue:

    « Il n’existe pas d’approche universelle – les solutions sont plus efficaces lorsque des réponses multiples tendent à se renforcer les unes les autres, souvent en impliquant des partenariats public-privé. », écrivent les auteurs du rapport.”

    Très juste! Et il appartient aussi aux jeunes générations de nous le prouver. L’espèce humaine peut en effet former un groupe plus homogène quand il s’agit de la protection des forêts et de la biodiversité sur cette si fragile planète bleue.

    S’il vous plaît, redevenons plus équilibrés et plus sains.

    Et des bonnes pistes de solutions, oui il y en a:

    https://www.ledevoir.com/societe/593086/l-economie-autrement-la-recette-economique-equilibree-du-beigne

    https://doughnuteconomics.org/about-doughnut-economics

    À nos vélos, nos espadrilles de course, nos vêtements de plein air! Rester en forme nous rend tous plus lucide dans l’action. Merci,

    T: @FamilleLafond @GuyLafond
    Québecois au Canada, en Amérique du Nord et sur cette si fragile planète bleue.

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