Le rapport du GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) publié lundi 9 août alerte une nouvelle fois sur l’urgence de réduire les émissions anthropiques de gaz à effet de serre. Un chapitre du rapport du GIEC est consacré aux gaz à effet de serre à durée de vie courte, dont le méthane est le représentant le plus connu. Parmi ces gaz, dont la durée de vie, peut aller de quelques heures à une décennie se trouvent le méthane, l’ozone, le soufre, l’ammoniac ou encore les gaz responsables de la pollution aux particules fines comme les NOX (oxyde d’azote).
« Jusqu’à présent, on n’accordait pas beaucoup d’importance aux gaz à durée de vie courte comme le méthane. Or, agir sur ces derniers représente une occasion de réduire les gaz à effet de serre le plus rapidement possible. Mais, cela ne suffira pas, ils sont un levier parmi d’autres dans la réduction des émissions », affirme le climatologue Hervé le Treut.
Le méthane, un quart du réchauffement
La réduction de ces derniers constitue une piste d’action rapide dans la lutte contre le réchauffement. Actuellement, le méthane est l’un des gaz à effet de serre dont la croissance est la plus importante. Le méthane est désormais responsable du quart du réchauffement.
« Ce rapport fournit également une feuille de route pour ralentir le rythme du réchauffement et protéger nos communautés d’une instabilité encore plus grande. Pour la première fois, le GIEC souligne l’importance des polluants à courte durée de vie et très puissants comme le méthane, qui est à lui seul responsable d’au moins 25 % du réchauffement que nous connaissons actuellement. Le rapport met fin à tout débat sur la nécessité urgente de réduire la pollution par le méthane, en particulier dans des secteurs tels que le pétrole et le gaz, où les réductions disponibles sont les plus rapides et les moins coûteuses », déclare Fred Krupp, président de l’ONG Environmental Defense Fund.
CH4, un pouvoir de réchauffement 28 fois plus important que le CO2
En effet, le dioxyde de carbone (CO2) est le premier des gaz à effet de serre, il est souvent issu de la combustion des énergies fossiles et celui dont on parle le plus pour cette raison, pourtant de nombreux autres gaz réchauffent le climat. Il existe donc d’autres gaz à effet de serre sur lesquels il faut aussi agir afin de maintenir la hausse des températures sous la barre des 2 degrés Celsius dont le méthane (CH4). Le méthane reste 9 ans dans l’atmosphère, soit 10 fois moins longtemps que le CO2, son pouvoir de réchauffement lui est 28 fois supérieur. De plus, l’accélération du réchauffement climatique risque de libérer des sources de méthanes enfouis sous les sols gelés du pergélisol.
« Les émissions de méthane sont à leur niveau le plus élevé depuis 800 000 ans »
Selon le Giec, les émissions de méthane sont à leur niveau le plus élevé depuis 800 000 ans. Les concentrations de CH4 dans l’atmosphère atteignent les 1866 particules par milliard. Elles ont fortement augmenté sur une échelle de temps très courte à l’échelle géologique puisque elles ont été multiplié par 2,5 (+156 %) depuis 1750.
L’agriculture est responsable de 40 % des émissions de méthane d’origine humaine dont un tiers proviennent de l’élevage. Les énergies fossiles sont responsables de 35 % des émissions de méthane dont une partie provient des fuites de gaz lors de l’extraction du gaz naturel et du pétrole. Quant à eux, les déchets sont responsables de 20 % des rejets de méthane. Or, la réduction des émissions de méthane serait un moyen rapide de lutter contre le changement climatique, pourtant elle est rarement prise en compte dans les stratégies nationales de réduction des émissions de gaz à effet de serre.
Selon l’ONU, réduire les émissions de méthane de 45 % d’ici 2030 permettait de réduire l’augmentation des températures de 0,3 degrés Celsius et de rester sur les rails de l’objectif de 1,5 degré Celsius.
Julien Leprovost
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2 commentaires
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Roger Kantin
Et le dégel du permafrost va libérer d’énormes quantités de méthane (prévu par le GIEC ?? a priori non.. mais c’est à vérifier..) qui va accélérer le réchauffement, sans compter du mercure ou des mégavirus enfouis dans les sols gelés. Des bulles de méthane apparaissent déjà en Sibérie.. Le différentiel de température risque largement de dépasser les 4°C à l’horizon 2100. Greta a de quoi s’inquiéter à juste titre….
Claude Courty
Le problème est que c’est sous l’effet du réchauffement, non seulement terrestre mais des eaux océaniques, que la nature libère de manière aussi imprévisible que considérable, un gaz issu de gisements d’hydrates, qui va à son tour contribuer encore davantage au réchauffement, à la manière d’une réaction enchaîne.
Voir à ce sujet : https://groups.google.com/g/clathrates?hl=fr&pli=1