Les pressings n’ont pas bonne réputation en matière d’environnement et de santé. Pourtant, dans ce secteur aussi, le développement durable progresse. « Au Vietnam, en Indonésie, au Royaume-Uni ou en Allemagne, de grandes chaînes hôtelières décident de renoncer au nettoyage à sec au profit d’une solution de blanchisserie plus respectueuse de l’environnement », se réjouit Jean Perret, chef de produit chez Electrolux Laundry System, qui fournit une gamme alternative de matériel, baptisée Lagoon.
Pendant longtemps, la propreté de nos vêtements a été obtenue au détriment de la santé des employés en raison de l’emploi fréquent pour le nettoyage à sec de perchloroethylène, un solvant. Assez méconnue jusque récemment, la dangerosité de cette substance est désormais prouvée. Un employé sur six de pressing risque de développer un cancer en raison d’une exposition même limité à cette substance. [Voir l’article La ville de Foix privés d’eau potable après une pollution au solvant]
Pourtant, il a fallu des années pour que l’idée de se passer du perchloroethylène soit acceptée. « L’idée vient d’Allemagne, en 1992 : le lobby écolo y est très puissant et c’est tant mieux », raconte Jean Perret. En coopération avec l’institut Hohenstein, spécialisé dans le textile, Electrolux décide de remettre à plat tout le cycle habituel du nettoyage pour en supprimer les solvants chimiques qui servent notamment au dégraissage. Pour y parvenir, il faut revoir et adapter les 4 éléments clefs du nettoyage : l’action mécanique, les températures et les durées de lavage, les produits chimiques. L’eau est utilisée pour éliminer les tâches maigres ; pour le gras, des savons biodégradables sont développés – ils devraient bientôt recevoir le label écologique européen.
1994, les premiers pressings utilisant ce procédé ouvrent en Allemagne, en France, en Suède et en Italie. Mais, ce n’est qu’à partir de 2005 que le procédé, appelé Lagoon, se fait remarquer par les professionnels grâce à l’obtention d’une certification par le WoolMark Company. En France, près de 150 pressings l’ont déjà adopté. Désormais, certaines collectivités subventionnent les entreprises qui renoncent au nettoyage à sec et l’assurance maladie soutient le procédé car il se montre bénéfique pour la santé des employés.
Les restrictions de plus en plus strictes de la législation par rapport au nettoyage à sec facilitent aussi la transition : il est désormais quasi-impossible d’ouvrir un pressing recourant aux perchloroethylène en galerie marchande ou en centre commercial. Aux Etats-Unis, en Calilfornie, la loi prévoit même l’interdiction pure et simple de l’utilisation des perchloroethylènes en 2023. La totalité du parc de machines à laver destinées aux blanchisseries devra donc être changée, d’autant plus que l’état de Californie a d’ores et déjà interdit l’installation de nouvelles machines à nettoyer utilisant ce solvant. Les pressings des autres pays n’ont probablement pas beaucoup plus de temps pour changer.
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