Laurent Baheux est un photographe animalier passionné par la faune africaine. Il immortalise des moments forts de la vie sauvage du continent. Pour la sortie de son livre « Éléphant », l’activiste partage sa passion pour le pachyderme. Au Kenya, en Namibie, en Afrique du Sud ou au Botswana, il publie 20 ans de rencontres inoubliables avec l’un des symboles du monde animal africain. L’occasion de faire passer un message sur le braconnage des éléphants et la préservation de la biodiversité en danger.
« Éléphant » sera disponible le 22 octobre aux éditions Hemeria. Une photo-conférence suivie d’une séances de dédicace aura lieu le 30 octobre 2021 à 15h30 à la Fondation GoodPlanet‘. En attendant, retrouvez quelques moments phares du voyage de Laurent Baheux dans cet article.
Qu’est-ce qui vous inspire le plus chez l’éléphant ? Pourquoi cet animal en particulier ?
L’éléphant est l’autre roi de la savane. On pense souvent au lion quand on pense « Afrique », qui est mon principal terrain de jeu. Il est omniprésent sur le continent, sa présence ne laisse pas indifférent et elle est essentielle au maintien de la biodiversité.
Qu’est-ce que vous avez voulu montrer à travers ces clichés ? Je pense notamment à la photo de l’éléphanteau entre ses parents.
L’éléphanteau, m’évoque la famille et le besoin de protéger ses petits. Comme les humains, les éléphants sont des mammifères. Nous pouvons ressentir les mêmes choses. Un besoin de protéger, d’aimer, de prendre soin de son clan, de sa famille. Je l’avais constaté avec les lions, c’est également très flagrant avec les éléphants. C’est un système matriarcal ou la matriarche veille sur l’ensemble du troupeau. Les femelles en général sont très attentionnées avec les petits. En 20 ans de photographie en Afrique je l’ai observé régulièrement.
L’éléphant vit en groupe mais il y a ce cliché de l’un d’entre eux pris de dos marchant seul…
L’éléphant qui marche seul dans un environnement très aride montre que l’impact climatique n’atteint pas seulement les parties froides du globe. L’Arctique et l’Antarctique sont menacées par la fonte des glaces, mais l’impact climatique est important sur toute la planète et notamment en Afrique. L’accès à l’eau est problématique pour les populations locales et les animaux, or l’éléphant a un grand besoin d’eau au quotidien.
« Si on arrive à lui laisser une place, il y aura sûrement un espoir, pour finir sur une note positive, de sauver notre planète et de nous sauver nous. »
Justement, vous avez photographié les éléphants pendant 20 ans. Avez-vous pu constater l’évolution de sa population ? Est-il devenu plus rare et compliqué à photographier à cause du braconnage ? En effet, selon les rapports de la Convention sur le commerce international des espèces menacées d’extinction (CITES), on estime qu’il reste environ 350 000 éléphants sauvages en Afrique, mais environ 10 000 à 15 000 sont tués et abattus chaque année par des braconniers.
Je ne suis pas naturaliste et je n’ai jamais fait de décompte, mais je sais effectivement que les effectifs sont en baisse. Je constate en revanche que le braconnage est dramatique et les gens en sont assez conscients. Mais je pense que la destruction de leur habitat naturel est la principale menace qui pèse sur ces espèces sauvages et donc les éléphants. Ils ont de moins en moins de place et peu de gens en ont conscience. On n’a même pas besoin de tuer des éléphants pour les voir disparaitre, il suffit de prendre leur place. On est entré en compétition avec les animaux sauvages et en Afrique en particulier. L’éléphant a besoin d’un grand territoire adapté à sa taille et à ses besoins. En lui laissant un tout petit espace, il se retrouve paradoxalement en surnombre dans un espace trop restreint ? Ceci a pour effet de le menacer lui, mais également les autres espèces, car il détruit alors son environnement réduit. C’est une problématique en Afrique et on peut l’étendre à d’autres espèces à d’autres endroits dans le monde.
Les populations locales sont-elles investies dans la protection de leur habitat ? D’elles-mêmes ?
Oui, il y a effectivement des communautés locales qui s’impliquent. On leur a permis de s’investir dans la préservation de cette vie sauvage. On s’est aperçu que c’était le meilleur moyen d’avoir des résultats significatifs sur la conservation. C’est l’une des solutions intéressantes pour essayer de préserver des zones de vie sauvage en impliquant les populations qui vivent autour.
« On est entré en compétition avec les animaux sauvages (…) »
Un souvenir marquant ?
Je voyage assez rarement en famille. Mais en 2013 j’ai décidé de les emmener dans l’un de mes voyages au nord du Kenya. Nous observions les éléphants traverser la rivière de Samburu et nous avons eu la belle surprise de voir tout un troupeau autour de nous. Ils ont encerclé la voiture mais de manière très bienveillante, paisible et pacifique. C’est un grand souvenir pour nous, les éléphanteaux étaient très curieux, ils sont venus jusqu’à nous très près, ils touchaient la voiture avec leur trompe, mais dans un silence presque religieux. Ils voulaient voir qui nous étions, ce que nous fais ions au bord de la rivière… C’était très beau.
Votre dernier mot ?
Romain Gary a tout dit dans cette lettre (Romain Gary, « Lettre à l’éléphant » Le figaro Littéraire, Mars 1968) qui date de quelques années avant ma naissance, mais elle n’a pas pris une ride. C’est toujours malheureusement d’actualité. L’éléphant est un symbole. Si on arrive à lui laisser une place, il y aura surement un espoir, pour finir sur une note positive, de sauver notre planète et de nous sauver nous.
Propos recueillis par Romane Pijulet
« Éléphant » sera disponible le 22 octobre aux éditions Hemeria. Une photo-conférence suivie d’une séances de dédicace aura lieu le 30 octobre 2021 à 15h30 à la Fondation GoodPlanet‘. Par ailleurs, découvrez Elephants for Africa, un programme de la Fondation GoodPlanet pour favoriser la coexistence entres les éléphants et les activités humaines au Botswana.
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