« La terre appartient à celui qui la travaille », affirmait Emiliano Zapata. Même si l’application de ce principe aux forêts s’avère complexe, la célèbre phrase a le mérite de mettre en relation propriété et usage.
Plusieurs régimes de propriété coexistent en forêt. Le premier, le plus répandu, est celui d’une propriété publique – c’est le cas de 80 % des forêts de la planète. Elle implique souvent une protection ou un usage raisonné. Entre 1990 et 2005, les forêts publiques se sont réduites de 140 millions d’hectares, surtout au Sud.
La deuxième, est celle d’une propriété privée. Elle peut être majoritaire dans certains pays, comme aux USA (où elle compte pour 55 % des surfaces) ou en France (75 % des surfaces). Les forêts sous ce régime ont souvent été exploitées commercialement, au moins à un moment. Entre 1990 et 2005, 113 millions d’hectares dans le monde sont devenues privées, principalement sous l’effet de l’extension des forêts de plantations.
Enfin, la propriété traditionnelle concerne principalement les peuples indigènes. En général, pour ces derniers, la forêt n’appartient à personne. Elle est en libre usage, sauf quelques zones sacrées. Depuis quelques décennies, elle est de mieux en mieux reconnue, quoique laborieusement. C’est le cas au Brésil, par exemple, qui a inscrit celle-ci dans sa constitution en 1988 – même si la délimitation précise des terres indigènes n’est toujours pas achevée.
Aujourd’hui, ces trois régimes se heurtent parce qu’entreprises ou particuliers veulent exploiter des parties croissantes de la forêt. Ils entrent en conflit, d’une part avec les peuples indigènes qui ne peuvent que rarement fournir de titre de propriété reconnus et d’autre part avec les représentants de l’Etat, quand ils essaient de s’y opposer – ce qui est loin d’être toujours le cas. Ces tensions engendrent la violence et l’insécurité. De nombreux militants, gardes forestiers et indigènes sont tués chaque année.
La question de à qui appartient la forêt est non seulement cruciale car elle décide de qui peut l’utiliser et dans quelle mesure ; elle est vitale pour ceux qui l’habitent.
Extrait du livre « Des forêts et des hommes » rédigé par la rédaction de GoodPlanet à l’occasion de l’année internationale des forêts et disponible aux éditions de la Martinière.
Pour en savoir plus rendez-vous sur le site Des Forêts et des Hommes
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