Les peuples indigènes, ou peuples autochtones, représentent 370 millions de personnes dans le monde . Répartis sur près de 70 pays, ils entretiennent une relation étroite et profondément spirituelle avec la terre sur laquelle ils vivent. C’est là que leurs ancêtres ont vécu et que leur histoire, leurs croyances, leurs coutumes, leurs traditions, leur mode de vie et leurs connaissances se sont développés. Pour eux, le territoire a donc une valeur sacrée qui va bien au-delà de l’aspect productif ou économique.
Des espaces convoités
Pour les Etats et les entreprises en revanche, ces espaces représentent avant tout une source de profit. Minerais, métaux précieux ou encore essences de bois attirent la convoitise de nombreuses sociétés qui n’hésitent pas à pénétrer au plus profond de ces territoires sacrés et à s’approprier les richesses qu’ils renferment, au détriment des droits territoriaux des indigènes pourtant reconnus par le droit international mais que les gouvernements ignorent (V. encadré).
Racisme, mépris et discrimination
Dans de nombreux pays, les peuples indigènes sont méprisés par une grande partie de la population et par des gouvernements qui ne voient en eux que des freins à leur développement. En Afrique australe par exemple, les Bushmen, l’une des tribus les plus anciennes du continent, sont régulièrement qualifiés d’êtres « archaïques, arriérés, attardés et primitifs » vivants encore « à l’âge des ténèbres » par le gouvernement du Botswana . Ce racisme peut même parfois prendre des proportions extrêmes, comme en témoigne les propos d’un journal péruvien en 2009, traitant les Indiens de « sauvages, de paléolithiques et de primitifs » et appelant le président péruvien « à fournir à l’armée de l’air tout le napalm nécessaire…» .
Peuples indigènes en lutte
Souvent aidés par des ONG comme , les indigènes ne restent pas inactifs et se battent pour leurs droits. En Malaisie, dans les forêts de l’île de Bornéo, les Penan montent des barrages routiers pour empêcher les bûcherons de pénétrer toujours plus loin dans leur territoire. Au Brésil, les Kayapos, avec à leur tête le Chef Raoni, se sont quant à eux déclarés « prêts à la guerre » suite au refus du gouvernement brésilien d’abandonner la construction d’un barrage géant sur le Rio Xingu. Plus au Nord, le Chiapas, l’un des états mexicains les plus pauvres du pays, a été en 1994 le théâtre d’un soulèvement d’une partie de la population indigène. Regroupée au sein de l’Armée zapatiste de libération nationale (EZLN) et emmenée par le sous-commandant Marcos, elle proteste encore aujourd’hui contre les conditions de vie des Indiens et réclame la reconnaissance de leurs droits et de leur dignité. Enfin en Inde, la tribu des Dongria Kondh a récemment remporté la bataille qui l’opposait à l’un des géants de l’industrie minière, la société Vedanta Ressources. Malgré l’enlèvement de deux de leurs leaders et de nombreuses tentatives d’intimidations, ce peuple de l’est de l’Inde a réussi, avec l’appui de la communauté internationale, à convaincre le gouvernement indien de geler ce projet.
La création de réserves, une nécessité
Les réserves sont aujourd’hui indispensables pour les peuples indigènes. Elles leur offrent la possibilité de vivre en paix et à l’abri de toute intrusion extérieure de colons ou de sociétés multinationales et surtout, elles leur permettent de conserver leur culture, leur mode de vie et leur identité.
Dans le Nord du Brésil, les Indiens de Raposa-Serra do Sol ont ainsi obtenu la création d’une réserve d’1,8 million d’hectares par le gouvernement brésilien, et en 2009, la Cour suprême a réaffirmé leurs droits sur leurs terres et a décidé que les fermiers et les riziculteurs de la région devaient quitter la zone . En 2002, le Pérou avait également décidé de créer une réserve de 829 000 ha au nord du Parc national du Manu pour protéger les tribus de la région.
La délimitation de ces territoires sacrés, qui ne peut être faite qu’en association avec les tribus concernées, n’est cependant pas toujours facile. Au Congo, une ONG locale a ainsi confié aux Pygmées et aux Bantous des GPS pour les aider à tracer les contours de leur territoire . Enfin, il ne faut pas oublier que la création de réserves prive malgré tout des hommes et des femmes de leur liberté d’aller et venir. Il est donc important qu’elles soient suffisamment vastes pour qu’elles puissent être véritablement utiles.
