L’exposition Amazonia qui s’ouvre à Paris propose une immersion dans l’Amazonie brésilienne. Elle est née de la rencontre du travail photographie de Sebastião Salgado et du travail musical de Jean-Michel Jarre. Au-delà de la dimension artistique, il s’agit aussi de sensibiliser les spectateurs à la préservation de la forêt et de ses habitants au Brésil.
Au rez-de-chaussée de la Philharmonie de Paris, il suffit de pousser de larges portes pour s’évader à l’autre bout du bout du monde : ici démarre une plongée dans l’univers de la forêt amazonienne et des peuples indigènes qui l’habitent. Dès l’entrée, on tombe nez-à-nez avec un intimidant cliché de la forêt qui donne le ton de l’exposition, et l’on distingue déjà en fond des sonorités caractéristiques de la forêt. On s’aventure alors dans la pièce comme en forêt, déambulant entre les cadres flottants qu’on a presque envie d’écarter, tels du feuillage, pour découvrir ce qu’ils cachent. Au fil de la balade, les clichés en noir et blanc s’enchaînent et alternent entre portraits et paysages, et c’est toute l’intimité de la jungle amazonienne qui se dévoile alors. La création musicale en fond accompagne le périple, et recrée avec justesse l’ambiance mystérieuse et presque inquiétante de la forêt tropicale, le tout dans une pièce sombre qui semble sans fin.
Ainsi se présente l’exposition « Amazônia », qui offre une immersion au cœur de la forêt amazonienne, installée à la Philharmonie de Paris pour sa première mondiale. Elle réunit l’œuvre du photographe brésilien Sebastião Salgado et la création musicale de Jean-Michel Jarre, sublimées par une scénographie de Lélia Wanick Salgado. Près de 200 photographies se succèdent dans ce parcours.
Une expérience sonore en plus
« Quand je rentre dans cette exposition, je n’ai pas du tout l’impression que la forêt est magnifiée, je sens plutôt un foisonnement, un appel, l’idée d’éveiller des consciences » précise Jean-Michel Jarre, dont la création musicale est agrémentée de sonorités naturelles issues du musée d’ethnographie de Genève, créant l’effet immersif de l’exposition. De plus, derrière l’ambition artistique de l’exposition se dessinent les convictions du photographe, engagé dans la protection de la forêt amazonienne. « Cette exposition, c’est un complément de travail de tout ce qui se passe en Amazonie pour protéger la forêt », explique Salgado.
Le photographe raconte avec émotion l’émerveillement « indescriptible » qu’il a ressenti face à l’immensité de la forêt amazonienne. Il dénonce la déforestation et les agissements du gouvernement brésilien de Jair Bolsonaro. « Ce qui manque, c’est de l’honnêteté […] La déforestation a commencé avant lui [Bolsonaro] pour sa grande majorité. ». Pour protéger cet espace, Salgado insiste sur une collaboration avec les indiens peuplant les forêts.
Une forêt unique et la diversité de ses habitants
Les populations de la forêt amazonienne occupent en effet une place de choix dans l’exposition, étant les premières concernées par la déforestation. « Les Indiens n’ont jamais été aussi menacés, mais ils n’ont jamais été aussi organisés. Vous pouvez voir dans l’exposition les témoignages de tous ces leaders indiens qui ont une vraie position politique et sociale ». Sebastião et Lélia Wanick Salgado ont été à l’initiative de plusieurs actions publiques pour les défendre. Un engagement qui résulte, entre autres, du long séjour du photographe auprès de certaines tribus, évoquant aussi bien leur mode de vie que les similitudes avec les populations modernes dont il était témoin. « Quand on les trouve dans les forêts, on a l’impression de trouver le début de l’humanité. Ils savent quand nous arrivons, ils nous attendent avec tellement de plaisir, de fête et de curiosité. » Ses anecdotes à propos des populations témoignent de son admiration. « Ce sont des nuits, des échanges d’une beauté que vous ne pouvez pas imaginer […] Ils vivent de manière tellement pure, ils représentent le paradis sur terre. »
L’exposition nous rapproche de ces peuples qu’on connait mal et nous sensibilise à la préservation de leur habitat et de leurs modes de vie. En effet le contact du photographe avec certaines des tribus est un fait rare et il se considère lui-même comme privilégié. Il espère à présent pouvoir organiser une visite en France de certains leaders indiens pour sensibiliser le monde à leur cause. « On est les mêmes, il faut qu’on ait un respect énorme pour ces gens. On a un privilège immense de pouvoir avoir une convivialité avec eux. Ils sont notre préhistoire. Ils sont nous. »
Un récit hors du temps à découvrir en images et en musique, à la Philharmonie de Paris jusqu’au 31 octobre 2021.
Louise Thiers
Exposition Amazônia, du 20 mai au 31 octobre 2021 à la Philharmonie de Paris – Entrée 12 euros, infos et réservations à retrouver ici.
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