Le second volet du dernier rapport du Giec ((Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) s’intéresse aux conséquences du réchauffement climatique, mais il met aussi en lumière les freins à l’adaptation. Le défi climatique concerne toutes les régions du globe, mais toutes ne réagissent pas de la même manière, ni efficacement. Le Giec a identifié des facteurs expliquant les difficultés des différentes régions du monde à se préparer au monde de demain. Bien qu’il existe un consensus sur la nécessité d’agir, cela ne signifie pas pour autant que la lutte contre le changement climatique soit efficace ou bien orientée. Panorama des difficultés rencontrées autour du monde établi par le Giec.
Une gouvernance faible sur la question climatique
Un manque de directive efficace semble être l’un des freins majeurs à l’adaptation climatique. Pour l’Europe, l’Asie, l’Afrique, les stratégies d’adaptation se montrent peu efficientes, selon les experts du climat. Ils soulignent en particulier que les petites Îles (les états insulaires du Pacifique, des Caraïbes et de l’Océan Indien) ne possèdent pas les institutions et les systèmes légaux adéquats pour élaborer des stratégies d’adaptation à grande échelle. Pourtant, confrontées à la montée du niveau des mers, elles sont considérées comme ayant le plus besoin d’investissement pour l’adaptation climatique.
Pour l’Europe, les enjeux sont le manque d’engagement citoyen, une mobilisation budgétaire insuffisante, un manque de ressources et un « sens faible de l’urgence », selon le rapport. L’adaptation dépend également de l’eau et des terres disponibles, or les pressions sur ces ressources vont augmenter avec la hausse des températures et les modifications de la pluviométrie. Les auteurs du Giec pointent aussi le fait que les infrastructures préexistantes et les stratégies industrielles freinent les mesures d’adaptation sur le Vieux Continent. Quant aux pays d’Amérique du Nord, les points de blocages sont, en partie, à aller chercher ailleurs. En effet, l’enjeu est autre car il concerne l’opinion publique et la place de la science. La politisation du changement climatique ajoutée à la désinformation apparaît comme un frein à l’adaptation. « La désinformation a créé une polarisation dans les domaines publics et politiques en Amérique du Nord, limitant l’action climatique » cite la fiche du Giec consacrée à l’Amérique du Nord. La sous-estimation des changements et risques climatiques retarde la planification d’une stratégie d’adaptation efficace.
Les pays asiatiques, eux, se dotent de nouvelles technologies, des intelligences artificielles et de partenariats régionaux pour faire face au risque climatique. En revanche, la hiérarchisation et la priorisation des enjeux semblent difficiles pour les gouvernements de cette région du monde.
Un obstacle majeur à l’adaptation : le budget
Le coût de l’adaptation climatique est estimé par l’UNEP (le programme des Nations Unies pour l’environnement) entre 280 et 500 milliards de dollars par an d’ici à 2050, uniquement pour les pays en développement. Les pays les plus pauvres se retrouvent donc en difficulté comparé aux pays dits « du Nord ». Le Giec confirme que le budget attribué à l’Afrique pour l’adaptation est inférieur à ce qu’il faudrait faire. Inger Anderson, directrice exécutive du programme des Nations Unies pour l’environnement et co-auteur du Giec déclare que nous sommes face à une situation « [d‘]injustice climatique » qui affecte les populations les plus pauvres et vulnérables de la planète.
Par exemple, selon le Giec, entre 1990 et 2019, les recherches sur l’Afrique ont représenté 3,8 % des financements globaux de la recherche dans le monde, et ce alors que le continent abrite 18 % de la population mondiale. L’absence de recherches réduit la capacité d’adaptation des pays du continent en raison du manque de connaissances et d’expertise sur ces sujets.
Suite aux Accords de Paris de 2015, une aide de 100 milliards de dollars était prévue pour l’aide au développement et à l’adaptation pour les pays du sud. Seulement 80 milliards ont cependant été levés.
Romane Pijulet
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et tous les éléments du dernier rapport du Giec ARWG2 Climate Change 2022: Impacts, Adaptation and Vulnerability (en anglais pour le moment)
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