Le progrès ou les ravages d’une civilisation forcée
Le contact avec le « monde extérieur » peut se révéler fatal pour les peuples indigènes. Il apporte en effet avec lui son lot de maladies contre lesquelles ces populations ne sont pas immunisées. Il y a plus de 400 ans, près de 90 % de la population d’Amérique du sud a ainsi été décimée par les maladies apportées par les Européens et encore aujourd’hui, des tribus en Colombie ou dans l’Océan indien ont vu leur population ravagée par des épidémies de grippe, de malaria ou de rougeole. Le « progrès » fait également perdre à ces peuples leur identité et leur culture. Au Canada , au Tibet ou en Afrique, certains peuples nomades ont par exemple été sédentarisés de force. C’est le cas des Pygmées qui ont vu leur mode de vie totalement remis en cause. Ne pouvant plus se déplacer dans la forêt, ce peuple de chasseurs-cueilleurs est de plus en plus contraint au vol et au braconnage pour survivre . Ailleurs enfin, la civilisation a d’autres conséquences : alcoolisme, prostitution, suicides, etc .
Développement économique
De plus en plus de tribus ont trouvé un moyen de gagner de l’argent au travers d’activités telles que le tourisme, l’artisanat ou encore le commerce équitable. Au Mexique par exemple, la culture du café est en grande majorité aux mains des Indiens, rassemblés au sein de petites coopératives de producteurs. En Amérique du Nord, quelques tribus ont quant à elles profité d’une loi avantageuse pour ouvrir des casinos (lorsqu’ils sont situés dans des réserves indiennes, les casinos sont exemptés de taxe). S’il s’agit là d’une source de recettes considérable et d’un important pourvoyeur d’emplois, certains considèrent que les casinos n’offrent en réalité qu’une faible opportunité de développement et sont surtout une atteinte à la spiritualité et aux traditions. Enfin, certaines tribus commencent à se voir confier la gestion des forêts par les Etats, ces derniers ayant réalisé que les populations indigènes étaient les plus à même de gérer durablement les forêts dans lesquelles elles vivent depuis toujours.
Les peuples isolés
Une centaine de tribus dans le monde refusent d’entrer en contact avec nous. On en trouve par exemple au Pérou ou au Brésil, mais l’une des plus « connue » est certainement celle des Sentinelle, dans l’Océan indien. Jusqu’à présent, ce peuple a attaqué tous ceux qui ont tenté de s’approcher d’eux. En 2004, après le passage du tsunami, ils ont même fait la une des médias lorsqu’un des membres de la tribu a tiré des flèches sur un hélicoptère venu voir s’ils allaient bien. Le gouvernement indien a désormais pris acte de leur volonté de vouloir rester seuls sur leur île et de ne pas nous rencontrer, et plus aucune expédition « civilisatrice » n’a été entreprise depuis.
Les peuples indigènes, ou peuples autochtones, peuvent être définis comme les descendants de ceux qui habitaient dans un pays ou dans une zone géographique à l’époque où d’autres populations sont arrivés et qui ont conservé leurs propres coutumes, modes d’organisation sociale et traditions malgré la dominance des nouveaux arrivants. Cependant, l’extrême diversité des situations propres à chaque population fait qu’il n’existe pas de consensus à l’heure actuelle sur une définition universelle de la notion de peuple indigène.
www.ohchr.org/FR/AboutUs/Pages/DiscriminationIndigenousPeoples.aspx
www.survivalfrance.org/actu/6762
www.survivalfrance.org/actu/4358
www.lexpress.fr/actualite/environnement/congo-le-gps-aide-les-gardiens-de-la-jungle_891852.htm
www.aufil.ulaval.ca/articles/sedentarisation-forcee-peuple-25601.html
www.zonehimalaya.net/blog/?p=615
www.paxchristiwb.be/publications/analyses/jean-nkeh-ndih-a-la-rencontre-des-pygmees,0000248.html
2 commentaires
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Lily Rim
Soutenons les peuples indigènes
Merci pour cet éclairage très complet sur les peuples indigènes. Il est très important que tout le monde sache que ces communautés se battent pour leurs droits à la terre et à la différence car elles font face à toute sorte de menaces : les gouvernements et les compagnies désirant s’emparer des ressources qui se trouvent sur leurs terres sans considérer le fait que leur survie est fortement liée à la terre, mais également les mentalités, qui n’évoluent pas et qui voient encore aujourd’hui les peuples indigènes comme des populations arriérées n’ayant pas compris que pour se « développer », il faut adopter le mode de vie dominant et abandonner ses traditions séculaires. Mais la modernité, ce n’est pas ça, comme le développement n’est pas l’assimilation forcée à la culture extérieure. La modernité, c’est plutôt la coexistence pacifique de plusieurs modes d’existence et de pensée qui se respectent et tentent de se comprendre. C’est le message porté par l’ONG internationale Survival International, qui depuis 40 ans mènent des campagnes d’opinion pour réveiller les consciences. Je vous invite tous à consulter le site internet et à soutenir leurs actions : http://www.survivalfrance.org/
Bonne route à tous et merci pour ce site internet
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